Nous gardons le souvenir de
l’idéologie nazie de perfection de la race et celle plus proche de l’idéologie
marxiste, dont les aspects totalitaires ont engendré les pires catastrophes.
Mais il reste dans notre Europe et particulièrement en France des pensées
idéologiques qui marquent certains secteurs de la politique. On peut y mettre
la « pensée unique » qui engendre une perte de démocratie. Il existe aussi
un autre domaine où une idéologie
pernicieuse règne encore depuis les années soixante et dont on voit les dégâts
dans la faillite relative actuelle de l’Education Nationale.
D’une nation réputée pour la
qualité de son enseignement et de son élite, nous sommes désormais passés presqu’au dernier rang de l’Europe pour
l’apprentissage de la lecture, du calcul et des sciences de la terre. La
reconnaissance de nos universités et de nos écoles sombre dans les profondeurs
du classement international. Si l’on exclue le domaine de nos élites
mathématiques, le bilan est plutôt désastreux.
Tout avait apparemment
pourtant bien commencé en 1947 avec le plan Langevin-Wallon, d’inspiration
communiste, de l’égalité des chances en matière d’accès à l’éducation. La mise
en œuvre de ce plan fut progressive jusqu’en 1977 pour se terminer avec la
réforme Haby sous Valéry Giscard d’Estaing. L’idée voulait que tous les enfants
de France, quelles que soient leurs aptitudes intellectuelles ou leur milieu
social, puissent avoir les mêmes chances de succès. On a créé un tronc commun,
composé de l’école élémentaire, puis du « collège unique ». Lionel
Jospin a parachevé ce dispositif en exigeant la limitation maximum des
redoublements créant une filière unique donc mais un même temps.
Autrement dit en mettant
tous les élèves socialement, intellectuellement différents dans le même moule,
on espérait en sortir une pâte beaucoup plus homogène. Malheureusement les
sociologues savent que l’on aboutit au résultat inverse. Comme en mathématiques,
si vous multipliez chaque nombre d’une série de nombres par trois, vous obtenez
une nouvelle série de nombres plus écartés que la série initiale. Le traitement
uniforme n’aboutit pas à une réduction des inégalités mais à une aggravation.
Les élèves largués, humiliés
sont vite découragés et marginalisés. Ils ne vont quitter la voie royale que
par l’échec et sombrer dans la désespérance, voire la délinquance. 20% d’une
classe d’âge ne décroche aucun diplôme. Nous sommes bien là devant
l’application d’une idéologie qui a une vision abstraite et simplifiée de la
réalité, une volonté d’abolir à toutes forces les différences, un objectif
utopique de perfection et une injure à la nature qui a fait des individus dont
l’intelligence est de niveau et de type différent, qu’on le veuille ou non.
A ces aspects idéologiques
s’ajoute celui de l’intolérance, que j’ai pu personnellement apprécier,
rejetant avec mépris toute idée contestataire. Le constat que certains élèves
pouvaient être avantagés par leur milieu familial dans les disciplines
littéraires et le comportement civique a eu pour résultat de diminuer l’effort
sur l’orthographe, l’expression verbale et la bonne tenue en général ! Le
résultat est que ceci porte plutôt tort aux enfants qui ne retrouvent pas
d’aide dans ces disciplines au sein de leur famille. Après l’abandon partiel de
la discipline, de l’enseignement moral et civique, seules les familles ayant
une solide assise intellectuelle et morale ont pu y suppléer.
Il faut ajouter
l’application de toute une série de principes issus d’une pédagogie à
prétention scientifique : l’apprentissage de la lecture par la méthode
globale, le discrédit des exercices de mémoire, l’abus des mathématiques
modernes, les surcharge des programmes par la surenchère des différents
spécialistes, etc. La méthode globale, issue du constat qu’un adulte
alphabétisé ne lit plus en décomposant les syllabes, en a fait une méthode
d’apprentissage de la lecture. On n’interdit pas à un enfant de marcher à
quatre pattes sous prétexte que l’adulte marche sur deux.
Si l’on ajoute à cela
« le mammouth bureaucratique » et la prolifération de ceux qui
savent : conseillers, inspecteurs, chercheurs, vulgarisateurs, on voit que
la liberté de manœuvre des enseignants est réduite au minimum et les budgets
alourdis au maximum. De plus on crée chaque année un climat de déstabilisation
de l’élève et de l’enseignant en changeant les programmes, les méthodes, les
rythmes et les temps scolaires, et le cursus scolaire du métier d’enseignant.
Enfin le refus de sélections débouchant sur des filières différenciées et
ouvrant la voie à l’apprentissage et aux filières techniques avant le
baccalauréat crée une population de fin d’études secondaires qui va errer sans
succès dans les études supérieures.
On mesure combien une
idéologie poussée aux extrêmes peut être perverse et aboutir à des solutions
qui défient le bon sens, dont les résultats sont calamiteux. Elle aboutit à une
école de la quantité et non de la qualité, à une aggravation des inégalités, à
un découragement des enseignants et à une baisse significative des candidats à
la profession. Comme on relève les notes des bacheliers pour atteindre le quota
de reçus, on fait de même pour les candidats-professeurs. C’est ainsi que
devant l’afflux des bacheliers en première année d’université on va relever les
notes des copies d’examen pour accéder en deuxième année… et ainsi de
suite !
Le but de l’école est de préparer un élève à un métier
Dont la société a besoin et qui lui convient au mieux
Dans une éducation morale et civique de bon citoyen.
C’est là qu’idéologie et pragmatisme se différencient.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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