Il faut cesser d’accuser les
grecs qui ont bien sûr une part de responsabilité mais bien faible par rapport
à l’entreprise de démolition de leur souveraineté. C’est une véritable mise à
genoux qui a été opérée par les institutions, autrement dit par la troïka, avec
la complicité de l’Allemagne, et la servilité de la France aux Etats-Unis et à
l’Allemagne. Les dernières interventions de François Hollande ne sont destinées
qu’à fleurir son début de campagne pour les présidentielles de 2017. Il surfe
sur une opinion française majoritairement chauffée à blanc contre la Grèce par
les médias, pour la plupart supports de la pensée unique et des deux partis
successivement au pouvoir. C’est à un véritable crime contre l’humanité que s’est
livrée la troïka avec la bénédiction de deux présidents de la République
Française, qui à ce titre, devraient être passibles de la Cour de Justice Européenne
de La Haye.
L’issue des « dernières »
négociations en cours ne fait aucun doute. Tsipras devra accepter les
conditions qui lui seront imposées ou se résoudre à la faillite, il n’y aura
pas de véritable négociation. Sa seule porte de sortie c’est le Grexit, mais
ses engagements et la volonté de son peuple ne lui permettent pas encore de
jouer d’une façon crédible sur cette éventualité. D’ailleurs on ne s’est pas
retenu pour lui signifier qu’on ne sort pas de l’euro, ce n’est pas prévu, ou
alors c’est les pieds devant… par faillite, cessation des aides et
impossibilité d’emprunter auprès de la Banque de Grèce. On lui a fait
comprendre que la première période du Grexit, qui serait encore plus difficile
pour le peuple grec, l’empêcherait de conserver le pouvoir.
Depuis 2010, profitant du
fait que la Grèce, par la faiblesse de son économie, était la plus touchée, on
a commencé une mise sous tutelle progressive avec la complicité obligée des
gouvernants grecs. Quand on a la tête sous l’eau, on n’aspire qu’à une main
secourable pour prendre un peu d’air avant l’asphyxie. Seulement la main
secourable relâchait aussitôt le noyé. Mais on laissait le noyé s’agiter un peu
plus longtemps afin qu’il soit encore plus demandeur de la main secourable. De
fil en aiguille la Grèce est arrivée au bord de l’asphyxie, le PIB avait diminué
de 25%, le chômage atteignait 25%, le poulet était à point. On allait pouvoir
le faire passer définitivement sous la coupe de l’austérité allemande et
piloter son économie juste ce qu’il faut pour payer les créanciers à partir des
privations et du labeur du peuple grec. La perspective des richesses pétrolières
probables de la mer Egée, et l’extraction relancée de l’or dans les mines
grecques, ne faisait qu’allécher les tenants de la mainmise sur la Grèce.
Tout se déroulait pour le
mieux. Régulièrement la Grèce venait demander de l’aide. On faisait semblant de
refuser mais on cédait en resserrant le licou de l’austérité à base de diminutions
des dépenses publiques et d’augmentation des prélèvements sur le peuple des classes
moyenne et pauvre. Car du côté recettes venant de l’économie, il n’y avait pas grand-chose
à attendre puisque la Grèce n’avait pas les moyens de la relancer. C’est ainsi
que la Grèce a pu afficher un budget en léger surplus primaire hors
remboursement des intérêts de la dette. On pouvait ainsi vanter la réussite de
la troïka qui avait pris en main le budget grec. On mettait sur le compte de la
paresse grecque et son incapacité à gérer aussi bien l’augmentation de la dette
que celle du chômage et de la pauvreté. La tutelle continuait à rogner la
souveraineté de ce pays qui n’y voyait que l’incapacité de ses dirigeants
adoubés par les institutions pour leur complaisance.
Patatras ! Platon se
réveille, la Grèce se rappelle qu’elle est l’ancêtre de l’Europe et que la pilule
est trop amère. Tsipras brandit l’étendard de la révolte et, comble des
combles, il est élu. Ce quasi-inconnu, tout au moins de la sphère feutrée des
institutions, gauchiste de surplus, sème une première stupéfaction. Puis on se
ravise du côté de la zone euro et des institutions, on ne va faire qu’une
bouchée de ce tendron. Le tendron s’avère toutefois plus coriace que prévu,
fait des avancées successives, toutes rejetées mais le temps passe. Ce diable,
sentant que l’impatience monte dans son peuple, lance un référendum sur l’acceptation
de l’austérité, vite transformé en plébiscite pour son action. Quoi un
référendum ? Ça existe encore ! Ah quel irresponsable que ce Tsipras !
Trop c’est trop. La BCE qui tient les cordons de la bourse et réduit progressivement
les marges de manœuvre du gouvernement grec, les serre beaucoup plus et n’alimente
plus les banques grecques tout en leur interdisant de puiser dans leurs
réserves. Les banques ne peuvent que fermer. Le peuple mendie quelques sous
pour survivre auprès des distributeurs de billets mais la révolte populaire n’a
pas lieu.
Tsipras recopie proprement
les propositions des créanciers du 25 juin sous la dictée des envoyés français,
comme le prêtre vient absoudre le condamné avant la pendaison. Fort du
référendum, il fait approuver ce texte par le parlement grec tout en promettant
d’obtenir l’aide de 53 milliards et une restructuration de la dette. Aujourd’hui
les ministres des Finances de la zone euro examinent ses propositions. On chipote
sur les propositions toujours insuffisantes mais le gros du morceau c’est l’ampleur
de l’aide et la restructuration de la dette. La Grèce doit accepter un plan qui
garantisse… qu’elle ne pourra pas s’en sortir. Il faut tuer Tsipras, tel est l’objectif
de Schäuble, le ministre allemand. Ceci veut dire que cette fois, Tsipras ne
reviendra plus à la table des négociations qui n’en ont jamais été réellement
autre chose qu’une cour de justice économique.
La Grèce continuera à être
martyrisée et il n’est même pas sûr qu’elle puisse garder sa souveraineté dans
une sortie de la zone euro qu’on lui fera payer cher. Ceci doit nous alerter
sur l’avenir de la zone euro et plus généralement sur l’UE et même sur l’OTAN.
Il n’y a pas de souveraineté réelle des pays, hors l’Allemagne et sa politique
d’austérité, adoubée par les créanciers. La dépendance des autres pays de l’UE
augmente avec celle de leur dette et c’est ainsi que l’on compte faire une
Europe fédérale allemande sous la « protection » des Etats-Unis. Qu’on
se le dise, il y aura d’autres pays qui subiront les derniers outrages à leur
dignité après les grecs. Mais ceux-ci ont montré aux autres peuples que la
démocratie athénienne peut faire trembler si d’autres pays suivent leur
exemple.
Crime contre l’humanité avec préméditation
C’est cela l’UE qui voulait faire
Le bonheur des peuples !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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