Cet
ex-Ministre des Finances grecques montré une telle clairvoyance de l’économie
de son pays et de l’économie en général qu’il devenait la cible privilégiée des
institutions et de l’Allemagne. Ce n’est pas Pierre Moscovici ou Michel Sapin
qui auraient pu et su faire entendre un son de cloche aussi différent car ils
tremblent, l’un de perdre son poste, l’autre de devoir faire face aux diktats
allemands sur l’austérité. Varoufakis était condamné à quitter la table des
négociations car il avait vu clair dans le jeu de ses adversaires. Il était
condamné car son affrontement ne pouvait se solder que par la sortie au moins
provisoire de l’euro. Tsipras n’a pas osé aller jusqu’à l’explication à son
peuple qu’il fallait en sortir. Le référendum a affirmé le contraire, Tsipras
était condamné à la capitulation. Varoufakis a été éjecté pour pouvoir faire l’aumône
avec des certitudes d’austérité plus dure et des promesses sous conditions…
lorsque les créanciers auront décidé qu’elles sont remplies.
C’est
pour ne pas avoir eu le temps de préparer la population que Tsipras a reculé.
Varoufakis l’a très bien expliqué sur radio « OMFIF » : « Si nous ne pouvions pas avoir un accord
viable, nous aurions dû envisager de sortir. Le problème était que, une fois
que vous êtes à l'intérieur du cadre d'une union monétaire, il est toujours
aussi difficile de créer ce genre de dialogue avec le public, ce qui est
nécessaire pour préparer les gens à ce qui vient, pour un processus de
désengagement de l'union monétaire, tandis que dans le même temps il faut
éviter la précipitation d'un effondrement. C'est un peu comme, imaginez si vous
aviez à préparer une population, un électorat pour une dévaluation, une très
forte dévaluation 12 mois avant qu'elle ait lieu, par le dialogue, vous pouvez
comprendre que c'est une impossibilité. » Avant les élections de janvier et avec l’autorisation
de Tsipras, Varoufakis avait élaboré un plan B de constitution d’un système
parallèle de paiement en « piratant » l’administration fiscale
grecque sous contrôle de la troïka. Car la Grèce en est arrivé a point où le
Ministre des Finances n’a plus la main. Le Secrétariat Général des Finances
Publiques au sein de mon ministère est contrôlé entièrement et directement par
la Troïka donc par Bruxelles.
En gros il se servait des paiements fiscaux pour créer une espèce de
banque de réserve permettant un accès à tout contribuable et à l’Etat de payer des
tiers avec des numéros d’identification (code PIN) dans un système monétaire de
paiement parallèle. C’était s’affranchir des banques qui sont sous dépendance
de la BCE et peuvent être fermées à tout moment, se donner un peu d’air et
permettre même de passer progressivement au drachme au lieu d’effectuer une
dévaluation brutale. On a bien sûr accusé Varoufakis d’avoir ourdi des
malversations sur les compte de l’Etat. Tout était bien préparé avec un
spécialiste de l’informatique mais Tsipras n’a pas eu le courage de le mettre
en œuvre quand il a eu le couteau sous la gorge. C’était pourtant une manière
particulièrement astucieuse de faire tourner l’économie en échappant
partiellement aux aides hors remboursement de la dette.
Varoufakis
a également perçu le danger qui menace son pays après le vote des mesures d’austérité
et la promesse de 80 milliards d’euros : « Ma grande inquiétude à propos de Euclide Tsakalotos [le nouveau
ministre des finances], est que le FMI et le Dr Schäuble et le MES (Mécanisme
européen de stabilité financière (MESF)), sont engagés dans un jeu qui est
exactement à l'opposé de la simplicité. D'une part, on nous dit que le MES ne
pourra fournir ce prêt très discuté de plus de 80 milliards d'euros que si le
FMI est à bord. Le FMI vient de publier une analyse de viabilité de la dette,
qui déclare de toute évidence et officiellement que la dette grecque est
insoutenable et que selon ses propres règles, le FMI ne peut pas participer à
un renflouement. […] Je pense qu'il y a une lutte majeure entre les
institutions : le MES, la Commission européenne, le FMI et le Dr Schäuble.
Le Dr Schäuble et le FMI ont un intérêt commun, ils ne veulent pas que cette
affaire se fasse. Wolfgang m'a dit très clairement qu'il veut un Grexit. Il
pense que continuer à "Extend and pretend" ("étendre et faire
semblant") est inacceptable. »
Varoufakis
poursuit : « Le FMI ne veut pas
d'un accord, car il ne veut pas avoir à violer à nouveau sa charte et fournir
de nouveaux prêts à un pays dont la dette n'est pas soutenable. La commission
veut vraiment que cet accord se fasse, Merkel veut que cet accord se fasse, de
sorte que ce qui s'est passé au cours des cinq derniers mois est maintenant
projeté dans le très court terme - sauf que c'est artificiel, à cause de cette
absence totale de coordination entre les créanciers. »
Mais
où sa vision devient particulièrement lucide et prémonitoire c’est quand il
déclare officiellement que l'enjeu de tout cela, c'est la France et que
M. Schäuble se sert de la Grèce comme une sorte de pion essentiel dans un
jeu d'échecs beaucoup plus grand dont la France fait partie. « Les Français sont terrifiés. Ils sont
terrifiés parce qu'ils savent que, s'ils réduisent leur déficit budgétaire aux
niveaux que demande Berlin, le gouvernement parisien tombera certainement. Il
leur est absolument impossible politiquement de mettre en place le type
d'austérité qui est exigé d'eux par Berlin. Et quand je dis par Berlin, je veux
dire par Berlin, je ne veux pas dire par Bruxelles, je veux dire par Berlin.
Alors ils essaient de gagner du temps. C'est ce qu'ils font, comme vous le
savez, depuis quelques années. Ils essaient de gagner du temps en repoussant le
moment où ils devront réduire leur déficit en dessous de 3,5%, 3%, selon les
critères de Maastricht et le pacte de stabilité et de croissance. »
Varoufakis confirme bien que l’Allemagne
est désormais au centre du jeu dans la zone euro et même l’UE. Et en même
temps, Wolfgang Schäuble a un plan. […] « Il
croit que la zone euro n'est pas durable telle qu'elle est. Il croit qu'il doit
y avoir des transferts fiscaux, un certain degré d'union politique. Il croit
que, pour que l'union politique fonctionne sans fédération, sans la légitimité
qu'un Parlement fédéral régulièrement élu peut accorder à un exécutif, il faut l'imposer
d'une manière très disciplinaire. Et il m'a dit explicitement que le Grexit,
une sortie de la Grèce, va lui fournir un pouvoir de négociation suffisant, un
pouvoir de terreur suffisant, pour imposer aux Français ce à quoi Paris [le
gouvernement français] résiste. Et qu'est-ce que c'est ? C'est un certain
degré de transfert des pouvoirs de décisions budgétaires de Paris vers
Bruxelles. » Bercy concocte actuellement des mesures d’austérité
sur les retraités, nous savons désormais pourquoi… à cause du diktat allemand.
La France est sous tutelle de fait et
sauve les apparences
Nos élites sont près à toutes les
bassesses
Pour sauver l’euro, leur raison d’être
Et de sauver la face d’un pari
perdu !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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