Le feu couvait depuis des mois et Hollande a cru que
de belles promesses suffisaient pour l’éteindre. Les promesses étaient déjà à
minima et les actions n’ont pas suivi. Hollande avait d’autres préoccupations,
la Grèce, l’Iran, le Qatar, les voyages en Afrique, toutes destinées à montrer
combien il représentait bien la France. Le Président est en campagne et prépare
la Conférence mondiale sur le Climat qui doit montrer combien il est au centre
des préoccupations de la population du globe. Le paysan est patient par nature
car c’est justement elle qui le lui a appris. Si le paysan râle contre les
caprices de la nature mais les accepte car elle ne promet rien, il n’en est pas
de même des promesses non tenues. Il a gardé le sens du top-là qui fait se
rejoindre deux paumes de main et scelle un marché conclu et plus sûr que tous
les écrits.
Alors
le monde paysan frustré par des promesses non tenues devient incontrôlable et
la dureté paysanne ne recule devant aucune action pour survivre. Il vient de
rappeler Hollande aux réalités de son pays. Le grand plan Elyséen pour la zone
euro et l’UE devra attendre. Le feu ne couve plus, l’incendie se propage. Au
quatrième jour d'une mobilisation qui va crescendo depuis dimanche, les
éleveurs accentuaient la pression ce mercredi 22 juillet 2015 sur le
gouvernement. Les barrages routiers se multipliaient sur l’ensemble du
territoire forçant le gouvernement à un réveil douloureux.
Le président François Hollande a promis mardi un
"plan d'urgence" pour les éleveurs affaiblis par la baisse des prix
de leurs productions, dont les mesures seront annoncées à l'issue du conseil
des ministres. Le président de la Fédération des éleveurs bovins (FNB),
Jean-Pierre Fleury, a lui aussi prévenu qu'en attendant les mesures qui seront
présentées mercredi, "les éleveurs ne lâcheront pas tout simplement parce
qu'ils sont en train de jouer leur peau". Le gouvernement vient de lâcher 24
mesures dont des mesures de report de dettes, de 50 millions d’allègement des charges ainsi qu’un
fonds de 500 millions alloués aux banques pour permettre des prêts pour la trésorerie
aux entreprises du secteur de l'élevage afin de faire face à l'ensemble de
leurs besoins. Le gouvernement considère que cela devrait permettre de
restructurer leurs dettes à moyen et long terme.
C’est cette dernière phrase qui pose problème car il
s’agit d’une part d’un report à plus tard, que ce soit pour les dettes ou les facilités de trésorerie. Les entreprises
en difficulté ne pourront pas se sortir de l’ornière et repousser à plus tard
en augmentant la dette, cela ne sert à rien sinon à aller plus vite vers la
faillite. Quant aux allègements des charges, il semble que cela soit attribué
aux seules entreprises en difficulté. Or quels sont les critères qui définissent
cela, quelles démarches administratives faudra-t-il faire ? Dans quel
délai cela sera-t-il appliqué ? Quand une exploitation est en difficulté,
les jours comptent double ou triple dans l’angoisse et l’accumulation des
dettes. Enfin le mot « entreprise » est utilisé alors que pour la
majorité des petits agriculteurs, celles qui forment le vrai tissu agricole
français, il s’agit d’une « exploitation ». La sémantique est
révélatrice de mesures qui aideront les entreprises, les grosses, mais laissera
les exploitations incapables de réellement bénéficier de celles-ci.
Par ailleurs il est prévu une aide de 10 millions
d'euros pour des actions de promotion de la viande bovine, qui n’est, dans l’état
actuel des choses, que d’inciter le consommateur à payer plus cher sa viande.
Citons aussi la réactivation du dispositif de garantie COFACE pour maintenir
les flux d'expédition des viandes bovines vers les acheteurs grecs
traditionnels. On voit encore là que l’on parle entreprise. Si le producteur de
viande vend à perte, il n’alimentera pas le marché à l’export car il
disparaîtra. D’autres « mesurettes » font partie du package comme l’aide
à la transformation du méthane en électricité. N’oublions pas l’écologie à l’honneur
en décembre pour la gloire du Président.
Il
ressort de ce plan trois choses. Premièrement l’aide essentielle est un report des
charges et de la dette dans le temps qui ne peut qu’aggraver celle-ci.
Deuxièmement le tissu des exploitations agricoles va voir l’essentiel de ces
mesures aller vers les entreprises, donc les grosses exploitations.
Troisièmement Il n’y a pas dans ce package de mesures qui permettent de
redonner un avenir à cette filière agricole dans son ensemble. Les différents
secteurs des exploitations agricoles de base vont revenir les uns après les
autres vers le gouvernement pour de nouvelles aides.
De toute évidence le gouvernement est incapable de
proposer des réformes structurelles sans se heurter à Bruxelles. La PAC est un
monument que la France n’a plus guère la force d’ébranler car de plus c’est
elle qui profite le plus des aides dans ce secteur. On gagne du temps, mais on
va reculer pour mieux sauter. Là encore la zone euro nous prive du moyen d’adapter
nos prix à la concurrence en jouant sur la monnaie, ce que peuvent encore faire
10 pays de l’Union Européenne. C’est le seul levier qui permettrait à la France
de proposer des produits de qualité avec un surcoût commercialement absorbable
par le consommateur. Les produits étrangers se trouveraient surenchéris et le « consommer
français » serait perçu sans publicité par l’acheteur. Tout le reste n’est
que poudre aux yeux.
Il faut
cesser les aides européennes qui sont souvent mal réparties
Le
secteur agricole doit pouvoir bénéficier d’une monnaie
Qui le
mette dans une position concurrentielle
Toutes
choses impensables dans le carcan
De la
zone euro et des normes UE
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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