La précédente chronique a mis le doigt sur la vulnérabilité
des prévisions. Il y a un siècle, les réserves de pétrole étaient évaluées à 40
ans de consommation, les réserves de charbon à un siècle. Aujourd’hui on parle
de nouveau de 40 ans pour le pétrole et de trois siècles pour le charbon. Si tant
est que la relation adoptée de cause à effet entre le gaz carbonique et le
changement climatique est dans le bon sens, les prévisions pour la fin du
siècle varient sensiblement avec une élévation de température de 1°C à 5°C.
Ceci faisait dire en 2002 à J.P.Dupuy, à l’école
Polytechnique, : « On ne sait
pas si le réchauffement climatique issu des gaz déjà présents dans l’atmosphère
provoquera, à l’échelle de quelques siècles, une augmentation de température de
moins de deux degrés ou de plus de sept degrés, la différence d’impact entre
ces deux conjectures étant du même ordre que celle qui sépare un bobo au menton
d’un choc mortel sur la tête. » En fait on ne sait pas définitivement
si le réchauffement climatique que l’on aperçoit sur les neiges du Kilimandjaro
provient d’un cycle normal de réchauffement climatique ou d’une accélération du
réchauffement dû à l’effet de serre.
L’émission de CO2 fait partie du cycle normal de
la vie et la récupération de l’oxygène se fait par les arbres entre autres. Or nous
assistons à une déforestation accélérée par l’arrivée de pays émergents comme
le Brésil, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines et de nombreux pays d’Afrique.
Entre le début du Xe siècle et la fin du XIXe, le taux de
couverture sylvestre de l’Europe occidentale est passé de 90% à 20%. L’alibi
écologique sert souvent de paravent à un interventionnisme étatique avec des
enjeux considérables des pouvoirs qui vendent par pan entier à des compagnies
privées d’exploitation et distribuent les sols récupérés à leurs amis
politiques. N’est-on pas en train de dépasser tout simplement le point d’équilibre
au-delà duquel le CO2 s’accumule naturellement ?
La France a-t-elle raison de mettre la pression sur la
réduction des émissions de CO2 ? Oui si l’on considère que cela
va dans le bon sens, mais cela en vaut-il la peine ? Entre 1990 et 2000 la
proportion de CO2 dans l’air a varié de 6,9%. La part des Etats-Unis dans les
GES (émissions de gaz à effet de serre) était de 25%, celle de la Chine de
13,8%, de 4,74% pour la Russie, de 8,5% pour le Japon, de 7,4% pour l’Allemagne
(qui revient au lignite et au gaz !), de 4,3% pour le Royaume-Uni, 3% pour
la Pologne et seulement de 2,7% pour la France. Le bon élève France a d’ailleurs
eu honte d’avouer la raison pour laquelle il se trouvait en-dessous des normes
fixées par le protocole de Kyoto, ceci étant dû essentiellement à l’énergie
nucléaire… qui a de plus réduit les émissions de dioxyde de soufre !
Les Etats-Unis ont quitté le protocole en 2001, la Chine et l’Inde
ne sont pas tenues d’appliquer les contraintes en tant que pays émergents, l’Australie
a signé le protocole mais ne l’a pas ratifié. Autant dire que si la France réduit
à 0% ses émissions à effet de serre, c’est comme pisser dans un violon pour
faire de la musique… N’empêche que ceci sert d’argument à des orientations
politiques et énergétiques. L’énergie et les finances que nous dépensons pour
cette orientation pourraient sans doute trouver une meilleure utilisation
surtout en temps d’austérité en particulier dans des domaines de recherche où
notre pays est bien placé.
Les Etats-Unis et les monarchies pétrolières du Golfe ont pour intérêt stratégique le maintien du
pétrole dans son rang de source dominante d’énergie. La bataille du CO2
d’origine polluante est donc perdue d’avance mais reste un excellent argument
politique. Seule la constante percée technologique et surtout scientifique peut
permettre à la France de redresser la tête alors que notre budget recherche en
pourcentage de PIB est cinq fois inférieur à celui des Etats-Unis. L’écologie
ne doit pas freiner la science mais l’accompagner pour en tirer le meilleur
profit pour l’homme et son environnement. Les pays pétroliers et en particulier
musulmans vivent de la rente du pétrole, notre arme c’est la science. Toute
dépense mal orientée nous fait perdre de la puissance, j’ai peur que ce soit le
cas !
Pour étendre l’Empire, les
Etats-Unis préfèrent…
Faire faire la guerre
par les autres.
L’intelligence a
toujours adopté la loi du moindre effort,
Car s’épuiser en efforts
inutiles relève de la bêtise.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon