L’élection du Président
américain fait la une des médias. C’est la preuve que ce pays influe
directement sur la vie économique et culturelle de notre pays. Les Etats-Unis
sont un pays ami auquel nous devons une aide sur deux guerres mondiales, auquel
nous sommes liés militairement et qui assure de fait la protection de notre
sol. Mais il s’agit aussi encore de la plus grande puissance économique
mondiale et surtout de la plus grande puissance militaire. Enfin l’économie
américaine et le dollar, principale monnaie de réserve, exercent une influence
déterminante sur l’économie mondiale et particulièrement européenne.
Cela serait suffisant pour
que cette élection américaine soit d’une grande importance pour notre pays,
mais il y a une autre raison fondamentale pour notre économie et la survie au
moins de la zone euro. Notre pays, comme de nombreux autres en particulier au
sud de l’Europe, fait vivre un budget déficitaire et paye une dette largement
liée à notre modèle social, qui se veut le meilleur du monde, grâce au crédit.
Nous empruntons à longueur d’année pour pouvoir d’une part rembourser les prêts
qui arrivent à terme et d’autre part payer les intérêts des emprunts en cours.
Notre pays est encore dans
une situation favorable car malgré une croissance atone et un déficit
budgétaire endémique, nous pouvons encore emprunter à des taux très
raisonnables,de l’ordre de 2%, sur des durées courtes. Même si le taux
d’emprunt, vente d’obligations d’Etat en particulier à la Suisse, n’est que
légèrement supérieur à la croissance, nous ne sommes pas dans une situation qui
peut durer sans effort drastique sur les dépenses publiques. Mais le plus grand
risque est de voir ces taux d’emprunt se relever brusquement. Le risque évoqué
par les gouvernants est celui des agences de notation qui peuvent dégrader
notre note, abaisser la confiance des investisseurs et faire monter les taux
d’emprunt.
C’est devant ce risque que
le président Hollande hésite à faire un « choc de compétitivité » de
peur de devoir augmenter la TVA et(ou) la CSG, ce qui a pour effet de diminuer
la consommation des ménages et donc la croissance. Mais, même si cette prudence
empêche la perte de confiance des investisseurs, un danger, bien plus immédiat
et important pour nos emprunts, peut brusquement arriver avec l’élection de
Mitt Romney à la présidence des Etats-Unis !
Si celui-ci est élu il veut
stopper la définition des taux des emprunts d’Etat par la FED. Ces taux,
beaucoup plus bas que ceux du marché s’ils étaient libres, permet à l’Etat de
se financer à bon compte et l’entraîne dans une spirale de l’endettement qui
vient de dépasser les limites fixées par le Congrès. Il s’ensuit un
déséquilibre de l’économie et la naissance de bulles qui n’ont rien à voir avec
une véritable production de valeur ajoutée comme la bulle immobilière qui a été
un déclencheur de la crise.
Cette hausse prévisible des
taux d’intérêts aux Etats-Unis auraient un impact immédiat sur les taux
d’intérêt pratiqués vis-à-vis des emprunts français qui leur sont fortement
corrélés. Vu le niveau d’endettement de pays, comme la France qui n’est pas sur
le chemin de remboursement de la dette mais dans celui de son aggravation, ceci
risque de nous plonger brutalement dans la situation que vivent l’Espagne et le
Portugal ! L’économie française ne pourrait y résister malgré des
diminutions drastiques des dépenses publiques et une importante augmentation de
la pression fiscale.
La France ne sera pas seule
concernée, même l’Allemagne verrait son déficit réapparaître. Ne parlons pas
des pays du sud qui sont déjà en situation difficile. Seuls les pays, comme la
Suède, qui sont peu endettés, ont un budget équilibré et produisent une
croissance significative, peuvent échapper à raz-de-marée. On peut toutefois
penser que le marché mondial s’en trouverait assaini et que les Etats les plus
touchés seraient amenés à prendre les réformes nécessaires pour éviter la
faillite. C'est ainsi que l'Europe peut être guérie et sauvée grâce à... un "choc sur les emprunts"... un coup de défibrillateur !
L’élection d’Obama aurait
pour effet de maintenir la situation actuelle qui s’enfonce progressivement
dans la dette des pays occidentaux et une faillite programmée à terme. Cela
permettrait tout juste de gagner du temps mais n’aurait pas l’effet salvateur
de pousser à une gestion plus rigoureuse des nations. Ce ne peut être considéré
comme une situation souhaitable, si l’on veut sortir de la gestion clientéliste
du budget de l’Etat et faire repartir notre pays sur des bases saines propices
à un retour à la croissance. Mais il est probable que ce serait aussi le choc
qui permettrait à l’UE de se réformer, en particulier sur la zone euro où la
monnaie unique ne fait qu’aggraver les différences entre les pays, en
particulier entre Nord et Sud.
C’est pourquoi les petits aménagements que proposent la gauche et la
droite
Paraissent bien dérisoires par rapport à l’impact des élections
américaines.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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