Notre Président joue
dans le répertoire des valses à trois temps. Le premier temps c’était la crise
grecque où il a joué le rôle du picador qui affaiblit le taureau mais, en le
gardant dans l’arène, le prépare pour le rutilant matador. Fermant la porte de sortie
de l’euro, au cas où la bête blessée grecque claquerait la porte, il a offert
la Grèce sur un plateau au couple Merkel-Schäuble. Le taureau grecque s’est
agenouillé et l’estocade a été portée. Les dépouilles grecques saignent au fil
des votes de son Parlement qui les essorent à qui mieux mieux. C’est le premier
temps de la valse démagogique présidentielle.
Revenu à l’Elysée, le
politique Président se ravise, car la réussite du plan est de moins en moins
assurée, comme le dit le rapport du FMI et comme même le laisse entendre
Schäuble lui-même. Ce n’est pas peu dire de la part d’un ministre allemand, champion
de l’austérité. Les évènements risquent de ne pas permettre au Président d’en
tirer parti. A cet évènement politique mal parti, il lui faut réagir par une
autre action politique. Reprenant la vieille idée de Jacques Delors, le
Président imagine une espèce d’entité euro qui aurait un budget propre et un
Parlement pour le contrôler, une espèce de fédération eurogroupe dans l’UE.
Pourquoi faire simple, quand
on peut faire compliqué. Il aurait pu penser institutionnaliser l’Eurogroup
qui n’a pas de statu dans l’UE, et demander au Parlement de l’UE et aux
dix-neuf chefs d’État d’en exercer le contrôle. Il propose encore une strate
supplémentaire… comme choc de simplification dont il a le secret. C’est donc
une poussée vers le fédéralisme restreint auquel nous convie le Président.
Après avoir accusé l’échec de l’idée des eurobunds, sorte de mutualisation de
la dette, rejetée par l’Allemagne, Hollande revient sur le même tapis… Il aura
la même réponse de l’Allemagne et pour la même raison, l’Allemagne ne veut et
ne peut supporter de prendre en compte l’égalisation de la dette sur l’ensemble
de l’eurogroupe. Cela représenterait 8 à 12% de son PIB. Mais Hollande veut
montrer sa force d’initiative et si cela échoue, le peuple aura oublié ce qui
le dépasse un peu et n’est pas au centre de ses préoccupations.
Par cette deuxième
démarche fédérale et démagogique, la réalité agricole est venu troubler les
festivités prévues pour la Conférence climat. Pris dans le piège des promesses
non tenues, menacé par son imprévision de la montée de la colère paysanne, le
Président réunit à la hâte le gouvernement, dépêche sur place un ministre
plutôt réticent et se fend d’un discours où il appelle les intervenants du
producteur au consommateur à prendre en compte les difficultés de la
paysannerie. Les grandes surfaces doivent baisser leurs marges, comme les
intermédiaires et le consommateur doit manger « français ». Vous
voyez, ce n’est pas difficile d’être Président, c’est même l’enfance de l’art
pour un étudiant de première année en économie.
Et l’État dans tout ça, que
fait-il ? Il ouvre sa bourse (le temps de lever les barrages) et il prie pour
que les produits étrangers s’arrêtent à nos frontières, effrayés qu’ils seraient
de la qualité de nos produits et de la volonté des français de payer plus cher
au seul vu du label « made in France ». Mais au fait en incitant les
français à manger français, n’est-ce pas une forme de protectionnisme qu’encourage
le Président ? Cette troisième action démagogique d’un Président au four et
au moulin par vent contraire, pris dans les hauteurs de vue du « sommet
des consciences », fait cohabiter le fédéralisme eurogroupe avec le
protectionnisme français. Cela prouve la consistance de la réflexion de notre
Président et sa hauteur de vue qui se hisse désormais à la hauteur de sa
campagne de 2017. La démagogie bat son plein mais la cohérence de la politique
menée est celle du « fil de l’eau » !
Il n’était point de grand pays qui ne se donna un grand chef.
Désormais la gouvernance se nourrit dans la technocratie
Et une anti-démocratie qui permettent de donner
Aux politiques sans vue cohérente à terme
Les rênes des pays moutonniers.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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