Le Président s’est
envolé pour Vilnius le sourire aux lèvres après le tour joué, la veille au
matin, aux journalistes qui avaient déjà titré sur l’abandon de la promesse de baisse
du chômage en fin d’année. Ces derniers lui ont décerné par vengeance un zéro
de communication. Ils ont tort le coup médiatique était bien monté. La baisse
est bien réelle et la rupture de l’augmentation du chômage est confirmée depuis
juin, comme le montre la courbe ci-contre. Le chômage n’évolue plus… enfin pour
les demandeurs d'emploi de la catégorie A.
Sans
l’avoir spécifié, le Président s’en tient à cette catégorie A des personnes qui
sont recensées sans travail par Pôle Emploi. Il faut en effet s’être présenté à
Pôle emploi pour être comptabilisé chômeur. Il est donc évident que le chiffre
de chômeurs de catégorie A, sans aucun travail, n’est qu’un minorant du nombre
réel de personnes sans emploi. Par ailleurs le choix de la catégorie A pour
affirmer une stagnation du chômage, stagnation dont on ne peut que se réjouir
par ailleurs, n’est pas représentatif du manque d’emploi global.
Hélas
le nombre de demandeurs d’emploi a chuté de 0,6% en octobre, soit 20.500, mais
le nombre total de chômeurs de catégories A, B (78h par mois ou moins), C
(moins de 78h) et même D (formation et arrêt maladie) est en augmentation de
0,8%, soit 39.600, et bat un record historique avec 4.883.000 demandeurs
d’emploi à temps plein. On peut trouver cavalier le commentaire de Michel
Sapin qui voit dans l’augmentation des catégories B et C un signe encourageant.
Selon lui ce sont des occasions pour ceux-ci de trouver du temps plein. La
vérité est que les emplois productifs à temps plein n’augmentent pas et que les
demandeurs de la catégorie A baissent grâce aux emplois aidés (contrats
d’avenir et de génération) d’une part et au passage de certains de la catégorie
A vers les autres catégories (comme par hasard au nombre de 20.000). Il faut
ajouter que 11.000 radiations des fichiers de plus qu’en septembre ont été
opérées ce qui diminue singulièrement le gain de 20.500 qui donne la baisse de
0,6%.
La
croissance atone ne permet pas d’envisager un nouveau départ des
investissements des entreprises ni de nouvelles embauches. Le chômage ne
diminue d’ailleurs pas en zone euro et la croissance se fait attendre sauf pour
l’Allemagne mais loin d’une période euphorique. Le marché intérieur de l’UE
n’offre pas de perspectives d’évolution rapide. Standard & Poor’s vient de
dégrader les Pays-Bas de la note AAA. La baisse durable du chômage ne peut être
pour demain alors que la France marque le pas par rapport à ses voisins.
Par
ailleurs nous avons déjà connu une euphorie passagère avec une stagnation du
chômage de quelques mois de fin 2010 à avril 2011 et celui-ci est reparti de
plus belle. Avec une augmentation de la TVA qui va handicaper certaines
professions et ralentir un peu la consommation, avec une fiscalité des sociétés
la plus lourde des pays d’Europe, avec une monnaie forte que ne peut soutenir
notre compétitivité, l’annonce d’une inversion de la courbe du chômage est un
enfumage politique qui permet de gagner du temps selon le principe connu de
tous nos gouvernements : « demain on rase gratis ».
Comme le montre le
graphique ci-contre la France fait moins bien que la plupart des pays d’Europe.
Avec une croissance nulle, elle ne devrait avoir que 8,5% de chômeurs. La
prévision de croissance de 0,9% pour 2014 devrait lui apporter 2% de baisse du
chômage… si elle faisait aussi bien que les autres pays européens. Pourtant on
nous parle d’une croissance de 1,5% pour espérer valablement inverser la courbe
du chômage. On va voir si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour
faire aussi bien que les autres… ce n’est pas gagné !
La
victoire annoncée a donc un goût amer. Non seulement le nombre total de
demandeurs d’emplois bat un record historique qui nous propulse vers les
5.000.000 mais la France ne brille pas par sa politique économique. Les
entreprises continuent à mettre la clé sous la porte, le commerce extérieur est
toujours dans le rouge et le chômage plus important que la moyenne des autres
pays à croissance égale. Une chose va bien cependant, c’est le verbiage des
politiques et l’enfumage permanent. Le taux d’emploi issu des sondages
trimestriels de l’INSEE sera un indicateur beaucoup plus convainquant… donc
attendons !
Une hirondelle ne fait pas le printemps
Surtout en automne !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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