Comme je l’ai
déjà écrit, l’édifice lézardé de la France ne tient que par le frêle étai de sa
notoriété ancienne et la crainte que son défaut ne soit la fin de l’Europe. Il faudrait une
volonté politique considérable pour renverser la situation ; au lieu de
cela, nos responsables ont adopté la politique de l'autruche. Etrangement,
c'est du côté de la presse étrangère qu'on trouve les données plus précises. En
juillet 2011, le Financial Times analysait ainsi le désarroi des classes
moyennes en France dont le niveau de vie n'a pas augmenté depuis plus de trente
ans.
"En 1960, il fallait en moyenne 11 ans aux classes moyennes pour
améliorer leurs conditions ou progresser dans l'échelle sociale. Aujourd'hui,
il faudrait 35 ans selon les statistiques nationales. Actuellement, le revenu
des ménages est principalement consommé par les dépenses d'électricité, de gaz,
d'eau et de carburant qui représentent 38% des dépenses, contre 21% en 1979".
Depuis 1974 la France s’endette et elle est passée de 21,2% à 89,3% aujourd’hui.
Tous les gouvernements y ont participé. « Pendant
les années Mitterrand, la dette publique est passée de 110,1 milliards d'euros
en 1981 à 662,8 milliards d'euros en 1995. Elle a été tout simplement
multipliée par six. Pendant les années Chirac, la surenchère a continué --
elle s'est même accélérée. En moins de 10 ans, la dette a doublé. En 2007, elle
était à 1 208,9 milliards d'euros. Pendant les années Sarkozy, la crise
a éclaté, entraînant dans son sillage la baisse des recettes fiscales.
Qu'importe, l'Etat renfloue les banques, les dépenses flambent et le déficit
public atteint les 106,2 milliards d'euros pour la seule année 2008. » (Agora)
On peut penser que la crise de 2008, n’a été qu’un prétexte pour augmenter
le déficit public, c’est tellement plus facile d’emprunter que de serrer les
dépenses publiques ! En 2011, la
Sécurité Sociale Française a dû emprunter la même somme que le Portugal et l’Autriche
réunis soit de 30 à 35 milliards selon La Tribune. Mais cela va continuer sur
le même rythme en 2012 et 2013. Nul doute que nous allons vers un
déremboursement des médicaments et vers une prise en charge de la dépendance
par les intéressés ou solidairement par les retraités comme on en parle
actuellement. Nous nous rapprocherons d’un système à l’américaine.
Pour faire passer la nouvelle pression fiscale le
gouvernement agite le ratio de la dette souveraine par rapport au PIB, les
fameux 3%. Mais la dette officielle, selon les critères de Maastricht, n’est
pas la dette réelle car les gouvernements font passer de nombreuses dépenses
hors bilan. C'est ce que l'économiste Bernard Marois de HEC a surnommé "l'économie
Shadok" : on bouche des trous pour en recreuser d'autres ailleurs.
La dette réelle pourrait approcher du double de celle affichée
officiellement.
C’est par l’artifice de création de nombreux organismes, garantis par l’Etat,
que l’on fait disparaître de la dette des comptes officiels. Il en est ainsi de
la CADES qui prend en charge la
dette de la Sécu avec un impôt spécifique le CRDS… et en empruntant. Le magistrat
Jean de Maillard écrit pour Rue 89 en 2010, "hélas, on n'a cessé
de lui redonner des dettes à recycler : 134,5 milliards depuis 1996, dont
27 milliards l'année dernière. Là-dessus, elle en a remboursé 41,5 milliards.
Restent les 93 milliards, qui seraient bien embarrassants s'ils
apparaissaient dans les comptes publics. [...] C'est comme cela que son
déficit n'apparaît pas dans la dette officielle. C'est simple, il suffisait d'y
penser".
Mais il y a aussi l’ACOSS qui
prend en charge une partie des dettes de la Sécu. "La dernière loi de
financement de la Sécurité sociale a trouvé la martingale", continue
Jean de Maillard, "elle a autorisé l'ACOSS à émettre à son tour des
billets de trésorerie pour un montant de 65 milliards d'euros, un niveau
historique jamais atteint. [...] Cela ne lui fera jamais que 91 milliards de
déficit, qui s'ajoutent aux 93 milliards de la Cades".
Ajoutons à cela la dette des hôpitaux pour 20 Mds€, les 4Mds€ de 2010 pour
financer les allocations chômage, l'annulation de la dette du Cameroun en 2009
de 1,2 milliard, la SAAD (Service annexe d'amortissement
de la dette, une structure fantôme créée pour la SNCF) endettée de 8,7 milliards, la RFF (Réseau ferré de France,
le gestionnaire des voies de la SNCF) endettée de 27,8 milliards, la SFEF, crée en 2008 pour un plan d’aide
aux banques, dont le passif est 77
milliards d’euros.
Cela s’arrête-t-il là ? Que nenni, il y a pire mais nous en
reparlerons dans la chronique suivante.
La vérité va
bientôt sauter aux yeux du peuple
Etonné,
abasourdi, occis,
Qui croyait en
son équipe de… handball
Et en ses
petits sauvageons…
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF
Languedoc-Roussillon