Le Traité international (TSCG, Stabilité, Coordination,
Gouvernance) est voté par le Parlement mais une fronde a touché les députés de gauche et de droite.
Ils sont quelques-uns à avoir fait preuve de courage, car il en faut pour
affronter « le dogme de l’euro ». Il est vraisemblable qu’un
référendum aurait donné lieu à un difficile OUI au traité car l’aile extrême
droite est sous-représentée. De plus des hésitants à gauche se seraient ralliés
à un NON pour sanctionner la volte-face entre le candidat et le président élu.
Soixante-dix députés ont voté NON à une Assemblée Nationale
qui va de plus en plus être réduite à une Assemblée croupion dont les avis
seront sans effet. La France a perdu la gestion de sa monnaie et elle va perdre
celle de sa politique économique au profit de la Commission Bruxelloise, de la
Cour de Justice Européenne dans un climat délétère où chaque pays pourra
dénoncer les manquements des autres sur le respect du Traité.
A peine ce Traité sera-t-il mis en œuvre que chacun fera
valoir ses difficultés particulières et demandera des aménagements. A peine en
vie, le Traité sera déjà mort mais restera un instrument aux mains des
technocrates bruxellois. On voit déjà que la Grèce, l’Espagne demandent des
rallonges de temps pour parvenir aux objectifs. Le cas de la Grèce est
particulièrement grave puisque des efforts supplémentaires d’austérité lui sont
demandés à hauteur de 9,2 milliards pour lui octroyer les 31,5 milliards qui
étaient prévus en juillet !
En novembre ses caisses
seront vides or repousser son calendrier de retour au déficit prévu jusqu’en
2016 demande de rajouter 30 milliards par ses partenaires européens et un
effacement de la dette envers la BCE ! Quelle
gouvernance enfin dans un Traité qui est en fait inapplicable et qui n’a pas
d’autres fonctions que d’être violé à peine signé ? Est-ce ainsi que l’on
croit créer une « bonne gouvernance » dans les mots dont on se gargarise
à Bruxelles et ailleurs ?
Est-ce vraiment
une avancée dans la solidarité européenne quand des pays sont condamnés à une
austérité qui plonge le Portugal, la Grèce, l’Espagne et l’Italie dans la
récession, le chômage, la baisse des salaires, des retraites et des prestations
sociales ? A Rome, à Lisbonne, à Madrid les manifestants sont dans la rue.
Qui les a conduits à cette extrémité ?
Le
rapport du Fond Monétaire International, le World Economic Outlook d’octobre 2012 explique bien la
marche à la misère entamée au nom d’une austérité qui n’a donc pour but que de
sauver un fétiche : l’Euro. Le TSCG nous a donné l’exemple éclatant du
cynisme en politique, quand un candidat à l’élection présidentielle se prononce
pour sa réécriture et s’empresse, une fois élu, de le faire voter. Ce n’est pas
le codicille sur la croissance, malheureux engagement de 140 milliards d’euros
étalé sur trois ans, une aumône, qui peut en changer la nature. Ce Traité n’a
pas été renégocié.
Cette
transformation d’un instrument-euro, en une fin en soi, en un dogme, un
postulat n’acceptant aucune remise en cause et la volonté de pouvoir de ses
grands prêtres nous condamnent à un appauvrissement généralisé, à une montée du
chômage sans limites et, à la fin des fins, comme en Grèce et en Espagne, à la
destruction de nos sociétés. On met en sourdine les critiques, on menace ses
parlementaires, on refuse le référendum et on trompe le peuple qui va bientôt
crier « tous pourris » quand il va en subir les conséquences dans sa
vie quotidienne.
Quelle
Stabilité nous promet ce traité alors que de nombreux pays européens plongent
vers la récession ? De quelle Coordination peut-on se prévaloir si l’on a
des pays libres de leur choix, qui n’ont accepté jusqu’à présent aucune
autorité hiérarchique ? N’est-ce pas plutôt mettre leur sort entre le
coordinateur de la Commission Bruxelloise, d’une BCE qui viole ses attributions
statutaires et sous le martinet de la Commission de Justice Européenne ?
Le vote de ce
Traité va influencer directement le budget 2013, espérons qu’un nombre plus
important de députés renonceront à le voter. Espérons qu’ils comprendront que
nos autorités oligarchiques, qui augmentent la pression fiscale deux fois plus qu’ils
ne le font pour réduire leurs dépenses, ne peuvent qu’appauvrir notre pays et
le plonger dans une récession mortifère.
Les canons furent, par le passé, l’ultime raison des rois.
Les traités sont aujourd’hui l’ultime raison des élites
oligarchiques.
Qu’ils se rappellent que l’ultime raison des
peuples reste le pavé.
Jacques Sapir
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF
Languedoc-Roussillon