Les Français n’ont encore rien vu ! Depuis bientôt
quarante ans la France vit à crédit et dépense au gré d’une « Dolce Vita »
à la française. Rien n’est trop beau pour notre joie de vivre mais nous sommes
les derniers enfants gâtés de l’Europe. Avec une dette publique qui frôle les
1800 milliards, chaque ménage endosse près de 70.000 euros d'emprunt. Dans un grand élan de solidarité, nous léguons cela aux générations futures.
Du berceau au cercueil, nous sommes soignés, protégés,
assistés, choyés : allocations familiales généralisées, âge moyen de la
retraité à 60 ans, crèches municipales et garderies publiques, soins et
consultations à volonté, installations culturelles et sportives à profusion,
villes fleuries et bâtiments publics entretenus, allocations de chômage
généreuses, aides médicales aux étrangers, ressources pour les clandestins,
congés payés hors pair, RTT pour les allonger, semaine de 35 heures, etc. etc.
Le modèle français ne peut que faire envie ! Le malheur
c’est que depuis près de quarante ans, nous payons tout cela à crédit. Les
dépenses publiques n’ont cessé d’augmenter et atteignent 56% du PIB. Nous avons
le pompon devant la Suède et l’Allemagne qui ne dépense que 46% de son PIB,
pays qui ont su moderniser leur protection sociale sans abandonner le principe
de solidarité. Nous nous payons même le luxe d’un endettement de 89% du PIB,
supérieur à celui de l’Espagne, contre 20% en 1980.
L’endettement est un piège qui englue le pays dans la
facilité. Avec 50 milliards de remboursement des intérêts de la dette, nos
impôts sur le revenu y sont entièrement engloutis et c’est devenu le premier
poste budgétaire de l’Etat. Alors le constat est sans appel, la France n’a plus
les moyens de sa politique économique et de son modèle social. Pire, notre
balance commerciale, équilibrée en 2000, est dans le rouge et on a prévu 70
milliards de déficit à fin 2012 et peut-être plus au bilan final. Notre
compétitivité est en berne mais nos salaires, inférieurs à ceux de l’Allemagne
en 2000, sont désormais de 10,8% supérieurs.
L’Allemagne a fait des efforts de réduction des
dépenses : amélioration de la flexibilité du travail, évolution retenue
des salaires, allocations chômage réduite en pourcentage et plus dégressive que
nous dans le temps, aide au travail partiel non imposable. Elle récolte les
fruits de ses efforts et se permet d’envisager désormais une hausse des
salaires avec un déficit public ramené à une valeur proche de zéro et en constante
diminution.
La France est le grand pays qui a consenti le moins d’effort
pour réduire ses dépenses, loin derrière la Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne
et l’Italie. Alors l’heure de l’électrochoc doit sonner car la fuite en avant
ne peut mener qu’à l’abîme. Les prévisions du Président jusqu’en 2016 sont
entachées de valeurs intenables sur la croissance et, de toute façon, nous ne
ramènerions l’endettement qu’à 88% du PIB. Nous serions encore bien loin des
60% prévus dans le précédent Pacte de Stabilité et largement au-dessus des 64%
d’avant la crise.
Le manque de volonté politique nous mène droit vers une
solution mi-chèvre mi-chou. La TVA et la CSG vont être les pompes à finance
pour alléger les charges des entreprises et leur redonner un peu de compétitivité.
Devant la peur de casser la croissance, ces augmentations seront faibles et
insuffisantes pour donner un réel coût de fouet à la compétitivité des
entreprises, dont la santé financière s’est de plus dégradée. Le retour à un
équilibre de la balance commerciale et au budget public ne peut être atteint
ainsi.
Il faut envisager d’autres solutions. On peut faire appel à
l’épargne des français qui ont le meilleur bas de laine de l’Europe. Ils
peuvent spontanément avancer cette épargne dans un élan de solidarité qui ne se
déclenche que dans un climat de confiance… ce n’est pas le cas actuellement. On
peut aussi le faire de manière autoritaire… mais il faut assumer une grogne qui
peut déstabiliser le gouvernement. Des mesures impopulaires ont ainsi déstabilisé
le gouvernement allemand précédent.
Le plus souhaitable serait la réduction des dépenses
publiques mais on voit le peu de motivation de ce gouvernement qui a tendance à
augmenter les fonctionnaires et à reculer des réformes structurelles. Toucher
au nombre et au salaire des fonctionnaires lui fait craindre de perdre la
majeure partie de son électorat. Il n’en fera rien, ou alors au bord de la
faillite.
Cette solution sera la solution de la dernière chance quand
les agences de notation auront fait monter nos taux d’emprunt à des valeurs
insoutenables. N’oublions pas que nous avons des taux d’emprunt entre 0 et 2,5%
mais à court terme. Ceci veut dire que nous devons rembourser le capital très
vite… et donc réemprunter pour les payer (400 milliards entre juin 2012 et
décembre 2013 de capital à rembourser).
Si pour les raisons
évoquées, aucune de ces solutions n’est prise, il ne reste que la dévaluation
de la monnaie pour donner un choc de compétitivité. Ceci veut dire la sortie de
l’euro et des pleurs dans les chaumières sur la valeur or de son bas de laine.
C’est le prix à payer… prix qu’il faudra de toutes façons payer quelque soit la
recette utilisée ! Alors Hollande sera-t-il longtemps à supporter son mal
de dents avant d’aller chez le dentiste ? La dent va s’infecter, en
contaminer d’autres et leur extraction va être de plus en plus douloureuse. La
France du déni va voir finalement son sort non pas réglé par elle mais par
Bruxelles, les marchés et les agences de notation.
Les Français n’ont encore
rien vu !
Nous n’échapperons pas
aux sacrifices !
Personne ne croit plus
aux incantations pour faire tomber la pluie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon