Demain les grecs vont voter pour choisir entre l’austérité
du OUI et celle du NON, entre la corde resserrée d’une austérité choisie ou
celle sans concession imposée par l’Allemagne. La peur de l’inconnu, pour un
peuple qui a goûté à l’arrivée de l’euro pour trouver une prospérité tombée du
ciel, fait que tout porte à croire que, comme en Argentine, ce facteur pèsera
lourd dans le vote grec. L’élan de rébellion derrière Tsipras sera-t-il suffisant
quand le retraité fait la queue pour retirer quelques dizaines d’euros, quand
les rideaux des banques sont baissés sans que l’on soit sûr de les voir se
rouvrir rapidement, quand les bornes bancaires peuvent subitement ne plus être
alimentées, quand arrive des alertes de catastrophisme venant de l’extérieur et
de l’intérieur du pays ? Les grecs ont vu aussi ce qui s’est passé à
Chypre, qui a finalement cédé à l’UE, et la tentation de soumission est
contagieuse.
Tsipras joue gros et on peut,
au moins lui reconnaître un certain courage, courage que nombreux sont ceux qui
le dénomme irresponsabilité. La position défendue par Tsipras est difficilement
tenable, car sans sortie de l’euro, il ne peut qu’aggraver l’austérité pour
maintenir le pays en capacité d’honorer les échéances qui risquent de s’aggraver
sans annulation ou report de la dette et diminution des taux d’intérêt. Or d’une
part il s’est engagé auprès le peuple à ne pas quitter la zone euro parce que
celui-ci ne le veut majoritairement pas, et d’autre part l’Allemagne pour des
raisons électorales campe sur une position intransigeante de non
restructuration de la dette grecque. L’impasse est totale. Dans le cas du vote NON
les concessions accordées par les institutions européennes ne seront que sur l’ampleur
des aides financières, remboursables avec intérêt. Dans le cas du OUI la Grèce
devra se plier au même régime avec plus d’aides financières payées par plus d’austérité.
Dans les deux cas, la Grèce ne fera que s’enfoncer avec un peuple travaillant
pour payer les intérêts d’une dette qui ne fera que grossir.
Tsipras a d’ailleurs fait l’erreur de ne pas
instituer de suite un contrôle des capitaux, la Grèce s’est dépouillée de dizaines
de milliards. Or cette stratégie n’a de sens que dans le cas d’une sortie de l’euro
auquel cas le retour des capitaux se fait en euro et non en drachme, avec une plus-value
interne d’environ 25%, compte-tenu de la parité actuelle euro-dollar. Pour des
raisons électorales Tsipras a privilégié les retraités par rapport aux jeunes
et aux entreprises, ce qui ne fait qu’augmenter le montant de l’aide nécessaire.
Tsirpas demande 36 milliards d’aide supplémentaire pour maintenir les retraites
et lancer un grand plan d’investissements. Il réclame toujours en plus une
restructuration de la dette ou un report sur 3 ou 4 ans. Angela, poussée par
son monstre Schauble, ne reviendra pas sur le NEIN à la dette grecque et la
petite aide supplémentaire sera toujours à rembourser avec intérêt.
La Grèce est devenue ingouvernable, disloquée,
éclatée. Elle est mûre… pour l’aventure. C’est malheureusement le but recherché
pour mettre ce pays sous tutelle et indiquer à tous les pays, qui tenteraient
une rébellion à la grecque, que c’est ce qui les attend. Notons d’ailleurs que
le devenir des nations européennes faibles, c’est soit des dirigeants choisis
mais serviles, soit la mise sous tutelle avec des technocrates banquiers choisis
par… Angela Merkel. L’Union Européenne, vendue comme la championne de la
démocratie, de la prospérité et de la paix, voit la prospérité lui échapper et
la guerre à ses frontières après avoir déjà subi l’aide américaine dans les
Balkans, et pratique. Désormais elle apparaît comme une structure antidémocratique,
« phagocyteuse » de nations asservies au profit d’une Cabale de puissants,
de courtisans politiques et de technocrates non élus et grassement payés.
Nous aurions tort de critiquer
nos amis grecs et de ne pas saluer ce grand élan démocratique d’un pays qui ne
veut pas disparaître. L’Allemagne s’est découverte dans tout son égoïsme et sa
volonté de domination. En même temps elle s’est fragilisée car sa force tient
pour une bonne part à l’euro comme les Etats-Unis avec le dollar. D’autres
peuples se manifestent comme Podemos en Espagne. Le Royaume-Uni, fort de la
City, voit sa position renforcée dans des négociations qui en feront, Brexit ou
non, une nation de plus en plus à part de l’UE. Les peuples européens en
difficulté, donc aussi le nôtre, vont comprendre que si la Grèce n’arrive pas à
briser le joug allemand, la conjonction de plus grands pays peut renverser la
table. Si notre dette est moins lourde et si nous bénéficions de taux d’emprunt
avantageux, ces derniers peuvent rapidement évoluer et notre dette, qui va
atteindre 100% du PIB au plus tard au premier trimestre 2016, nous met dans une
situation de faillite non avouée mais réelle, comme le rappelle à juste titre
François Fillon. Les français, savamment maintenus dans l’insouciance, ne
devraient pas ignorer que nous payons les intérêts de notre dette publique en
empruntant et en continuant à diminuer nos capacités de remboursement comme l’indique son aggravation par rapport au PIB.
Une dette souveraine ne s’efface pas avec la faillite.
Les peuples corvéables, solidaires ou non,
Sont toujours là pour être ponctionnés.
On peut donc l’alourdir sans fin.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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