La simple
logique veut que nous ne dépensions pas inutilement l’énergie et les efforts sur
les principaux postes de consommation doiventt être notre premier réflexe. C’est
simplement celui des générations précédentes qui exigeaient un strict contrôle
de la lumière utile. L’innovation des nouvelles lampes a rendu cette exigence moins
prégnante. Il en est de même sur l’isolation des habitations et sur la baisse
de la consommation des voitures. Dans ces deux cas l’innovation fait
naturellement son œuvre. Les contraintes écologiques sur le réchauffement
climatique ont poussé l’État à intervenir et il a également décidé d’intervenir
sur l’isolation des habitations.
Toutefois
l’intervention de l’État n’est pas basée sur des considérations économiques. On
subventionne l’isolation sans se poser d’autres questions et il en est de même
pour la réduction de l’émission de gaz carbonique. Ces interventions étatiques
dérivent les efforts d’innovation ou en accroissent la vitesse naturelle d’évolution.
Il y a par exemple une grande différence entre imposer des normes, qui
devraient être internationales, sur l’émission de CO2 par les véhicules et
donner un bonus écologique. On impose des normes nationales et on subventionne
pour inciter le consommateur à acheter. L’interventionnisme de l’État se
traduit toujours par une dépense que la pression fiscale doit compenser,
entraînant des conséquences sur l’économie du pays. La recherche et l’innovation
restent le véritable moteur du progrès dont les industries, elles, évaluent l’intérêt
à son degré de rentabilité.
L’interventionnisme
de l’État peut donc avoir un réel intérêt lorsque le milieu scientifique
annonce des avancées technologiques possibles mais dont la mise à
disposition
de l’industrie demande des efforts de recherche trop lourds, sur des
temps trop
longs et avec un risque de non aboutissement en raison de difficultés
scientifiques ou techniques, voire de rentabilité future. C’est le cas
des
recherches fondamentales en matière nucléaire, consenties depuis
longtemps par l’État et qui nous permettent aujourd’hui une maîtrise
reconnue mondialement de
la production nucléaire d’électricité. C’est encore le cas des
recherches
fondamentales sur la fusion nucléaire où la difficulté de la tâche et
l’ampleur
des investissements demandent la coopération d’une dizaine de pays.
On doit noter que l’interventionnisme utile de l’État se fait dans le domaine de la recherche et dans celle qui demande des
investissements hors de portée de l’industrie, pour des objectifs aboutissant à
des avancées technologiques majeures et avec un risque important de
non-aboutissement. C’est ainsi que plus de 75% de notre production d’électricité
a pu être d’origine nucléaire et nous a donné un avantage considérable sur le
prix de l’électricité, une industrie
nucléaire qui est une des premières du monde et lucrative pour notre balance
commerciale dans un monde de 450 réacteurs en fonctionnement.
C’est
pourquoi on peut s’alarmer que, sous la pression écologique, on impose des
normes de sécurité (dites de sûreté) toujours plus contraignantes dans un pays le
plus nucléarisé du monde qui, depuis plus d’un demi-siècle n’a pas eu d’accidents
ayant entraîné des conséquences importantes ni sur l’homme ni sur son environnement
au contraire de l’industrie chimique par exemple. La conséquence c‘est le
renchérissement du coût de l’électricité sans que l’on sache de combien on a
diminué le risque déjà très faible en France.
Le
fait que le risque n’est jamais nul, ce qui est valable pour toutes les
entreprises humaines, nécessite que toutes les mesures préventives et de
contrôle par une autorité indépendante soient pris dans un domaine où ont eu
lieu trois accidents majeurs dans le monde. Toutefois l’indépendance de notre Autorité
de Sûreté Nucléaire, garantie par l’État lui-même, ne peut être remise en cause
par le même Etat lorsqu’il décide la fermeture d’un site de réacteurs, décision
qui ne peut s’appuyer sur un risque que ne valide pas l’ASN.
Ceci
étant la pression écologique veut l’arrêt du nucléaire, pression que ne modèrent
que la difficulté et le coût de ce changement d’orientation. Ce nouveau cap de
réduction à 50% de la part du nucléaire fait la part belle aux énergies renouvelables
que l’on ne peut rejeter à priori car la perspective en est assez alléchante.
Si l’on peut avoir une énergie sans risque, sans déchets, inépuisable, garantissant
l’indépendance énergétique et de coût compétitif, on peut comprendre que cette
perspective ne peut pas être laissée de côté. C’est donc ce que je vais
examiner dans le prochain article.
La production d’énergie est vitale pour
le développement d’un pays.
Elle ne peut être un enjeu ni idéologique,
ni électoraliste,
C’est un enjeu économique et
géopolitique.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon