Nous
voilà sur le départ pour une intervention en Centrafrique, on nous ressert pour
se faire la mission humanitaire. Cela marche toujours comme en Libye où le
massacre de Benghazi était imminent, comme en Syrie où le tyran était coupable
des pires exactions contre son peuple. Quelle âme sensible peut nier qu’apporter
son soutien humanitaire est un devoir de tout citoyen civilisé ? Comme
pour les interventions précédentes, les partis de gouvernement donnent leur feu
vert. L’ingérence, sous couvert de l’ONU ou sans lui, est devenue un acte
ordinaire.
Pendant
que nous réduisons nos crédits de défense, nous nous engageons plus
profondément dans des croisades dites humanitaires dont le résultat n’est pas pour
l’instant concluant en Libye, en Syrie et au Mali. Nous devions régler
rapidement le conflit malien et nos troupes ont fait une avancée spectaculaire
jusqu’au nord du Mali. Tout stratège militaire sait que dans certains cas, la retraite est la meilleure solution sur tous les terrains où son potentiel d’opposition
est notoirement insuffisant. Il faut sauver les combattants, même en laissant
le matériel que l’on peut toujours réapprovisionner. C’est ce qui s’est passé
devant les troupes françaises. La conquête des villes n’assure en rien le
maintien de la paix dans ce pays.
Au
Mali, les Touaregs se sont islamisés et ont quitté la Libye, où Kadhafi les
avaient enrôlés, avec des armes sophistiquées, missiles, batteries
anti-aériennes et ont fait cause commune avec les arabes djihadistes poussés
par l’Arabie Saoudite. Les Touaregs veulent leur indépendance et il y a un
racisme historique entre leurs peaux claires et les noirs du sud. C’est désormais
le Touareg Iyad ag-Ghaly, le chef
d’Ansar Dine, qui coordonne la résistance rebelle, Aqmi compris. La véritable
guerre du Mali va commencer. Nos troupes y sont pour longtemps et finiront par
lâcher prise comme en Afghanistan car une grande partie du Nord Mali est
incontrôlable de par sa géographie physique et la connaissance du terrain qu’en
ont les arabes et surtout les Touaregs.
La République démocratique du Congo, ou Congo-Kinshasa
à ne pas confondre avec la République du Congo ou Congo-Brazzaville, est le
pays africain, grand comme quatre fois la France et ayant la plus grande
superficie après l’Algérie mais c’est aussi un pays où l’insécurité et la
misère règne provoquant massacres et maladies dues à la mal nutrition. Les
femmes y sont particulièrement maltraitées et beaucoup d’organisations
humanitaires s’en inquiètent. Le Rwanda voisin soutient une rébellion et s’est
ingéré militairement dans le pays. Les forces onusiennes présentes sont loin d’avoir
rétabli la sécurité et la France n’y apporte aucune aide militaire.
On peut se
demander si l’intervention en Centrafrique, pays voisin du Congo Kinshasa, est
vraiment à but humanitaire ou s’il s’agit de prendre plus ou moins le contrôle
de ce pays avec l’idée de combattre les forces djihadistes qui ont reflué du
Mali. Notre intervention en appui des forces africaines va naturellement nous
mettre en position de leader, quoiqu’en dise Laurent Fabius. Ce pays a vu la
prise de pouvoir par le SELEKA en décembre 2012 avec l’appui d’éléments militaires
venus du Tchad et du Soudan, la dépose
du président François Bozize et son remplacement par Djotodia. Contrairement à
ce qu’affirme le gouvernement ce pays n’est pas sans une direction
gouvernementale.
Notre intervention n’est pas sollicitée par la
direction actuelle, il s’agit donc d’une ingérence dans un pays, même si c’est
sous le couvert de l’ONU. Evidemment la situation de chaos est évidente avec
des exactions sur les populations, viols, massacres, et avec une rivalité
religieuse entre chrétiens et musulmans. Des bandes armées incontrôlées sèment
la violence dans le pays avec des interventions étrangères du Tchad et du
Soudan qui s’octroient des légitimités dans les préfectures du pays.
Ceci étant on voit mal ce que peuvent faire les
forces d’intervention en dehors des villes. La solution ne peut être que
politique mais ses chances de réussite semblent bien minces sous la poussée
islamiste qui ne lâchera pas plus prise qu’au Mali. Nous devrons rester aussi
longtemps dans ce pays. Tchad, Côte d’Ivoire, Mali, Centrafrique voient la
présence permanente de forces françaises et nous imposons comme les gendarmes
de l’Afrique sans y être soutenus par l’UE. Nous nous présentons comme l’armée
européenne sans en avoir reçu l’adoubement par les pays européens. En fait nous
n’avons besoin que de l’accord des Etats-Unis qui nous sera donné via l’ONU.
La maintenance des matériels nécessaires aux armées
devient de plus en plus difficile car beaucoup sont à bout de souffle. Le personnel
et les crédits se raréfient. Il y a un vent d’incohérence dans la politique
française qui ne peut maintenir sa grandeur que par des croisades à fort risque
d’échec. L’Allemagne nous regarde et travaille dans la rigueur budgétaire et la
compétitivité. La vassalisation aux Etats-Unis, l’appétence à la guerre ne
grandissent pas la France mais la détourne de ses objectifs, l’indépendance de
notre patrie et sa réussite économique et sociale.
La
guerre n’a d’intérêt que lorsqu’elle a vaincu.
Celui
qui la déclenche n’est jamais le peuple
Mais
celui qui prétend qu’il en tirera profit !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon
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