Le traité multinational sur l’Europe devrait être
prochainement ratifié par la France après le vote du Sénat. Il pose sans
contestation possible le problème de la souveraineté de la France dans la
mesure où notre pays est passible de sanctions devant la Cour de Justice
Européenne et « mise sous tutelle de la troïka » si elle s’avère
incapable de tenir ses engagements. Le pays n’est plus maître non seulement de
sa monnaie ni même de sa politique économique.
La France signe, ce faisant, une obligation de respecter en
2013 un déficit ne dépassant pas les 3% du PIB. Tout laisse à penser que
l’objectif du budget 2013 ne sera pas atteint puisque la prévision de
croissance est surestimée et que l’Europe dans son ensemble frôlera la
récession. Il sera donc nécessaire soit d’augmenter les rentrées fiscales soit
de plaider auprès de Bruxelles une dérogation exceptionnelle. C’est bien cette
dernière alternative que le gouvernement a en tête en ratifiant le traité… pari
risqué et qui rend le traité quasiment inutile comme toujours, puisque des
nations dont l’Allemagne n’ont déjà pas respecté leurs engagements précédents.
Le M.E.S, que l’on veut gréer de 500 milliards à partir de
contributions européennes, entraîne de nouveaux emprunts des pays endettés. Le FMI dans son dernier rapport sur la stabilité
financière dans le monde vient d’évaluer le coût déjà faramineux du
renflouement de l’euro à 1100 milliards d’euros ! Il est donc légitime de
se poser la question de la perte de souveraineté pour ce bilan de la
construction européenne. Est-il bon pour la France des rester dans ce type
d’Union Européenne qui est la seule union économique à disposer d’un tel degré
d’intégration, libre circulation des personnes, des biens, des services et des
capitaux, auxquels on ajoute des politiques macro-économiques communes des
Etats membres ?
Après avoir mis en place l’ONU, le FMI, la
Banque mondiale et l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), les Etats-Unis
poursuivent les mêmes objectifs de géopolitique depuis Yalta entre les
Etats-Unis, l’Union Soviétique et la Grande-Bretagne. Le plan Marshall a été
conditionné à la mise en place d’un noyau européen destiné à s’intégrer dans
une vaste zone de libre-échange atlantique ; la reconstruction de l’Europe,
son ouverture économique, passent par un arrimage aux Etats-Unis, devenue
l’hyper-puissance économique dotée de la plus puissante armée du monde et
maître de la toile de communications par satellites.
Après avoir laissé l’Europe passer du
libre-échange à une construction régionale européenne, les Etats-Unis
n’entendent pas voir le projet européen s’écarter d’un projet occidentaliste
qui vise depuis 1945 à créer un grand marché euro-atlantique politiquement et
stratégiquement piloté par les Etats-Unis. Les liens qu’ils renforcent avec
nombre de membres de l’UE, comme l’entrée de la France dans l’OTAN, constituent
des atouts majeurs de leur politique de solidification du lien atlantique au
détriment de tout rapprochement Ouest-Est sur le continent eurasiatique.
L’Europe n’ayant ni politique étrangère
commune, ni puissance militaire et ayant dans ses traités fondateurs renié
toute velléité de puissance, ne peut être que le jouet de la première puissance
du monde. La souveraineté de la France se dilue donc dans une Europe dominée
par l’Allemagne, qui a ses propres buts hégémoniques sur l’Europe, et ceux de
la mondialisation économique, soutenue par les Etats-Unis, qui tend à faire
disparaître les Etats-nations.
A ceci s’ajoute la montée en force des
investissements étrangers croisés, l’essor quantitatif des échanges internationaux,
l’arrivée des pays en voie de développement aux côtés de la Triade économique
(Etats-Unis, Europe, Japon) et la globalisation financière qui repose sur la
mobilité instantanée informatique de l’argent.
Pourtant l’Etat-Nation reste le fondement de
l’indépendance des peuples. Il est d’autant plus fort que l’identité nationale
et la puissance économique et militaire le sont. Il faut rejeter avec
conviction l’idée que l’Etat-nation est une vue passéiste. Il n’est que de
regarder combien le nombre d’Etats a cru dans le monde et combien certains
peuples défendent leur identité avec acharnement. L’Etat reste le rouage
indispensable pour ne pas sombrer dans un magma hégémonique, piloté par une
hyper-puissance, dans lequel la servilité, moyennant quelques avantages, finit
par broyer le peuple dont les intérêts fondamentaux propres ne sont plus
défendus.
Entre le
pangermanisme et l’hégémonie euro-atlantique américaine
L’UE,
militairement inexistante, sans politique étrangère convergente,
N’offre même plus une croissance économique
supérieure aux autres blocs.
Rien qui
vaille à la France de perdre une parcelle de souveraineté.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MF du Languedoc-Roussillon