Obama se lève à l'aube pour parler d'un
accord historique qui va assurer la paix du monde et surtout des USA. Hollande
se félicite de l'action décisive française dans cette affaire où nous avons
tout fait pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Fabius triomphe
parce qu'on a parlé aussi des armes classiques type missiles. Dès qu'un accord
international est signé chaque pays rentre en criant victoire, dans le sens
d'un pas vers la paix et assurant avoir fait une avancée économique, sensée
profiter au bonheur des peuples. Pourtant l'histoire est pleine d'accords
internationaux qui se sont révélés des catastrophes pour la paix ou le bien des
peuples. Celui de Munich a scellé un accord de dupes où le seul vainqueur était
Hitler.
Obama veut finir en beauté
son quinquennat et passer le manche dans les meilleures conditions à Hilary
Clinton, ou autre démocrate, qui veut lui succéder. Hollande est déjà en
campagne et veut accumuler les succès internationaux car les nationaux lui
échappent et l'économie française s'essouffle derrière la faible reprise
européenne. Chacun a un but personnel qui le pousse à s'encenser lui-même. Mais
on ne peut rien comprendre aux tergiversations qui ont précédé cet accord sans
le regarder par la lunette de la géopolitique. Qu'en est-il des raisons
géopolitiques ?
On veut nous faire croire
que l'Iran est un affreux pays qui va semer la guerre nucléaire dans le monde
et en particulier sur Israël. Rien n'est moins sûr, l'Iran souffre des
sanctions et aspire à retrouver une place dans la mondialisation. Ses ennemis
ce sont les sunnites et particulièrement l'Etat islamique qui joue aussi le jeu
des américains. Alors ? Pour pouvoir déstabiliser ou attaquer un pays, il faut
d'abord le faire passer pour un ennemi des droits de l'homme, un pays capable
de tout même de la guerre nucléaire. C'est la stratégie des USA depuis des
dizaines d'années désormais. L'Iran, autrement dit la Perse, a historiquement
une place particulière dans la géographie et l'histoire. C'est un pays puissant,
riche en pétrole et stable, trois qualités bien ennuyeuses pour la stratégie
américaine. L'Iran a donc été depuis longtemps mis au banc des accusés et déclaré
ennemi numéro un des USA sous Bush.
La mise en œuvre des centrifugeuses pour
doter le pays d'une certaine indépendance dans le nucléaire civil a donné une
occasion en or pour claironner que l'Iran voulait "la bombe" d'autant
plus que ce pays mettait de la mauvaise volonté à accepter des contrôles.
Effectivement la centrifugation permet assez facilement la production d'uranium
très enrichi nécessaire à l'arme nucléaire. On a donc décidé de mettre l'Iran
sous sanctions comme moyen de pression pour l'empêcher de construire la
bombe... non pour l'affaiblir économiquement et créer comme ailleurs une
situation de chaos. Au passage l'embargo sur le pétrole était un cadeau à son
concurrent l'Arabie Saoudite, alors meilleur ami des USA. A ce moment les
discussions ne risquaient pas d'aboutir puisqu'il fallait maintenir les
sanctions pour étrangler l'Iran.
Aujourd'hui les choses ont
largement évolué pour deux raisons qui n'en font qu'une d'ailleurs, le pétrole.
Enfin plus exactement le gaz de schiste qui permet aux USA une autonomie en
pétrole qu'il n'avait pas auparavant. La géopolitique américaine, qui était
centrée sur l'emprise à mettre sur les ressources pétrolières pour alimenter
l'économie américaine, bascule sur une stratégie différente. Les relations avec
l'Arabie Saoudite, qui ont créé le pétrodollar, n'ont plus le même intérêt et le
pétrole de l'Iran n'est plus nécessaire pour assurer une indépendance
pétrolière américaine. Une troisième raison se trouve dans l'avènement de plus
en plus visible et influent des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique
du Sud) tant sur le plan monétaire, qu'économique, financier et stratégique
avec la constitution d'un deuxième pôle venant écorner l'hégémonie américaine.
Dès lors il n'est plus avantageux de
continuer à étrangler l'Iran car celui-ci commence à se rapprocher des BRICS,
en particulier de la Russie, et la portée des sanctions va donc diminuer. Il
était temps de changer de stratégie pour inciter l'Iran à se rapprocher des
USA. L'accord sur le nucléaire devenait nécessaire mais les partenaires des
USA, France, Royaume-Uni en particulier, étaient allés si loin dans les
entraves mises à l'accord qu'il fallait les ménager en faisant semblant d'être
encore "dur en affaires". Seul Israël monte au créneau car il avait
besoin du Satan iranien pour l'aide militaire américaine. Nonobstant la
décision américaine d'aboutir était cette fois prise... et l'accord s'est fait.
L'Iran n'aura pas la bombe claironne-t-on pour signer une victoire qui n'est
qu'un changement de stratégie géopolitique américaine. Car personne ne se
soucie qu'Israël, le Pakistan et la Corée du Nord ait "la bombe" et
n'ait pas signé le traité de non-prolifération. Ces pays ne présentent aucun
danger !?
Par contre il est quasiment
impossible d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire depuis que ce pays
détient la technologie de la séparation isotopique de l'uranium par centrifugation. Étant un expert dans ce domaine précis, je sais comment arriver secrètement à
produire de l'uranium militaire en quantité suffisante pour plus d'une bombe.
Il ne faut pas disposer de grandes surfaces et celles-ci peuvent être trouvées
facilement et enterrées. Le problème du plutonium est plus facile à contrôler
sur les réacteurs mais la Russie peut être d'une aide précieuse comme pour
l'eau lourde. L'Iran aura donc la bombe si elle le veut, elle l'a déjà
peut-être. L'accord ne résout rien pour le maintien de la paix mais il permet
aux USA de faire pression sur l'Iran pour qu'il ne tombe pas dans le giron des
BRICS.
Une fois encore on prend les peuples pour des oies,
Des oies que l'on gave de fausses informations
Qui masquent soigneusement les buts réels,
Mais sont exploitées pour faire mousser
Les politiques en quête de réussites !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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