Le premier bilan de la crise grecque est
désastreux, même le FMI le reconnaît. La dureté de l’austérité imposée aux
grecs a donné l’avantage à Syriza aux élections. Le discours sur l’anti-austérité
et l’anti-troïka a fait mouche. Les institutions sont restées KO un instant. Le
pire étant l’arrivée de l’extrême-gauche, celles-ci ont réagi avec une violence
non retenue et se sont adonnées au jeu de massacre après le référendum qui
saluait l’esprit de résistance de Tsipras. La BCE a fermé les vannes aux
banques, celles-ci ont dû fermer et la paralysie économique a commencé. Pourtant
la panique espérée du peuple grec, habitué aux mesures drastiques, n’a pas eu
lieu.
Tsipras a cependant dû aller
à Canossa. Il avait été élu sur la promesse de rester dans l’euro, comme le
veut encore le peuple qui en a bénéficié au départ mais plus depuis cinq ans.
Cette porte de sortie ne lui était pas facile à ouvrir d’autant plus que la France
l’a tenait doublement fermée. C’est ainsi qu’Hollande a précipité la
capitulation de Tsipras et son acceptation du pire des plans d’austérité, les
allemands ayant fait valoir que la situation grecque s’était considérablement
dégradée depuis l’arrivée de Tsipras. Hollande a pratiqué la politique du pire.
Tsipras est à terre. Il capitule et pire, il trahit son peuple. La situation
est intenable, le FMI le reconnaît et même le Ministre des Finances allemand le
dit en aparté. Le montant des aides financières susceptibles de remettre à flot
la Grèce ne cesse d’augmenter, 85 milliards ? Plus de cent selon le FMI.
Bien entendu chacun sait que
ces prêts ne pourront jamais être remboursés. On a gagné quelques mois tout au
plus. Les mouvements sociaux sont plus que probables d’ici septembre et Tsipras
a perdu la confiance de son peuple et même d’une partie de ses partisans.
Désormais il est sur la voie de la démission. Celle-ci sera malheureusement
exploitée pour remettre la technocratie européenne aux commandes du pays et la
troïka aux finances. Le bilan est désastreux. La Grèce s’enfonce plus
profondément dans la crise. Les partis de gauche qui avaient soutenu Tsipras,
en France et ailleurs, mangent leur chapeau. Tsipras n’a pas résisté car il n’a
pas su saisir l’opportunité de sortir la Grèce de la mainmise européenne. Il
fallait avoir le courage de sortir de l’euro, il n’a pas convaincu son peuple
de cette nécessité, quitte à y revenir. Ce langage pouvait être tenu car il n’y
a pas d’autre solution à moyen et long terme. Même Schäuble le bourreau, l’envisage.
Mais
les pays de l’UE vont payer la note et elle s’enfle de jour en jour. En fait
tout le monde est perdant faute d’avoir pris la décision chirurgicale qui s’impose.
Sauf pour l’Allemagne, l’euro est surévalué et ce pays en profite depuis 2000, date
de sa mise en place, comme le montre le graphique sur l’excédent de son
commerce extérieur. Mais les discussions de chiffonnier qui ont eu lieu au sein
de la zone euro et de l’UE ont clairement montré que l’UE marche à deux
vitesses. Il y a d’une part les pays du Nord en lien étroit avec l’Allemagne dans
un fédéralisme renforcé et d’autre part les autres principalement du Sud
privilégiant l’union économique et la souveraineté. Le clivage devient béant.
Il y a d’une part les pays qui estiment qu’ils s’en tirent bien, avec l’Allemagne
en tête, et ne veulent plus aider ceux qui sont en difficulté, et d’autre part
les autres dont la France. Celle-ci a souhaité les euro Bunds, représentatifs du
partage des dettes. L’Allemagne, pas folle, a remis ça aux calendes grecques.
La solidarité a éclaté.
La crise ne donne que des
perdants et la démocratie, un instant revenue, n’est plus que dans les têtes. Il
va falloir que d’autres peuples parlent. Si le Royaume-Uni peut brandir le
Brexit, fort de sa monnaie et de la City, il n’en pas de même en Espagne, au Portugal
et en Italie. Même la France va avoir du mal à se mobiliser. Les souverainistes
ne peuvent peser sans le FN et tout sera fait par les partis de la pensée
unique pour les empêcher d’accéder au pouvoir en jouant en particulier sur leur
division. Il faudra des évènements économiques graves pour faire évoluer la
situation. Cela pourrait bien arriver rapidement avec l’accroissement de la
dette dans l’UE et la politique de déversement de liquidités de la BCE. Cela devrait se traduire par une hausse
supplémentaire des taux à moyen et long termes européens, donc par la chute des
obligations de ses États-membres.
On peut espérer que l’on en
arrivera au Grexit, seule voie possible, sous l‘influence de l’Allemagne. C’est
la voie raisonnable mais il faudra aider la Grèce tout-de-même. Le retour au
drachme diminuera la dette privée et publique qui pourra être remboursée dans
cette monnaie et non plus en euros, selon la Lex Monetae. La recapitalisation
des banques par rachat d’une partie du capital demandera une vingtaine de
milliards. Il faudra repousser les échéances de la dette à 30 ans, les mettre à
taux nul et réaffecter l’argent des privatisations dans un plan économique
productif. Cela nous coûtera mais cette chirurgie est supérieure à la gangrène.
Strauss-Kahn a raison, Hollande a tort. N’oublions pas que nous sommes
nous-même incapables de rembourser nos dettes sans rafler tout l’argent des
français en banque, en épargne et en assurance-vie. Rester dans l’euro, cela
veut dire que nous serons contraints
à toujours plus de rigueur budgétaire et de diminution drastique de nos acquis
sociaux sous la menace permanente de se faire expulser de la zone euro par
Berlin.
La Grèce est une plaie non refermée que nous infectons à plaisir.
Les dégâts de l’euro et de l’austérité allemande continuent.
L’UE a perdu l’esprit de solidarité et se divise.
La dette et l’immigration vont l’achever.
La zone euro est à l’agonie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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