Les
Echos, journal du mondialisme et de l’ultra-libéralisme, publie régulièrement
des articles sur la catastrophe que signifierait la sortie de l’euro. L’argumentation,
beaucoup basée sur la peur de l’épargnant, est toujours redoutable car le
journal est considéré comme sérieux sur l’économie, surtout par les
investisseurs. Un extrait d’une parution du 21 octobre retient particulièrement
l’attention :
« La
seule charge de la dette (les intérêts hors remboursement du principal)
représente déjà le premier poste budgétaire avec près de 48 milliards d’euros
si les taux se mettent – comme c’est hautement probable – à remonter. Face à de
tels fondamentaux, le nouveau franc subirait une dépréciation très certainement
supérieure à 10 % et possiblement proche de 20 %. Quitter l’euro, c’est
regarder votre livret A ou votre compte d’assurance-vie et l’amputer de près de
20 % de sa valeur. C’est donc créer un incinérateur de patrimoine digne du
billet de banque publiquement consumé par Serge Gainsbourg qui faisait déjà à
l’époque référence à la pression fiscale »
Les
politiques partisans de la sortie de l’euro ont en effet tous, y compris Jean-Pierre
Chevènement(MRG) et Jacques Myard(UMP), préconisé une dévaluation de la monnaie
de l’ordre de 20% pour ce qui concerne la France. Ce n’est pas une position
initiale du FN mais une position reprise aux opposants à Maastricht. Avec un euro actuel à
1,35 fois le dollar, une dévaluation de 20% le ramènerait à 1,08, soit un peu
au-dessous de la parité de départ en 2000. Ceci est cohérent avec la perte relative
de la compétitivité de notre pays depuis cette date. Le fait de dire que les
sommes mises sur un livret de Caisse d’Epargne ont perdus 20% de leur valeur n’est
strictement vrai que si l’on les retire et que l’on part vivre aux Etats-Unis.
En réalité même si cette dévaluation engendrait une inflation temporaire de 10%,
le réajustement des taux d’intérêt réduirait à 5 ou 6% la perte effective.
En
réalité dans notre vie quotidienne, nous paierons plus cher les produits
importés des pays où leur monnaie sera réévaluée par rapport à la nôtre et moins
cher pour ceux importés des pays à monnaie plus dévaluée que la nôtre. Mais on
constate que la consommation des produits et biens importés ne représente pas l’essentiel
de nos achats, ce qui est encore plus vrai pour les personnes âgées. Pour
certains ménages la facture de carburant est importante. Mais il faut savoir
que l’augmentation du prix ne porterait que sur les 25% du coût hors taxe du
carburant soit finalement une hausse de 5% soit quelques centimes par litre.
N’oublions pas que la
sortie de l’euro est axée sur une hausse de notre compétitivité. Un article de
Charles Gave, économiste pragmatique, montre, d’une façon explicite et imagée, la
corrélation des fluctuations de la lire italienne par rapport au mark et la
variation respective des productions italiennes et allemandes. Il utilise la «
parité des pouvoirs d’achat », qui n’est autre que le taux de change
diminué de l’inflation, entre les deux pays en regard du rapport des productions
des deux pays de 1967 à nos jours. La ligne verte, c’est notre taux de change
théorique calculé à partir de la différence des prix de détail entre les deux
pays. La ligne jaune, c’est le taux de change de « marché » entre la
Lire et le DM s’ils existaient toujours (donc une horizontale depuis l’euro). La
ligne rouge (graphique du bas) est simplement le rapport entre la production
industrielle Italienne et la production industrielle Allemande base 100 en
2000. Si la ligne rouge monte cela veut dire que la croissance Italienne
en volume est supérieure à la croissance Allemande, le contraire étant
également vrai.
On
peut constater que, sur les segments de droite en bleu du graphique du bas, les
fluctuations du rapport des productions suivent très bien les surévaluations et
sous-évaluations de la Lire donc les ajustements de la monnaie au marché (A une
sous-évaluation de la Lire correspond une augmentation des productions
relatives italiennes et inversement). Dès l’euro, la lire se trouve surévaluée
et le rapport des productions baisse. L’Italie ne devient plus compétitive par
rapport à l’Allemagne.
On
lit beaucoup de littérature sans réel regard sur ce que peut nous apprendre par
un simple constat sur le passé. Cette démonstration sur la Lire coupe court à l’argument
que la compétitivité n’est pas liée au taux de change sous le prétexte que cette
sortie serait rapidement « entourée d’épines au regard des réalités concurrentielles.
Il faut rappeler que bien des éléments de notre compétitivité actuellement
altérée viennent de facteurs hors prix : qualité des produits, design, respect
des délais de livraison, ».
De
même la dette publique ne serait pas affectée du pourcentage de la dévaluation.
Seule la part négociée en monnaies étrangères le serait soit 15% de la dette,
soit finalement une augmentation de la dette de 3%, autrement dit de 60 milliards.
Ceci ne représente que 6/7 du déficit public de 2013 mais aussi le déficit de
notre balance commerciale. On peut espérer que la sortie de l’euro nous
donnerait des excédents de celle-ci comme en Allemagne.
Les
divergences de plus en plus croissantes entre les pays du sud et l’Allemagne ne
peuvent que diriger ces pays vers un défaut de paiement. Le blocage des ajustements
monétaires ne peut aboutir à des réformes dans un temps court et on ne peut
réformer dans un pays en dépression. La sortie de l’euro pour au moins une
monnaie commune qui reprendrait les principes du serpent monétaire ou du SME, expérimenté
et viable avant l’euro, est inéluctable. Doit-on attendre que l’Allemagne, dont
le commerce extérieur est orienté au trois-quarts hors zone euro, se lasse de
payer les pots cassés ? Plus on attend, plus la transition sera coûteuse
car notre pays sera plus en difficulté qu’aujourd’hui.
L’euro et même l’appartenance à l’UE est
désastreuse
Sur une Europe aux fondations
irréalistes.
La charrue avant les bœufs n’a jamais
Creusé un sillon !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon