L’Etat est beaucoup plus endetté que l’on ne pense comme nous
l’avons vu précédemment mais il se permet aussi de ne pas faire ce que toute
entreprise, digne de ce nom, fait dans son bilan. Lorsque des dépenses futures
sont inévitables, l’entreprise remplit la rubrique
« Provisions » qui viennent
donc grossir son endettement. Si l’entreprise doit être rachetée, ceci apparaît
et l’acheteur sait qu’il achète aussi les dettes. C’est ce que fait EDF avec
ses centrales nucléaires, il provisionne leur démantèlement même si la date
précise de celui-ci n’est pas connue.
L’Etat se
permet de faire autrement, masquant la réalité de l’endettement. C’est le cas
de la retraite des fonctionnaires. C’est ce que déclare Philippe Herlin dans son ouvrage France, la
faillite ? : "il ne s'agit pas d'une dette stricto
sensu (il n'y a pas de bons du Trésor émis sur cette dépense) mais d'un
engagement que l’État a envers ses agents et qu'il doit (comme toute
entreprise) évaluer et provisionner". D’ailleurs dans ses 'Résultats et gestion budgétaire
de l’État, exercice 2009', la Cour des Comptes estime en mai 2010 les 'engagements
de retraite des fonctionnaires et des militaires' à 60% du PIB, soit 1 200
milliards d'euros. Pour l'instant, Bruxelles n'a pas demandé à la France
des les intégrer dans sa dette publique"...
C’est très probablement une somme largement supérieure
à 3000 Mds€ qui constitue
la dette réelle de la France, dette qui engage les années à
venir. A cela il faut ajouter les engagements pris au niveau de l’Europe. Rien
que pour le fameux FESF (Fonds de
solidarité européenne), la France avait accordé une garantie maximale initiale
de 111 milliards d'euros... qui a été portée à 159 milliards d'euros en 2011 !
Il est bien difficile de penser que ces sommes ne seront pas réellement
dépensées quand on voit l’état de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de
l’Espagne et même de l’Italie !
A force d’évoquer au public la référence au PIB, certains pensent qu’il
s’agit des revenus de l’Etat et que 3% de déficit ce n’est finalement pas
grand-chose. Il faut redire que le PIB est calculé comme une somme de
dépenses :
- Les dépenses
de consommation des ménages et des entreprises ;
- Les dépenses d'investissement ;
- Les dépenses publiques (redistribution et investissements) ;
- Les exportations nettes (montant des exportations- montant des importations)
- Les dépenses d'investissement ;
- Les dépenses publiques (redistribution et investissements) ;
- Les exportations nettes (montant des exportations- montant des importations)
A part la dernière rubrique il ne s’agit bien que de dépenses. Au passage
on remarque qu’au lieu d’un déficit, l’équilibre du commerce extérieur
augmenterait le PIB et donc baisserait le ratio Déficit/PIB, rendant plus
facile l’atteinte des 3% à déficit constant. C’est donc bien notre
compétitivité qui est au cœur de notre redressement ou notre affaissement.
Notons enfin que la consommation des ménages et des entreprises fait monter ou
baisser le PIB. Si la pression fiscale augmente, les consommations diminuent et
le PIB diminue. Pour maintenir le ratio déficit/PIB, il faut diminuer les
dépenses de l’Etat ou augmenter ses recettes en augmentant la pression fiscale
laquelle, mathématiquement, fait baisser les consommations et fait baisser le
PIB. On peut continuer ainsi de suite cette spirale descendante dans laquelle
nous sommes.
Il faut aussi tordre le cou à cette croyance populaire, dont se servent
quelquefois nos représentants, qui veut que l’Etat ne peut pas faire faillite.
Or l’histoire est remplie de faillites d’Etats. On ne note pas moins de 240
faillites récentes comme par exemple : l'Allemagne en 1923, l'Angleterre
dans les années 70, la Yougoslavie en 1995, la Russie en 1998 ou bien encore
l'Argentine en 2002.
Il est indispensable, pour qu’un sursaut se produise, que nous comprenions
que la faillite peut arriver demain, car nous sommes pour l’instant dans l’indifférence généralisée, entretenue
par les politiques et les médias. En 1970, en Angleterre, on coupait
l’électricité par quartiers et certains rentraient chez eux à la lueur des
bougies qui devenaient rares dans les magasins... C'est ce que souligne
l'économiste Philippe Herlin : "les gens s'imaginent que si l'Etat
ne peut plus payer sa dette, ce n'est pas grave". En psychologie, une
telle attitude a un nom : le déni.
Il poursuit : "en fait, si l’État fait défaut sur sa dette,
cela aura des répercussions sur l'ensemble de l'économie. [...] Les banques
seront obligées de fermer et l’État sera obligé de contingenter les retraits
puisqu'il n'y aura plus assez d'argent dans le circuit. C'est ce qui arrivera.
Ce n'est pas de la science-fiction, puisque c'est ce qui s'est passé en
Argentine".
Face à cela le volontarisme est faible et surtout il n’est pas en phase
avec les moyens. Le gouvernement n’a pas les moyens de faire du volontarisme.
On constate surtout les limites d’un certain type de discours. Le ministre du
Redressement productif, Arnaud Montebourg, ne fait qu’une chose : de
l’accompagnement compassionnel. La puissance de la France est en peine
dégringolade car nous n’avons pas, comme le dit pour les États-Unis Fernand Braudel, « un fort patriotisme teinté d’universalisme moralisateur, le pari
de la technique, l’appui du dollar roi. »
Notre patriotisme siffle la Marseillaise, salue le nouveau Président de la
République avec des drapeaux étrangers, se lie à l’OTAN et milite pour le
fédéralisme. Nous abandonnons de grandes ambitions dans la science et nous
abandonnons même ce qui était l’un de nos fleurons, le nucléaire. Enfin nous
lions notre monnaie aux autres c’est-à-dire au mark et notre indépendance à
l’impérialisme du dollar et du Nouvel Ordre Mondial. Que nous reste-t-il pour
remonter la pente ? Le peuple français qui attend ce leader qui lui montre
la voie à suivre et qui lui ouvre les yeux. Je suis sûr que le peuple saura
rejeter ceux qui l’ont trompé, retrouver l’envie de vivre de l’après-guerre et
ouvrir une voie nationale courageuse car :
Si la France
reste la charrette de l’Allemagne
Si la France se
réfugie sous le parapluie américain
Si la France
pense que l’heure des sacrifices n’est pas venue
Elle s’éteindra
dans une autre culture et ses jeunes la fuiront
Laissant les tombes
de ses valeureux ancêtres disparaître sous la nature.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon