Le chômage augmente rapidement désormais en
France, et le débat autour du Traité européen (le TSCG ou traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance) commence à se focaliser sur le
maintien ou non de la zone Euro. La France est dans son cyclone. Elle doit
faire face à un défaut de compétitivité externe (par rapport aux pays ayant une
monnaie différente) et interne (par rapport à l’Allemagne). L’impossibilité de
dévaluer par rapport à ce dernier pays a conduit à une dégradation importante
de notre compétitivité, ce qui s’est traduit par un déficit de la balance
commerciale (qui était positive jusqu’en 2002-2003). Notre pays a accumulé
67Mds€ de déficit du commerce extérieur en un an entre
septembre 2011 et août 2012.
Si l’on regarde l’évolution de
l’euro depuis 1999, par rapport au dollar US et autour d’une moyenne située à
environ 1,05 dollar pour 1 euro, on constate une sous-évaluation de 1999 à
2002, et une forte réévaluation jusqu’à maintenant où l’euro flirte avec 1,30
dollar. Si l’on tient compte du fait que la plupart du commerce mondial se fait
en dollars et que ceci représente environ 40% des importations et des
exportations, on ne peut nier que depuis 2003 la surévaluation de l’euro a pesé
sur le commerce de notre pays.
Si l’équilibre s’est
produit avec un euro à 1,05 dollar, on peut penser que cette valeur est celle
qui correspondrait à notre compétitivité. Au vu des difficultés de l’Espagne et
de la Grèce, on peut évaluer que l’équilibre pour celles-ci serait
respectivement de 0,95 et de 0,7, selon Jacques Sapir, économiste universitaire.
Comme le montre le graphique ci-contre l’euro a atteint des sommets entre 2008
et 2011, avec un maximum à 1,6. Il a détruit notre compétitivité et généré
notre désindustrialisation et les délocalisations.
Selon F.
Cachia, “Les effets de l’appréciation de
l’Euro sur l’économie française”, op.cit., la surévaluation de l’Euro a
coûté environ 1% de croissance par tranche de 10% de surévaluation. Pour des variations
faibles autour de la valeur d’équilibre, l’effet sur la croissance est
certainement plus faible mais nous oscillons en 2012 entre une surévaluation de
10% à 20%. Selon que l’on prend une hypothèse de variation linéaire, donc
strictement proportionnelle, ou avec un effet minorant pour les faibles
variations et majorant pour les variations au-dessus de 25%, on calcule que la
simple surévaluation de l’Euro aura coûté à la France, en juin 2012 entre 3
mois et 4,5 mois de sa richesse produite (le PIB) soit 25% à 37,5% de plus.
Ceci reporté sur le PIB prévu en 2012 représente entre 509 et 763Mds€
de plus.
Ce calcul de Jacques
Sapir fait, toutes choses égales par ailleurs, est représentatif de l’impact de
la monnaie sur notre économie. On peut toujours remettre en cause un tel calcul
mais il part de constations de bon sens, une monnaie forte est un handicap pour
le commerce extérieur et les surévaluations ont atteint des sommets
difficilement supportables dont les effets ne sont plus contestables au regard
de l’état actuel de nos capacités de production.
L’un des
principaux effets de la croissance joue sur le chômage. D’après l’INSEE ou peut
estimer qu’une croissance entre 1,5% et 1,8% ne crée pas d’emplois. Si l’on
reporte les résultats précédents acquis avec un euro à 1,05 dollar depuis 2002,
on aboutit à un taux de chômage entre 7 et 7,5% sans tenir compte d’emplois
plus ou moins fictifs payés par l’Etat. Ce travail universitaire de Jacques
Sapir montre qu’en fin de période (juin 2012) la différence calculée est donc
comprise entre 720 000 et 830 000
chômeurs de moins alors que nous dépassons les 3.000.000 en septembre. On
peut y ajouter un gain de 10 milliards d’euros environ pour les caisses des
ASSEDIC.
L’application de cette étude aux
revenus de l’Etat et au déficit public montre que, fin 2010, nous ne serions
non seulement pas endettés mais nous aurions dégagé sur cette seule année un excédent entre 25 et 105Mds€ ! On peut
toujours remettre en cause de tels calculs mais il est indéniable que l’euro
plombe l’économie française et les comptes publics de l’Etat. Le manque de
croissance, issu d’un manque de compétitivité, ne peut être imputé à une
faiblesse de productivité puisque sur ce point nous sommes bien placés. On ne
peut pas non plus considérer que nos entreprises sont devenues subitement de
mauvais manageurs en dix ans.
On peut donc
parler d’euro-dette, d’euro-déficit, et d’euro-chômage. L’atteinte de 4.000.000
d’euros-chômeurs est tout-à-fait envisageable en 2014 au vu des politiques
d’austérité qui sont mises en place en France comme en Europe. Nous nous
dirigeons vers une période de récession. Le TSCG et son compagnon le MES
(Mécanisme Européen de Stabilité), mécanisme devant être doté de 500Mds€
par des pays endettés qui devraient donc emprunter, n’a d’intérêt que dans la
perspective d’un fédéralisme bureaucratique entraînant une perte de
souveraineté de l’Etat sur la gestion de son budget et de sa politique
économique. C’est évidemment le but principal que Bruxelles et le Nouvel Ordre
Mondial recherchent mais pas celui du bonheur des français.
Le dogme de l’euro coûte cher aux
français,
Mais il nourrit tant de
fonctionnaires à Bruxelles,
Il fait le bonheur de tant de
lobbies qui y gravitent,
Que se déjuger pour un politique
est « mission impossible »,
Il va mourir tout seul !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon