L’affaire de la BAC Nord de Marseille projette dans
l’actualité l’image d’une société où l’autorité de l’Etat est narguée par une
déliquescence locale mais révélatrice de la perte de son pouvoir policier. La
drogue est au centre de ce dévoiement d’un certain nombre de policiers
actuellement mis en cause. De toute évidence des échelons hiérarchiques sont
impliqués. On ne sait pas encore jusqu’à quel niveau cela remonte dans la
police et il n’est pas exclu que des milieux judiciaires et politiques soient impliqués dans une vaste affaire de corruption.
C’est l’un des effets de l’invasion de la drogue dans notre
pays. Mais c’est un phénomène mondial. D’après les Nations Unies, le monde
compterait 8 millions d’héroïnomanes, plus de 13 millions de cocaïnomanes, plus
de 30 millions de consommateurs d’amphétamines. D’après Interpol le narcotrafic
est estimé à 300 milliards de dollars, soit dix fois les revenus pétroliers de
l’OPEP ou proche des rentrées fiscales françaises. Il génère une économie
mondiale et une capitalisation afférente. A la drogue s’ajoute le jeu, la
prostitution, la vente d’armes, le racket sur les entreprises, les jeux
clandestins.
Dans certains états cette économie souterraine pèse beaucoup
plus que l’économie légale. Les stratégies de blanchiment de l’argent de la
drogue sont complexes. Par l’empilage de sociétés écrans elles permettent une
insertion croissante dans l’économie légale. Ces mafias sont en fait des
Organisations Criminelles Transnationales (O.C.T) dont une partie des profits
tirés de cette activité permet d’entretenir des systèmes de corruption des
sphères privées et publiques. Certaines de ces mafias rassemblent des milliers
de personnes comme la Camorra napolitaine, évaluée de 6000 à 7000 personnes
sous le contrôle de 110 familles. La mafia russe comporterait 5000 clans,
chapotés par 700 cadres et 20000 soldats. La mafia turque comprend une dizaine
de grands criminels dirigés par des parrains bénéficiant de solides appuis
politiques.
Le narcotrafic joue sur la destruction de l’Homme par
l’aliénation. Les drogues se sont introduites en France dans les années
soixante auprès de jeunes générations touchées par le mal de vivre. La culture
des stupéfiants s’est introduite dans les soirées au point d’élargir l’audience
des drogues dures et de banaliser les drogues douces. Les ‘rave pary’, présentées comme culturelles, sont lieu de consommation
des produits de synthèse, amphétamines et ecstasy, que l’on qualifie à tort de
drogues douces. Ceci amène certains partis politiques à prôner même leur
légalisation.
Toutes les drogues, qu’il s’agisse du cannabis ou de la
cocaïne, conduisent, à terme et à des degrés divers, vers l’abaissement du lien
social et du respect de la dignité humaine. Une preuve est la bestialité de
certains combats dans les guerres civiles africaines où les combattants sont
drogués. La drogue détruit le lien social et c’est dans les petits délinquants
des banlieues chaudes qu’on recrute la main-d’œuvre. Ce sont ces jeunes qui
proposent la drogue à la sortie des lycées et qui enflamment ensuite les cités.
Ces jeunes, structurellement fragiles ou déstabilisés, sont des proies faciles
et cela d’autant plus que l’Etat fait preuve d’une absence de fermeté.
Mais drogue et corruption, directe ou indirecte, sont
indissociables et l’on vient d’en avoir une illustration à Marseille. Certains
esprits pensent que la légalisation du poison va éliminer l’empoisonneur. C’est
bien mal connaître la puissance et l’ingéniosité des narcotrafiquants. Cet
interdit ne peut être levé sans qu’auparavant les grands cartels de la drogue
n’aient été démantelés. Ils n’auront qu’à mettre sur le marché des produits
marketing, juste un peu plus puissants, destinés à un public jeune, versatile,
qui sera vite lassé des produits légaux. L’interdit a toujours fait fureur.
La légalisation des drogues aurait un effet de banalisation
des produits chimiques et déboucherait, d’une façon générale, sur une absence
totale de méfiance des jeunes sur ce qu’ils absorbent dans les soirées.
D’ailleurs, une nouvelle drogue, dite « drogue des violeurs », versée
dans le verre des jeunes femmes à leur insu, sévit depuis plusieurs années dans
les rave-parties. Il s’agit d’une poudre, inodore et sans saveur, qui annihile
toute volonté et toute mémoire. Entre 1999 et 2001, plus de 140 cas ont été
relevés en France.
Il serait curieux que notre pays légalise alors que le Yémen
s’efforce d’éradiquer la tradition ancestrale du qât, véritable fléau de l’énergie humaine. Libérer le hasch est une
fausse bonne idée. Les cartels inondent les marchés d’une ’super herbe’
contenant dix fois plus de substance intoxicante. Pour l’ecstasy ils proposent
des hyper-pilules de l’amour rose fluo ou orange pailleté, farcies
d’amphétamines.
Le narcotrafic doit être combattu et la drogue considérée
comme nuisible à la société individuellement par l’aliénation de l’individu et
la rupture du lien social, et collectivement par la corruption et la
déstabilisation de l’économie d’un pays. Au nom de la liberté des hommes on ne
peut tolérer ce qui les détruit et atteint le fonctionnement normal d’une
société où l’Etat est garant du bien commun. On peut s’alarmer de la naïveté de
certains dirigeants politiques face à une puissance maffieuse capable d’aliéner des individus mais aussi de
détruire certains états par la corruption morale et économique. La France est
d’autant plus visée que ces mafias s’appuient sur le fait migratoire et mènent
une guerre contre notre solidité sanitaire, morale et intellectuelle.
« Celui qui n’a
pas un pouvoir suffisant pour protéger
chaque membre du peuple
contre un autre
n’a pas le droit de lui
donner des ordres » Kant
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon