jeudi 30 juillet 2015

Yanis Varoufakis nous montre où va la France !



Cet ex-Ministre des Finances grecques montré une telle clairvoyance de l’économie de son pays et de l’économie en général qu’il devenait la cible privilégiée des institutions et de l’Allemagne. Ce n’est pas Pierre Moscovici ou Michel Sapin qui auraient pu et su faire entendre un son de cloche aussi différent car ils tremblent, l’un de perdre son poste, l’autre de devoir faire face aux diktats allemands sur l’austérité. Varoufakis était condamné à quitter la table des négociations car il avait vu clair dans le jeu de ses adversaires. Il était condamné car son affrontement ne pouvait se solder que par la sortie au moins provisoire de l’euro. Tsipras n’a pas osé aller jusqu’à l’explication à son peuple qu’il fallait en sortir. Le référendum a affirmé le contraire, Tsipras était condamné à la capitulation. Varoufakis a été éjecté pour pouvoir faire l’aumône avec des certitudes d’austérité plus dure et des promesses sous conditions… lorsque les créanciers auront décidé qu’elles sont remplies. 

C’est pour ne pas avoir eu le temps de préparer la population que Tsipras a reculé. Varoufakis l’a très bien expliqué sur radio « OMFIF » : « Si nous ne pouvions pas avoir un accord viable, nous aurions dû envisager de sortir. Le problème était que, une fois que vous êtes à l'intérieur du cadre d'une union monétaire, il est toujours aussi difficile de créer ce genre de dialogue avec le public, ce qui est nécessaire pour préparer les gens à ce qui vient, pour un processus de désengagement de l'union monétaire, tandis que dans le même temps il faut éviter la précipitation d'un effondrement. C'est un peu comme, imaginez si vous aviez à préparer une population, un électorat pour une dévaluation, une très forte dévaluation 12 mois avant qu'elle ait lieu, par le dialogue, vous pouvez comprendre que c'est une impossibilité. »  Avant les élections de janvier et avec l’autorisation de Tsipras, Varoufakis avait élaboré un plan B de constitution d’un système parallèle de paiement en « piratant » l’administration fiscale grecque sous contrôle de la troïka. Car la Grèce en est arrivé a point où le Ministre des Finances n’a plus la main. Le Secrétariat Général des Finances Publiques au sein de mon ministère est contrôlé entièrement et directement par la Troïka donc par Bruxelles.

En gros il se servait des paiements fiscaux pour créer une espèce de banque de réserve permettant un accès à tout contribuable et à l’Etat de payer des tiers avec des numéros d’identification (code PIN) dans un système monétaire de paiement parallèle. C’était s’affranchir des banques qui sont sous dépendance de la BCE et peuvent être fermées à tout moment, se donner un peu d’air et permettre même de passer progressivement au drachme au lieu d’effectuer une dévaluation brutale. On a bien sûr accusé Varoufakis d’avoir ourdi des malversations sur les compte de l’Etat. Tout était bien préparé avec un spécialiste de l’informatique mais Tsipras n’a pas eu le courage de le mettre en œuvre quand il a eu le couteau sous la gorge. C’était pourtant une manière particulièrement astucieuse de faire tourner l’économie en échappant partiellement aux aides hors remboursement de la dette.  

Varoufakis a également perçu le danger qui menace son pays après le vote des mesures d’austérité et la promesse de 80 milliards d’euros : « Ma grande inquiétude à propos de Euclide Tsakalotos [le nouveau ministre des finances], est que le FMI et le Dr Schäuble et le MES (Mécanisme européen de stabilité financière (MESF)), sont engagés dans un jeu qui est exactement à l'opposé de la simplicité. D'une part, on nous dit que le MES ne pourra fournir ce prêt très discuté de plus de 80 milliards d'euros que si le FMI est à bord. Le FMI vient de publier une analyse de viabilité de la dette, qui déclare de toute évidence et officiellement que la dette grecque est insoutenable et que selon ses propres règles, le FMI ne peut pas participer à un renflouement. […] Je pense qu'il y a une lutte majeure entre les institutions : le MES, la Commission européenne, le FMI et le Dr Schäuble. Le Dr Schäuble et le FMI ont un intérêt commun, ils ne veulent pas que cette affaire se fasse. Wolfgang m'a dit très clairement qu'il veut un Grexit. Il pense que continuer à "Extend and pretend" ("étendre et faire semblant") est inacceptable. »   

Varoufakis poursuit : « Le FMI ne veut pas d'un accord, car il ne veut pas avoir à violer à nouveau sa charte et fournir de nouveaux prêts à un pays dont la dette n'est pas soutenable. La commission veut vraiment que cet accord se fasse, Merkel veut que cet accord se fasse, de sorte que ce qui s'est passé au cours des cinq derniers mois est maintenant projeté dans le très court terme - sauf que c'est artificiel, à cause de cette absence totale de coordination entre les créanciers. » 

Mais où sa vision devient particulièrement lucide et prémonitoire c’est quand il déclare officiellement que l'enjeu de tout cela, c'est la France et que M. Schäuble se sert de la Grèce comme une sorte de pion essentiel dans un jeu d'échecs beaucoup plus grand dont la France fait partie. « Les Français sont terrifiés. Ils sont terrifiés parce qu'ils savent que, s'ils réduisent leur déficit budgétaire aux niveaux que demande Berlin, le gouvernement parisien tombera certainement. Il leur est absolument impossible politiquement de mettre en place le type d'austérité qui est exigé d'eux par Berlin. Et quand je dis par Berlin, je veux dire par Berlin, je ne veux pas dire par Bruxelles, je veux dire par Berlin. Alors ils essaient de gagner du temps. C'est ce qu'ils font, comme vous le savez, depuis quelques années. Ils essaient de gagner du temps en repoussant le moment où ils devront réduire leur déficit en dessous de 3,5%, 3%, selon les critères de Maastricht et le pacte de stabilité et de croissance. » 

Varoufakis confirme bien que l’Allemagne est désormais au centre du jeu dans la zone euro et même l’UE. Et en même temps, Wolfgang Schäuble a un plan. […] « Il croit que la zone euro n'est pas durable telle qu'elle est. Il croit qu'il doit y avoir des transferts fiscaux, un certain degré d'union politique. Il croit que, pour que l'union politique fonctionne sans fédération, sans la légitimité qu'un Parlement fédéral régulièrement élu peut accorder à un exécutif, il faut l'imposer d'une manière très disciplinaire. Et il m'a dit explicitement que le Grexit, une sortie de la Grèce, va lui fournir un pouvoir de négociation suffisant, un pouvoir de terreur suffisant, pour imposer aux Français ce à quoi Paris [le gouvernement français] résiste. Et qu'est-ce que c'est ? C'est un certain degré de transfert des pouvoirs de décisions budgétaires de Paris vers Bruxelles. » Bercy concocte actuellement des mesures d’austérité sur les retraités, nous savons désormais pourquoi… à cause du diktat allemand. 

La France est sous tutelle de fait et sauve les apparences

Nos élites sont près à toutes les bassesses 

Pour sauver l’euro, leur raison d’être

Et de sauver la face d’un pari perdu ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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