Le budget 2013 est bâti sur des bases irréalistes et la France
ne va pas échapper à la récession et à la multiplication des plans de licenciements.
PSA, Florange, Sanofi et bien d’autres sont déjà là pour nous dire que le mal
est déjà en cours. La zone euro elle-même va voir son taux de chômage augmenter
en 2012 et 2013. La croissance mondiale s’essouffle et la Chine devient un
moteur beaucoup moins puissant tourné de plus en plus vers sa consommation
intérieure. Les Etats-Unis font marcher à plein la planche à billets mais leur
croissance reste atone.
Le MES ne sauvera pas la France. Il n’est pas doté des moyens
financiers nécessaires et son mécanisme relève de l’utopie puisqu’il s’agit de
prêter à des Etats en difficulté par des Etats endettés jusqu’au cou et qui
vont eux-mêmes emprunter pour pouvoir alimenter le MES. Le volet
croissance « pseudo-négocié » a quelque chose de
risible : 120 milliards d’euros sur trois ans. Or, pour avoir une
réelle politique de relance, il faut 200 à 250 milliards par an. La BCE est transformée en banque
nationale européenne frappant monnaie d’une façon ou d’une autre, et ce en
dehors d’ailleurs de son rôle statutaire. Elle permet seulement de distribuer
aux banques des liquidités qui alimentent la spéculation et maintiennent
artificiellement la Bourse mais qui ne
circulent pas dans le monde économique.
Tout cela ne peut mener très loin mais la France maintient
son peuple dans une sécurité illusoire car personne n’ose dire la vérité. Le
budget 2013 n’a pour but que de faire croire aux agences de notation et aux
investisseurs que la France est solide et capable de s’en sortir. Malheureusement
l’heure est très proche où la vérité va éclater. Dans le cadre de l’euro et
avec les dispositions fiscales prises, la France ne peut pas s’en sortir. Le
peuple croit encore confusément à l’Europe mais désormais comme un idéal de
plus en plus inaccessible. A contrario les gouvernants européens, pris dans
leurs engagements antérieurs d’une Europe radieuse et soumis à la pression du Nouvel
Ordre Mondial, fer de lance des Etats-Unis et de ses banquiers, s’entêtent dans
une voie sans issue. Pire, d'ici 2013, globalement soit directement ou
indirectement, la France doit trouver sur les marchés environ 600 milliards
d'euros, dont 429 milliards d'euros de refinancement de vieilles dettes.
Depuis plus de trente ans la France est soumise à un pourrissement de ses
comptes publics. Le directeur de la banque de France, Christian Noyer, le
confirme dans Le Figaro : "en 30 ans et de nombreuses
dévaluations, nous n'avons jamais affiché un budget en excédent et donc nous
n'avons jamais pu réduire notre stock de dette !". Jean Arthuis,
actuel Président de la Commission des finances du Sénat écrit dans son livre
paru en mars 2011, Finances publiques, Sept mesures d'urgence pour
éviter la faillite :
"La France emprunte plus de 800 millions d'euros par jour pour
payer ses dépenses courantes et rembourser notre dette, comme un ménage
surendetté pris au piège du crédit revolving. [...] La charge des intérêts
de la dette atteint 45 milliards d'euros : c'est le premier poste de
dépense du budget de l'Etat [...] Et elle s'alourdira encore dans les années à
venir, à cause de l'effet boule de neige". Depuis plus de trente ans
nous vivons à crédit malgré une politique de hausse des impôts.
"La France a ce triste privilège d'être en haut du podium pour le
taux de dépense publique par rapport à notre richesse nationale (on est à plus
de 56%) mais également d'être sur le haut du podium par le taux des impôts et
des prélèvements obligatoires, des impôts et des cotisations sociales".
Dixit notre ministre de l'Economie, François Baroin, le 1er août 2011 sur
France Inter. Autrement dit, la pression fiscale est déjà à son maximum.
Le gouvernement augmente encore celle-ci au risque de bloquer encore plus
la croissance, de provoquer la fuite des capitaux et des diplômés vers l’étranger.
Son budget 2013 est bâti sur une croissance de 0,8%, valeur à laquelle ne croit
plus que lui, et nombre d’économistes parient sur une récession entre -0,3% et
-0,5% soit 1 à 1,5% du PIB et 20 à 30 milliards supplémentaires à trouver… Le
problème, c'est que nous ne pouvons plus avoir recours à la planche à billets
comme autrefois. Avec l'introduction de l'euro, nous avons transféré ce pouvoir
à la Banque Centrale Européenne (BCE) et à Mario Draghi. Il ne reste plus qu'à
emprunter... sans limite.
Le taux à dix ans est actuellement de 2,2% mais jusqu’à quand ? La
seule certitude c’est que ce n’est pas pour longtemps. Dès que les taux
atteindront 6%, nous basculerons dans l’insolvabilité ce qui se produit en Irlande,
en Grèce et en Espagne. Jacques Sapir écrit : « Si notre déficit budgétaire reste en l’état, le traité ne pourra
pas être appliqué, et la crédibilité de la France sera engagée. Nous savons que
l’économie française n’est en mesure de créer des emplois qu’à partir de
1,5 % de croissance. La barre du chômage devrait atteindre 3,8 millions à
la fin 2012. Jusqu’en 2015, le scénario est donc très noir. » L’endettement
réel est par ailleurs beaucoup plus important que celui avoué à Bruxelles, nous
en reparlerons dans une prochaine chronique car la vérité va finir par éclater.
Nous sommes
comme un ménage criblé de dettes,
Mis en sursis
par la Commission de Surendettement,
Et en cours de
fichage auprès des banques et des investisseurs.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du
Languedoc-Roussillon