Il devient urgent de réaliser ce qui se passe et va se
passer dans notre pays si rien ne change par rapport au budget 2015 qui va
probablement être remanié le 15 octobre par la Commission de Bruxelles
d’ailleurs, laquelle demande 8 milliards de moins sur le déficit. La France
fait fausse route et on l’y aide, pour le moins, ou on l’y pousse au pire. Au
sein des entreprises il y a les cadres de la France moyenne, 94% d’entre eux
sont dans la sinistrose et pensent qu’il faudrait partir à l’étranger contre
44% au Royaume-Uni. Un certain nombre le feront, peut-être d’ailleurs en
suivant la délocalisation de leur entreprise. Mais l’important c’est qu’ils
sont les mieux placés pour sentir la santé économique de la France. Ce sont
ceux sur lesquels repose l’augmentation de la pression fiscale et ceux qui
participent à l’augmentation de la richesse de ce pays.
Avant de choisir son cap le marin regarde l’état de la mer
et du ciel, il nous faut faire de même. La France désindustrialise, elle digère
mal son « multiculturalisme » et elle ne maîtrise plus son
indépendance économique et sa politique étrangère. Voilà le constat de la
France d’aujourd’hui auquel il faut ajouter le manque de courage, le conformisme
et l’ambition personnelle primant sur le Bien commun de nos politiques. C’est
la vision intérieure de la France du marin qui jauge son équipage, sa voilure,
la résistance de son bateau et le bon fonctionnement de son gouvernail.
A l’extérieur nous voyons une Allemagne qui domine
économiquement la zone euro pour l’instant et qui ne tient pas à partager le
fruit de ses efforts mais plutôt d’être le pays central dominant de l’Europe,
constante d’ailleurs pangermanique de la politique étrangère de ce pays. Nous
voyons aussi des USA qui ont été au sommet de leur puissance lors de la chute
de l’URSS avec un dollar, monnaie de référence, et une armée dont la
supériorité était incontestable. Depuis la Russie renaît de ses cendres de 1998
sous la houlette d’un chef intelligent et la Chine a pris le virage d’un
libéralisme sous restriction des libertés d’expression qui lui permet de
devenir un client incontournable pour les USA et en même temps un adversaire
redoutable à terme par sa puissance économique, militaire et monétaire. Les USA
veulent donc rapidement étendre leur hégémonie en enfermant le maximum de pays
dans l’OTAN, en phagocytant l’UE dans un traité de libre-échange lui
interdisant d’étendre un partenariat vers la Russie qu’il faut isoler. Pour le
reste l’application de la théorie du chaos permet de dissoudre toutes les
résistances et en profiter pour étendre son emprise économique et militaire
autour du bloc Russie-Chine-Iran.
Voilà la situation que
vit notre pays et à laquelle celui-ci n’apporte que la réponse du
« suivisme » et de la vassalité. Est-il sur une trajectoire de
redémarrage économique ? Non, d’ailleurs les chiffres d’août ne rassurent
pas. Le déficit de l’État français fin août s’est creusé à 94,1 Mds€, contre 93,6 milliards un an
auparavant, « du fait notamment des
dépenses exceptionnelles du nouveau programme d’investissements d’avenir »
selon Bercy. Cependant les recettes ont baissé davantage que les dépenses
prévues à 253,9 milliards fin août. 3,6 milliards de dépenses en moins et 4,7
milliards de recettes en moins font un déficit supplémentaire de 1,1 milliards.
C’est le crédit d’impôt (CICE) qui en est la cause par le recul des impôts sur
les sociétés selon Bercy. Si la TVA rapporte plus par l’augmentation de son
taux et si la charge de la dette recule de 1,5 milliards par la baisse des taux
d’emprunt alors que la dette augmente, le signal d’alarme est la baisse de
consommation des ménages, comme on le constate graphiquement, et la baisse du
pouvoir d’achat des ménages. Le soutien de l’offre ne fera pas augmenter la
demande qui chute par la pression fiscale, le ralentissement de l’augmentation
des salaires du privé, le blocage des salaires du public et des retraites, à
laquelle s’ajoute la baisse des prestations sociales.
Le deuxième paramètre
qui traduit la vitalité de notre pays c’est sa capacité à investir, ce qui
augmente son capital, dynamise l’économie et l’attractivité du pays. Il est
mesuré par le FBCF (Formation Brute de Capitale Fictif). Or l’effort de réduction
des dépenses a drastiquement réduit ce type de dépenses et évolue donc en sens
contraire des facteurs de croissance. Le graphique publié par l'économiste Jacques Sapir est
explicite. De plus l’investissement des entreprises non financières, boosté
pendant la crise 2007-2008 n’évolue plus qu’au rythme d’une croissance
stagnante.Le navire France est resté en cale sèche tant le capitaine a
peur de prendre la mer et se contente de payer ses matelots à essayer de
réparer les filets de pêche faute de pouvoir les remplacer. Il faut que ce soit
un entrepreneur anglais qui fasse honte à Manuel Valls sur l’état de la Gare du
Nord à Paris pour que celui-ci s’empresse de dire qu’une opération de relookage
va être lancée… est-ce ainsi que doit marcher le pays ? A coup de bottes
dans les fesses par les étrangers ? Le constat est clair, depuis la fin
2010 le pays mène une politique d’austérité qui dépasse le cadre de la rigueur,
rigueur interprétée par les gouvernements comme la seule responsabilité de la
stricte réalisation du montant des dépenses prévues.
Une austérité, qui exerce une pression fiscale qui plombe la
demande par la consommation des ménages, qui réduit l’augmentation
« naturelle » des dépenses en diminuant les investissements publics
en particulier sur les infrastructures de son ressort sans faire d’effort sur
la diminution notable de ses propres dépenses de fonctionnement, ne peut faire
repartir le pays. L’effort vers les entreprises se paie sur le dos du
consommateur et par la dette. La résultante sera nulle ou négative. Cette
rigueur ne sert à rien si elle ne diminue pas les dépenses de fonctionnement de
l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité Sociale, elle se nourrit
d’une austérité sur les consommateurs par la captation fiscale et la diminution
du service public, ce qui entraîne la perte de leur pouvoir d’achat. 2014 va se
solder par un déficit de 84 Mds€, soit une augmentation de plus de 9 milliards
par rapport à 2013, c’est cela la réalité d’aujourd’hui, toujours plus haut
dans la dette et dans le chômage !
La France est un
navire sans voiles et sans moteur
Que le gouvernement
s’ingénie à maintenir
En cale sèche et
à licencier ses marins.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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