Le sort de la Grèce est entre les mains des 28 pays
de l’euro et principalement de Mme Merkel. Des voix, et pas des moindres avec
Giscard d’Estaing, Juppé, Strauss-Kahn, s’élèvent enfin pour parler d’une
solution de sortie aidée de la zone euro. Les traitements de choc infligés à ce
pays ont fait transiter l’argent des classes moyennes et pauvres vers le
sauvetage des banques grecques. Lors de la crise de 2008, la Grèce a subi, plus
que d’autres pays, un choc sur son économie mais aussi sur les prises de
risques insensées des banques, encouragées par l’UE auparavant. L’urgence pour
l’UE était de sauver les banques à faire mieux qu’équilibrer son budget
primaire (hors remboursement des intérêts) mais en creusant toujours plus sa
dette passant de 115% du PIB en 2008 à 180% aujourd’hui. Le peuple a payé car
l’économie n’a vu que 10% des aides et les investissements n’ont pu être
réalisés pour la relancer.
La tragédie grecque a été
créée aussi par les grecs eux-mêmes peu soucieux de ralentir des dépenses et se
laissant bercer par des banques qui s’engageaient dans des opérations de
spéculation de plus en plus risquées. Dès 2010, il aurait fallu que l’UE prenne
en compte le fait que la dette devenait insupportable. Au lieu de cela on a
continué à déverser de l’argent qui encourageait les banques à spéculer à tout
va. Si la Grèce est coupable, l’UE, la BCE et le FMI le sont tout autant pour
avoir imposé une solution économiquement et humainement insoutenable. On a
accusé la Grèce de dépenses militaires insensées, en particulier à Chypre. Or
elles ne représentent que 2,2% du PIB, comme la France qui veut augmenter ce
pourcentage en 2016.Le rognage dans les dépenses et la main mise des armateurs
et de l’Eglise grecque sur le pays, ont fait croître le mécontentement et l’appauvrissement
du peuple plus vite que le retour à la croissance et à l’équilibre budgétaire
primaire. L’imprévisible selon ceux qui dénoncent le coup de force de Tsipras
était prévisible depuis 5 ans !
Avec une dette de 180% du
PIB, un taux de chômage de 25%, dont 50% chez les jeunes, et une économie qui
n’est plus soutenue que par le tourisme et l’agriculture, la Grèce ne peut s’en
sortir quelles que soient les mesures prises car les plus efficaces demanderont
un délai de plusieurs années pour porter leurs fruits. Dans le droit fil de
leur conception de la démocratie européenne,
La BCE avec soutien de l’Eurogroupe aligné
sur la position allemande
avait organisé la fermeture des banques et le début de paralysie de l’économie
grecque la semaine dernière afin d’inciter les Grecs
à « bien » voter. Manipulation et agression économique devaient faire
peur aux Grecs et leur mettre le couteau sous la gorge. La Grèce a voté NON à l’injonction
des Institutions, derrière elles des principaux pays créditeurs malgré la
menace d’une expulsion de l’euro. Les Grecs sont au bout des concessions sur
l’austérité et les mesures structurelles, les pousser plus loin ne servirait
qu’à leur reprocher de ne pas les avoir mises en œuvre. L’aide à la dette reste
toujours ignorée de l’Allemagne et des pays du Nord en gros, malgré l’avancée
notoire du FMI qui demande que cela soit remis sur la table.
Soit Tsipras recule et abandonne
sa demande sur la dette et aucun plan durable et réaliste ne sera mis en œuvre.
On ne fera que reculer pour mieux sauter et Tsipras avec pour mettre ce pays
sous tutelle allemande, lui enlevant toute souveraineté sous un diktat
germano-américain. C’est d’ ailleurs à
quoi tend la position française, même si le gouvernement s’en défend. Soit la
pression de la BCE est orchestrée pour mettre le pays à genoux en fermant tous
les robinets, la Grèce sera alors en faillite et obligée de mettre en service
une monnaie nationale dévaluée, et de nationaliser les banques. Il s’agira d’un
Grexit de fait mais juridiquement impossible selon les traités. La Grèce, en
faillite, fera valoir son droit à être secourue par le Mécanisme Européen de
Stabilité entre autres.
Le cul entre deux chaises, entre
fédéralisme et union économique solidaire, l’UE montre son incapacité à mettre
en œuvre une politique de cohésion entre les pays où le nord et le sud
s’écartent de plus en plus. Il en est de même à l’intérieur de l’euro. La BCE
ne joue désormais que le rôle de pompier des marchés bousiers et des banques,
comme la Fed et la Banque du Japon. Mais pendant ce temps les dettes ne cessent
de croître, Allemagne exceptée. L’Europe est devenue globalement le continent en
retard dans la croissance, son PIB/hab stagne et les écarts entre riches et
pauvres augmentent. Il est symptomatique que ce soit un petit pays, symbole de
la démocratie, qui révèle les failles et l’absurdité de cette construction
européenne, alors que les sommes supplémentaires à mettre en jeu sont
ridiculement faibles par rapport au total des PIB des pays de l’Union. Grexit
et Brexit dans l’air, flux migratoires non maîtrisés, sont autant de sujets où
l’UE a failli.
Puisque l’on ne peut sortir de l’euro
sans sortir de l’UE
Ce n’est plus l’avenir de l’euro
qui est en cause
Mais celui de la construction
européenne.
L’Europe ne sera que si elle se
remet
Fondamentalement en cause !
Problème plus politique
Qu’économique !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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