La
croissance chinoise faiblit, on parle désormais d’une croissance autour de 5%,
bien loin de la croissance à deux chiffres. Les actions chinoises ont chuté de
8% lundi en clôture de la bourse de Shanghai. La Fed hésite à remonter les taux
d’emprunt devant une stagnation de la croissance voire une rechute si l’on en
croit les différents indicateurs disponibles. La croissance européenne est plus
faible que sur l’ensemble des autres continents mais elle ralentit aussi sur le
plan mondial. Tous les chiffres du graphique sont dorénavant encore revus revus à la baisse,
dont ceux des États-Unis et de la Chine. Certes certains pays font beaucoup
mieux et d’autres moins bien comme la Russie mais la raison vient des sanctions
car la croissance était repartie là-bas.
Les deux moteurs de la fusée
mondialisation sont la Chine et les États-Unis. Les deux grippent. Chez les
deux les banques nationales ont déversé des liquidités sans compter. Le
résultat a engraissé presqu’exclusivement les marchés. Aux États-Unis la
croissance retombe et on est pratiquement en récession car les derniers
chiffres sont manipulés pour ne pas avoir un deuxième mois de croissance nulle.
En Chine la croissance s’effondre, les marché aussi, et la surchauffe immobilière
laisse des villes entières vides. Du coup l’économie mondiale se porte
nettement moins bien. L’UE s’endette de plus en plus, hors l’Allemagne. Les
BRICS sont également touchés autour de l’axe Russie-Chine, avec en plus les
sanctions sur la Russie qui appauvrissent la Russie et l’UE conjointement par
la baisse des échangesLes pays de zone dollar
vivent au rythme des États-Unis, comme le Canada qui se raccroche au gaz et
pétrole de schiste. Mais l’ensemble de la planète s’endette après des
politiques d’argent facile déversées en tombereaux par la Fed, la Banque d’Angleterre,
les Banques du Japon et de Chine et dernièrement par la BCE. Nous sommes sur
une pyramide de Ponzi, pyramide la pointe vers le bas, qu’un souffle peut faire
basculer. Ce souffle c’est la confiance des peuples et des investisseurs. Forts
de la certitude que l’argent coulera toujours, que la dette ne sera pas
remboursée, les pays s’endettent dans des politiques électoralistes et de
soutien à l’économie des lobbies.
Ceci a commencé avec la déconnexion de
la monnaie avec l’or. Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Parce que ce que permet
l’or est limité à sa quantité physique existante. Le monde économique et
financier ne trouvait plus assez de profits et sous-prétexte de libérer l’économie,
soi-disant pour le bonheur du consommateur, on a commencé à créer de l’argent
de Monopoly. Au fur et à mesure des besoins d’accroissement des profits des
lobbies, des investisseurs et de la demande de dépense publique des États, ces
liquidités ont alors envahi le monde et cela de plus en plus. L’appât du gain
des lobbies et des investisseurs, la non-maîtrise des dépenses publiques par
les États, créent une situation d’emballement dans laquelle nous sommes
rentrés. Les banques renflouent les États et réciproquement alternativement
avec toujours plus d’argent immatériel en circulation. Cela se termine par des
bulles dévastatrices du côté bancaire et des faillites d’États de l’autre. Ron
Paul dit : « C’est parce que l’or est honnête, qu’il n’est pas aimé
des malhonnêtes gens ».
Rien ne va plus quand la
confiance dans le système disparaît et que l’argent ne circule plus. C’est l’infarctus
puis l’embolie. Imaginez que vos alimentiez sans aucune restriction le compte
bancaire de votre enfant étudiant. Quelle précaution de gestion des dépenses
prendra-t-il ? Quelles envies réprimera-t-il ? Oui en effet aucune, c’est
le cas des Etats. Ce n’est plus comme autrefois, celui du franc-or. Il n’y a
plus de limites, surtout quand de plus on pratique des taux d’emprunt voisins
de zéro voire négatifs. C’est une autre violation des principes de base d’une
économie saine. L’argent prêté, donc fruit d’un travail productif ou de la spéculation,
demande une rétribution de l’emprunteur hors remboursement de la dette
contractée.
Pourquoi tout ceci s’emballe
si vite désormais ? Cela tient au fait que nous sommes sortis des grands
bonds de la science et de la technologie qui permettaient de créer de la
demande et des gains de productivité, donc de la croissance à 3, 4, 5% voire
plus. Fini le temps du chemin de fer, de l’automobile, de l’électricité, même
la révolution de l’informatique et d’internet est derrière nous. Les moteurs de
la croissance sont de plus petite taille désormais. Créer des besoins factices,
comme l’immobilier en Chine et en Espagne, tourne dans le vide, c’est faire
tourner les machines pour jeter la production. Cela ne conduit finalement qu’à
de la perte et une réduction du chômage éphémère. Nous entrons donc dans une
période de faible croissance dont nous ne sortirons que par une révolution
scientifique et technologique majeure. Je ne pense pas que l’ère des robots en
soit une, plutôt une évolution ayant un impact sur notre mode de vie.
Quelle croissance moyenne
mondiale peut-on espérer ? Vraisemblablement autour de 0,5% de croissance réelle, non boostée artificiellement, avec des
variations importantes de pays à pays, entre ceux qui arrivent dans l’économie
et les autres. Quand un pays fait plus, il y a compensation en moins quelque
part dans le monde. Il en résulte que vouloir faire 2% de croissance, c’est
pour un pays comme le nôtre, faire payer cela par un autre pays. C’est le principe
des vases communicants. Dans un égoïsme national ou européen, les États font
miroiter une croissance qui ne peut perdurer. Ce faisant ils adaptent leurs
dépenses budgétaires sur ce miroir aux alouettes. Le paysan lui savait
autrefois quel était le produit moyen de ses terres. Son train de vie était
adapté à celui-ci. Les bonnes années, il épargnait une part, en investissait
une autre, pour passer les mauvaises années. Les États s’en moquent, certains
paysans aussi qui ne comptent plus que sur les aides. Sans ajustement à une croissance moyenne productive et non artificielle, la conséquence c'est la dette qui conduit à l'impasse vers laquelle nous allons plus ou moins vite avec d'autres jusqu'à un réajustement général plus dévastateur que la crise de 2008.
Nous marchons sur un nuage d’imprévision et de confort
Qui obscurcit la réalité d’un monde broyant son devenir.
Nous ne voyons que les ombres au fond de la caverne
L’ombre de l’ours n’est pas menaçante, l’ours si !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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