Front national contre
Front de Gauche, c’est comme deux taureaux corne contre corne que s’affrontent
ces deux partis classés aux extrémités de l’échiquier politique. L’enjeu c’est
la Grèce et son incroyable référendum qui a mis les deux adversaires soit dans
une euphorie chantante puis une apnée prolongée pour le Front de Gauche, soit un
crochet du droit FN sur la gauche grecque et ses turpitudes suivi d’une accolade
admirative à Tsipras sur le référendum puis d’une prudente retraite sur la
sortie de l’euro. Les deux partis veulent saisir l’occasion de gagner des voix
dans les urnes mais la Grèce est devenue une patate chaude.
Les médias toujours à la recherche
de nouveautés plus ou moins sensationnelles surfent sur l’alliance des extrêmes
et dans ce survol prennent au passage Cécile
Duflot, Jean-Pierre Chevènement, Henri
Guaino, Jacques Myard, les frondeurs, dont le banquier
Matthieu Pigasse, nouvel ami d’Arnaud Montebourg, Edwy Plenel, Natacha Polony, Thomas Piketty,
Frédéric Lordon ou encore Jacques Sapir et les souverainistes en
général. C’est comme si vous mettiez deux boxeurs sur le ring, que
peuvent-ils souhaiter d'autre que le K.O. Mais cet ensemble disparate a trouvé un
sujet d’accord dans l’ensemble des désaccords qu’ils affichent ou font semblant
de montrer. En France il n’est pas de bon aloi de montrer un accord
gauche-droite, le gouvernement de coalition n’existe jamais réellement. Même
dans la période de cohabitation, on n’avait d’accord pour la Nation, mais un
accord sur la répartition des portes-feuilles ministériels.
Un nom les réunit, Alexis
Tsipras. Un éclair de démocratie les a éblouis puis l’obscurité s’est faite, les
voix se sont tues ou presque, soit comme pétrifiées à la gauche-gauche, soit
prudentes devant l’issue incertaine d’une bataille qui n’est pas la leur à la
droite-droite. Dans le Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, sonné après la
capitulation de Tsipras, est d’autant plus amer que Marine Le Pen fait l’éloge
de Tsipras et n’approuve pas une sortie grecque de l’euro. Il se fend d’un
communiqué : « La montée de Syriza et des forces progressistes en
Europe est un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente
Marine Le Pen. » Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur ! Ajoutons que le FN, englué dans des
histoires de famille, a fortement tergiversé avant de prendre un cap audible.
Pourtant souhaiter la sortie de l’euro pour la France et pas pour la Grèce manque
de cohérence. Les communistes ont aussi hésité et même ont attendu la dernière
minute pour voter Tsipras.
Les
deux fronts sont réunis dans un sentiment d’hostilité à l’égard de Bruxelles
que le Front national et le
Front de gauche rêvent de capitaliser dans les urnes. L’euro divise encore
profondément la droite et la gauche, Jean-Pierre Chevènement mis à part.
Jean-Luc Mélenchon songe toujours à une Europe plus sociale qui peut encore
être possible et qu’il faut encore sauver l’euro en étranglant les prédateurs,
banques et lobbies que représente la troïka en Grèce. Comme la plupart du temps
Mélenchon fait une excellente analyse politique de la situation grecque,
française et européenne, mais il ne peut se résoudre à des solutions pratiques
viables et non idéologiques. La sortie de l’euro reste pour lui, une solution
de dernier recours pour le mieux, une catastrophe politique au pire.
Le FN a du mal à accepter que ce soit des mouvements de gauche-gauche
qui secouent l’euro et l’UE, que ce soit en Grèce, en Italie ou en Espagne. Ceci
rend moins audible, la nécessité du FN pour faire bouger les choses. Par
ailleurs il ne rassure pas le peuple français sur la sortie de l’euro car c’est
bien ainsi que les partis de la pensée unique capte les voix européistes en
claironnant le catastrophisme. En position centrale sur l’échiquier politique,
les européistes voient les deux fronts se heurter jusqu’à agenouiller l’autre
pour un même but s’éloigner de Bruxelles. Ils ont encore de bons jours à vivre mais c’est de l’extérieur que viendra pour eux la menace.
Il faut reconnaître que ce
sont les souverainistes qui ont la position la plus claire et la plus
cohérente. La sortie de l’euro est nécessaire pour la Grèce comme pour la France.
C’est une condition nécessaire et non suffisante. La sortie de l’euro peut se
faire sans catastrophe à condition de maîtriser la sortie de capitaux dans un
premier temps. Elle redonnera rapidement au pays une dynamique économique
vis-à-vis de l’Allemagne entre autres. La monnaie unique peut devenir une
monnaie commune servant aux transactions bancaires et au commerce
international. Le traité de Schengen ne peut subsister en l’état si l’on veut
maîtriser l’immigration. Le fonctionnement de l’UE doit être revu dans le sens
d’une union de nations souveraines, décidant par la voix du peuple, si des
tâches régaliennes doivent être mises en commun. L’UE doit se recréer
progressivement sur la base des intérêts communs et d’une volonté d’adhésion
des peuples sans volonté de fédéralisme à tout prix. La voix de Bruxelles doit être la voix des peuples et non de
politiques au service de la finance, des lobbies et de technocrates aux ordres.
La souveraineté refuse les hégémonies que ce soit celle de l’Allemagne ou des États-Unis.
Rome est morte du gigantisme, l’URSS du communisme.
La Suisse rayonne dans la souveraineté et la votation.
Le Royaume-Uni continue à faire du libre-échange.
La France s’englue dans la dépendance
Ὰ l’Allemagne, aux Etats-Unis,
Et à l’euro dans une Union
Qui se voudrait fédérale
Sans espoir d’y arriver !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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