Petit pays par son nombre
d’habitants, 5,4 millions, elle est aussi l’un des pays les moins peuplés du
monde avec 15habt/km2. Malgré les soubresauts de 1917 et de la guerre froide,
elle a établi une république stable dont les réalisations sont souvent
présentées en modèles, et cela en de nombreux domaines : notamment en
matière d'environnement et de qualité de vie.
Une de ses différences
importantes avec la France est le faible pourcentage de l’immigration à 0,73%
de la population, soit 250 fois moins qu’elle, et à la différence de sa voisine
la Suède.
En 2011 la Finlande dépasse
la France de 8,4% sur le PIB/habitant, de près de 60% sur le taux de
croissance, de 11% sur le taux d’emploi. Son taux de chômage était de 7,5% pour
9,8% chez nous. Sa balance des paiements était pratiquement équilibrée, et son
déficit/habitant sur le commerce extérieur était quatre fois inférieur à celui
de la France avec un volume exportation-importation/habitant plus élevé de 65%.
Son déficit public était de -0,6% pour 5,2% en France et la dette est de 26%
inférieure à la nôtre.
Le taux d’imposition est
élevé mais réparti pour 21% du total sur l’administration locale. La
municipalité prend en charge l’éducation scolaire à hauteur de 50%. La Finlande
est dotée d’un système social de haut niveau avec l’hôpital gratuit et très
orienté vers la famille. L’enfance et l’éducation scolaire sont au centre des
préoccupations des finlandais. Bien que le taux de fécondité soit plus faible
que la France, mais de l’ordre de celui des français de souche, la population
finlandaise croît grâce à un taux de mortalité inférieur mais n’échappera pas
de ce fait à un vieillissement de la population.
En dehors de sa réussite
économique, la Finlande apparaît comme le pays ayant les meilleurs résultats
scolaires du monde et fait l’objet de nombreuses visites de pays étrangers pour
s’inspirer de ses recettes. De nombreux facteurs différenciatifs et peut-être
explicatifs sont à noter par rapport à la France. On notera d’abord une volonté
politique depuis trente ans de privilégier le niveau intellectuel moyen en y
ajoutant un souci d’égalité des chances. Cette volonté politique est le fer de
lance de la Finlande dans la compétition internationale.
A partir d’une population
moins hétérogène qu’en France mais accueillant des enfants étrangers de
différentes langues la Finlande a voulu que l’école publique réponde à tous les
besoins de la population. Il n’y a pas d’écoles privées. Les langues sont
privilégiées, compte-tenu qu’il y a deux langues officielles, le finnois et le
suédois. L’égalité des chances se traduit par la gratuité complète jusqu’à la
fin de l’école obligatoire à seize ans, y compris transport, cantine, livres et
fournitures scolaires. Mais elle existe aussi dans la pratique de
l’enseignement où il y a trois adultes par classe, un enseignant, un adulte en
repérage et aide des élèves en difficulté, et une aide pour le maintien du
calme dans la classe ! Ceci avec des classes de 21 élèves.
Toutefois la recette n’est
pas seulement dans le nombre de personnes affectées mais dans la qualité des
enseignants. Tous sont au moins titulaires d’une maîtrise et la sélection est
dure. En effet l’entrée aux universités est sur concours et aussi difficile
pour un futur enseignant que pour un médecin. Le métier attire les jeunes car
l’enseignant est considéré comme un expert et est valorisé par une grande
confiance de la population. La relation enseignant-parent ne se limite pas au
temps scolaire mais peut intervenir dans la vie privée de l’enseignant,
toujours à disposition.
L’école primaire commence à
7 ans, avec des enfants ayant appris ou non l’alphabet en maternelle. L’école
se finit à 14h et les devoirs sont peu abondants. Le travail par groupes
homogènes est privilégié, l’évaluation est faite par l’enseignant mais l’élève
est peu noté jusqu’à sa cinquième année d’école de façon à faire arriver
lentement le stress de l’évaluation. Il faut noter que l’enseignant dispose
d’outils pédagogiques différents pour des niveaux différents à l’intérieur
d’une même classe et qu’il est primordial d’aider les enfants en difficulté.
Les redoublements sont peu nombreux car les différences d’acquisition en fin
d’année sont faibles.
Les enfants sont amenés
surtout à découvrir par eux-mêmes dans un premier temps avant l’intervention de
l’enseignement plus classique du maître. Un enseignant peut suivre une classe
pendant plusieurs années et les relations enseignant-élève s’en trouvent
renforcées. L’enseignant veille à maintenir un niveau élevé d’intérêt de
l’élève, c’est une donnée fondamentale. Les enseignants s’entraident beaucoup et
disposent d’une grande liberté pédagogique dans un climat de confiance avec les
parents et la hiérarchie.
La qualité des enseignants,
leur valorisation et la légèreté de l’administration des écoles sont facteurs
caractéristiques de l’école finlandaise. Un établissement de 900 élèves ne disposent
que de 7 postes à sa tête, un proviseur, l’adjoint pour la maternelle,
l’adjoint pour l’élémentaire, l’adjoint pour le secondaire, le secrétariat, la
comptabilité et le concierge. Le proviseur choisit ses enseignants en liaison
avec les enseignants en poste. Son établissement est subventionné moitié par
l’Etat et moitié par la municipalité, et il dispose d’une grande autonomie de
gestion.
Il est intéressant de noter
que ce n’est pas le salaire qui intéresse les jeunes qui se précipitent vers ce
métier mais la reconnaissance de leur utilité et de leur valeur par la population.
On est bien loin de cette situation en France. Ce n’est pas non plus le temps
scolaire puisqu’il est beaucoup plus faible qu’en France mais l’adéquation du
contenu scolaire et la qualité des enseignants. De plus, globalement la
Finlande dépense 6% de son PIB pour l’enseignement, soit plutôt moins que la
France, ce n’est donc pas non plus l’argent public qui fait la différence.
Miser sur l’intelligence tel est le pari de la Finlande !
C’est ce pari qui permet à un pays évolué de créer, d’innover
Donc de survivre… c’est pour ne pas y réussir que nous mourrons !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon