La réponse est résolument
oui. La France est un pays qui possède de grands atouts géographiques,
culturels, structurels et historiques. Elle peut encore en jouer si elle veut
bien quitter des idéologies destructrices et revenir vers un peu de
pragmatisme. Il lui faut retrouver le culte de la rigueur budgétaire, de la
diminution des dépenses publiques, de la valorisation du travail et de la
réussite, de l’encouragement à entreprendre et à travailler, de la culture
identitaire, de la préparation des jeunes sur des critères de qualité et non de
quantité, de la culture de la science, de la créativité et de l’innovation.
Lors d’une visite à
Singapour dans les années 90, je me suis trouvé dans un magasin vendant des
gadgets électroniques de toutes sortes. N’ayant aucune intention d’achat, je
fus accueilli rapidement par un jeune d’une vingtaine d’années avec cette
phrase qui dénotait un solide esprit commercial : « Mais faîtes,
monsieur, je suis là pour vous renseigner ». Le magasin, alors plein de
potentiels acheteurs, s’est finalement suffisamment vidé pour que mon vendeur
revienne vers moi. « Puis-je vous être utile à quelque chose ? »
dit-il. Je lui ai posé alors la question suivante : « Vous êtes très
occupé. N’est-ce pas trop pénible en fin de journée ? » Le jeune écarquillant
les yeux, un peu effaré, me répond : « Mais travailler, c’est un
honneur pour moi, monsieur ! »
L’histoire ne s’arrête pas
là. Lors de mon retour sur Paris par Air France, j’ai appuyé sur l’appel des
stewardess pendant trois quarts d’heure sans succès pour avoir un verre d’eau.
Je les ai finalement découvertes bavardant tranquillement dans le local
cuisine. Arrivé à Roissy, devant retourner sur Marseille, je m’approche à 12h53
du guichet de la compagnie pour savoir si le transit des bagages se faisait
bien. Au même moment une collègue de l’hôtesse arrive et lance :
« T’es encore là ? » « Oui je finis à 13h » « Que
fais-tu pour le WE ? Et tatata et tatata…. » A 12h58 j’ai enfin la
réponse, directe et sans vérification « Oui monsieur » dit-elle en
ramassant ses affaires et en disparaissant.
Singapour affiche des taux
de croissance qui font rêver même les Chinois et le PIB/habitant qui, à cette
époque, était de 40% inférieur à celui de la France et désormais supérieur et
la différence s’accroît chaque année. Cela vous étonne ? Pas moi, car j’ai
compris à cette époque que les difficultés que nous allions rencontrer étaient
de notre fait.
Le passage de 39h à 35h, qui
a fait des ravages à l’hôpital et dans les PME. Il a appliqué brutalement une
hausse du coût de la main-d’œuvre de 12% alors que notre compétitivité n’était
pas en état de l’absorber, mais a eu une autre conséquence encore plus grave.
Dans un monde où la compétition devenait encore plus globale et intense,
l’ensemble du monde du travail, et en particulier les jeunes, ont reçu le
message que le temps de travail n’était qu’une douloureuse nécessité, et sa baisse un but pour profiter de la
civilisation des loisirs. La retraite à 60 ans, alors que la durée de vie
augmente, fait partie de la même idéologie.
Comme le prévoit le rapport
Gallois, il faut diminuer les charges sociales des entreprises pour redonner un
choc de compétitivité. La compensation peut se faire par la TVA. La baisse de 1/3
sur les charges salariales et de 2/3 sur les charges patronales permet de
compenser la hausse de la TVA pour le consommateur salarié. Mais il insiste sur
la forte diminution des dépenses publiques au contraire du budget 2013. Ces
recommandations vont en effet dans le bons sens. L’essentiel des dépenses
publiques étant les dépenses sociales et les salaires de la fonction publique,
on peut craindre que ce ne soit pas la politique suivie.
Une autre possibilité pour
redonner de la compétitivité à nos entreprises serait la sortie de l’euro avec
une monnaie française valant 1,05$ et non 1,30 comme actuellement. Là on touche
à un dogme UMP et PS qui nous conduit plutôt à la mutualisation de la dette
pour sauver des pays qui ne rembourseront jamais. On va d’ailleurs charger un
peu plus la barque en accueillant la Croatie en 2013, pays qui ne rentre pas
dans les critères demandés mais à qui on a promis l’entrée. Ce sera une charge
mutuelle de plus après la Grèce qui a menti, la Bulgarie et la Roumanie… pour
de longues années.
Oui la France peut sauver
son modèle social comme l’a fait la Suède mais au prix de quelques sacrifices,
de mesures d’optimisation des dépenses du système de santé. Oui la France peut
éviter la faillite par le soutien du travailleur plutôt que du chômeur, la
rigueur budgétaire et le soutien de entrepreneuriat, de la recherche et de
l’innovation.
L’idéologie d’une justice sociale créatrice de chômage,
Celle qui emmaillote l’individu dans une dépendance à l’Etat,
Celle du dogme de la monnaie unique au prix de la perte de souveraineté,
Doivent céder la place au pragmatisme du travail, de l’effort collectif
et de la réussite.
L’honneur d’un peuple et son meilleur pari sur l’avenir c’est :
« Aide-toi, le ciel t’aidera »
« Aide-toi, le ciel t’aidera »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon