Comme il y a le bon et le mauvais cholestérol, il y
a la bonne et la mauvaise utilisation du capitalisme. J’entends bien sûr que la
bonne utilisation est celle dont nous pouvons tous profiter, nous les représentants
des classes moyennes et défavorisées. En effet la mauvaise utilisation n’est
pas perdue pour tout le monde. Mais sous quel angle devons-nous regarder le
capitalisme quand le dictionnaire Larousse en donne plusieurs définitions ?
- « statut juridique d'une société humaine caractérisée par la propriété privée des moyens de production et leur mise en œuvre par des travailleurs qui n'en sont pas propriétaires » ;
- « système de production dont les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché » ;
- « système économique dont les traits essentiels sont l'importance des capitaux techniques et la domination du capital financier » ;
- « Dans la terminologie marxiste, régime politique, économique et social dont la loi fondamentale est la recherche systématique de la plus-value, grâce à l'exploitation des travailleurs, par les détenteurs des moyens de production, en vue de la transformation d'une fraction importante de cette plus-value en capital additionnel, source de nouvelle plus-value »
C’est bien la terminologie marxiste qui définit le
mieux le mauvais capitalisme pour le monde du travail. Il faudrait cependant
ajouter : « et qui maintiennent au plus bas les salaires et sans
intéressement aux profits ». Le capitalisme se nourrit du libéralisme qui
prône la liberté d’entreprendre, la liberté de travail et la liberté de la propriété
privée. Le néo-libéralisme ajoute une vision floue de l’intervention de l’État
qui permet au socialisme et à la droite classique d’en définir des contours
très différents. Le social-libéralisme développe ainsi un interventionnisme de l’État qui amenuise singulièrement la portée du libéralisme appliqué au capitalisme
productif, mais intervient peu dans le capitalisme spéculatif, sinon pour
engranger les recettes fiscales.
C’est là en
effet où se situe la dérive du capitalisme telle qu’elle est en train de
croitre. Le capital se nourrit lui-même de ses propres plus-values pour les
faire fructifier dans des mouvements spéculatifs pratiqués essentiellement par
les banques, les investisseurs des fonds de pension et les très grandes
entreprises. Les plus-values finissent par ne retourner que très marginalement
vers le secteur productif à partir du moment où les gains par la spéculation
sont supérieurs aux marges du secteur productif et où les banques disposent de
liquidités, presque sans limite et presque gratuitement, auprès de la Fed, la
BCE, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon entre autres.
Le capitalisme vu sous cet angle peut, de notre
point de vue de classes laborieuses (cet adjectif prend ici tout son sens),
canaliser l’ensemble des profits hors de leur portée mais aussi générer des
bulles financières qui entraînent de grandes catastrophes que ces mêmes classes
finissent toujours par payer comme nous le verrons par la suite. Tout cet
argent va alimenter les Bourses et grossir ses cours, les indices boursiers et
produire des niveaux de valorisation, des niveaux de cours qu’il faut ensuite soutenir.
Il faut les soutenir en délivrant les bénéfices exigés par le marché, en
ratifiant les prévisions qui, en fait, sont plutôt des attentes pressantes. En
effet, quand elles ne sont pas honorées, il y a sanction sévère. Donc il faut,
d’un côté, faire pression sur les salaires en faisant progresser la
productivité et, de l’autre, monter les prix pour défendre les marges malgré
des volumes insuffisants.
C’est cette politique scélérate qui fait qu’en
période de croissance molle, de déflation, on voit deux cas de figure. Soit il
faut licencier et monter ses prix, quand on le peut bien sûr, c’est
à dire quand on a la maîtrise du marché soit dans le cas contraire on est entrainé
vers la régression de l’entreprise et le chômage. Ces liquidités prêtées aux
banques privées, dites politiques monétaires non conventionnelles dans
lesquelles se sont mises les grandes banques centrales les unes après les
autres, produisent structurellement du chômage, elles ne luttent pas contre le
chômage, elles luttent contre l’emploi. Elles gonflent la valorisation du
capital, elles renforcent les exigences de profit et, comme il n’y a pas
croissance des volumes, alors on doit faire de la productivité et on peut
tordre le coût au pouvoir d’achat des consommateurs.
Le bon usage du capitalisme ce n’est pas comme le
prétend le Front de Gauche « prendre l’argent chez les riches », c’est
« en donner plus aux autres » grâce aux productions et marges des entreprises
dans un système où la spéculation n’est pas encouragée. Ce n’est pas dans les
dividendes que se trouvent les plus-values qui enrichissent les plus riches,
mais dans les opérations de vente, de rachat des actions des sociétés
maintenues par le système à des niveaux surévalués. Le coût trop élevé du
capital stigmatisé par Mélenchon se situe dans les Bourses et non dans les dividendes. Les dividendes n’en
représentent qu’une très faible partie. On pourrait dire que c’est la monnaie du
pauvre, celui des petits épargnants. C’est une petite largesse pour permettre
de continuer à collecter leur argent.
Il y a des gagnants, ce sont ceux qui manipulent le
capital. Les banquiers en font partie et leur activité spéculative dépasse
désormais leur métier traditionnel de crédit à la consommation et aux
entreprises. Certaines d’entre elles font des opérations sur des obligations d’État
à haut risque, grecques par exemple. Il y a encore tellement d’obligations
pourries dans les banques privées que la BCE les rachète de plus en plus,
devenant ainsi ce que l’on appelle une « bad bank » (banque pourrie).
Cela ne peut continuer indéfiniment car ses fonds propres s’épuisent. Une
menace pèse désormais non seulement sur le système bancaire mais aussi sur les États qui s’endettent de plus en plus. La Grèce redemande des liquidités et ses taux d’emprunt reviennent
dans la zone dangereuse. Cela a amené la Commission de Bruxelles à concocter un
plan de sauvetage des banques en difficulté, plan qui va malheureusement nous
concerner directement et sur lequel on s’est bien gardé de faire de la
publicité. Nous en parlerons dans un prochain article.
Le
libéralisme ne doit pas accepter dans son sein
Un
capitalisme dévoyé qui s’autoalimente
Sur
le dos du monde du travail !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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