Les
chiffres du chômage de septembre viennent de tomber et ils ne sont pas bons. Le
nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A, c'est-à-dire sans aucune
activité, en France métropolitaine, progresse sur un mois (+0,6%). Il s'élève à
3 432 500 en septembre 2014, soit 19 200 inscrits de
plus qu'en août. Sur un an, le nombre de chômeurs de catégorie A dans la
métropole est en hausse (+4,3%, soit 140 300 demandeurs d'emploi de
plus qu'en septembre 2013). Au total, fin septembre 2014, le nombre
de demandeurs d'emploi de catégories A, B, C s'établit à
5 128 200 en métropole (5 431 500 Dom compris).
Ce nombre est en hausse de 1% sur un mois (+50 000) et de 5,7% sur un an
(+277 800).
On mesure la dérision des promesses du
Président et de ses ministres dont le porte-parole a le front de dire que le rôle
du Président est de maintenir la confiance dans l’avenir… en le peignant en
rose socialiste. La confiance n’est pas dans les paroles mais dans les actes et
les résultats qui suivent. Elle n’a donc aucune chance de revenir rapidement
car le chômage est avec le pouvoir d’achat le vrai baromètre de santé d’un
pays. C’est ce qui se ressent au sein de la population, beaucoup plus que les
chiffres de la croissance.
La comparaison doit être faite avec les autres grands pays de la zone
euro ainsi qu’avec des pays hors zone euro et hors UE comme le montre le
graphique ci-contre. Dans la zone euro la France fait légèrement mieux que la
moyenne de la zone euro dans laquelle l’Espagne, la Grèce, le Portugal et
Chypre affichent des taux de chômage entre 15 et 26%. Elle fait mieux aussi que
l’Italie mais beaucoup moins bien que l’Allemagne. En fait la France semble
détenir un chômage endémique de 10% depuis l’an 2000 avec de courtes incursions
en-dessous. Il semble même qu’elle amorce une dérive lente mais continue
au-dessus de cette barre fatidique.
L’examen
de ce graphique montre également que le taux de chômage des pays hors zone euro
est très inférieur à celui de la zone euro sans parler de la Norvège qui fait
encore mieux hors UE. S’il fallait encore hésiter à sortir de l’euro, il n’y a
qu’à regarder la bonne santé des pays européens hors euro et hors UE. Le
chômage est pratiquement inexistant en Suisse. On se garde bien dans les
chiffres fournis par Eurostat de donner les chiffres comparatifs hors euro car
ils donneraient à réfléchir sur les affirmations péremptoires sur le catastrophisme
d’une sortie de l’euro.
Croissance
des emplois en % depuis le 2e trimestre 2012. Source BCE
La consultation de la
variation de la croissance des emplois en % depuis le 2e trimestre
2012 montre que cette dérive lente est liée à une diminution de la création d’emplois.
Compte-tenu que la population française augmente, il apparaît que la France n’est
pas en mesure d’absorber l’arrivée de la main-d’œuvre sur le marché du travail.
Elle ne crée pas assez d’emplois pour absorber la croissance de la population.
Souvenons-nous que cette dernière est due au flux migratoire pour un tiers et
le reste par la fécondité beaucoup plus élevée des nouveaux arrivants.
L’examen
de l’évolution des pouvoirs d’achat des pays européens, liés au PIB/habitant,
par rapport à celui de l’UE de 2002 à 2013 est très intéressant. Il montre que
parmi les grands pays de l’UE, seule l’Allemagne a tiré parti de l’euro et la
zone euro, dans son ensemble, a été pénalisée de 2,7% alors que le PIB/habitant
de la zone hors euro a cru de 7,6%. Dans cette zone hors euro, le cas du Royaume-Uni
apparait aussi désastreux que celui de l’Italie. Seulement entre la mi-2002 et
la fin 2013, la livre s’est dévaluée de 24%. Le PIB en est affecté dans son
évaluation en euro. Si l’on tient compte du taux de change livre/euro, la
variation redevient fortement positive avec +14%. De même les États-Unis ont
réévalué leur monnaie de 30% par rapport à l’euro de 2002 à 2013. La progression
de leur PIB/habitant est donc considérable.
C’est
tout le jeu des dévaluations pour redresser l’économie au prix d’un
surenchérissement des importations mais un gain plus important encore sur les
exportations et la dynamique économique du pays. La Suède a effectué le même
genre de dévaluation mais avec plus de succès puisqu’elle a même réussi à
augmenter son PIB/habitant dans l’évaluation en euro. Les chiffres publiés sur
le graphique pour les pays hors euro et UE, fournis par Eurostat sont donc à
interpréter en tenant compte de la variation monétaire.
Il est intéressant de
relier le chômage 2013 à la trajectoire du PIB/habitant de 2002 à 2013 pour les
principaux pays de l’UE. On constate qu’une croissance du PIB/habitant de 1% entraîne
une diminution du chômage de 0,44%. On en revient au fait que dans un pays où
la population croît, il faut que le PIB/habitant ne diminue pas pour que le
chômage se stabilise. L’Espagne est par contre dans une situation
particulièrement critique tandis que la France et l’Italie n’arrivent pas à
remonter la pente.
Notons
enfin que la population française ayant augmenté de 8,9% entre 2002 et
2013, ceci a fait baisser le PIB/habitant de la même proportion. Compte-tenu du
lien avec le chômage, on aurait eu 4% de moins de chômage soit un chiffre
proche de l’Allemagne. On voit que, depuis onze ans, la France ne peut nourrir
toutes les bouches qu’elle accueille et que ceci est en train de la plonger
dans un marasme économique, social et sécuritaire. Elle ne peut se relever que
par un sursaut économique qui ne peut venir que de la maîtrise de sa monnaie et
d’une politique d’austérité des dépenses de fonctionnement de l’État au profit
des dépenses d’investissement.
Quand on augmente le nombre de petits à
nourrir
Qui se pressent autour de la même
gamelle
Il faut plus à manger et pas seulement
Une plus grande gamelle !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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