C’est la dernière décision courageuse de
Moscovici, il ne faut pas changer de cap(e). C’est en effet avec un « e »
que le cap doit être écrit, car c’est bien sous elle que le gouvernement se
cache et nous cache la réalité dans un autisme et un aveuglement que seules des
intentions non avouées peuvent expliquer. En effet si ce n’était pas le cas, il
faudrait que notre gouvernement soit doté de capacités intellectuelles encore
au stade infantile, ce qui mettrait en cause tout notre système d’éducation et entraînerait
la fermeture de l’ENA. Le cap, est-ce la croissance ? La diminution du
chômage ? L’amélioration de la compétitivité ? Tour à tour le cap change
et on confond allègrement les causes et les buts dans une France malade qui
prend le tournis.
Nous
allons de déception en déception, la France s’enfonce depuis 1975, date à
laquelle on a commencé à creuser la dette. En fait on peut remonter à la
décision de Pompidou, issu du milieu bancaire, d’interdire au Trésor Public d’emprunter
directement à la Banque de France à taux nul et de s’adresser au marché
bancaire en vendant des obligations souveraines. La porte aux déficits était
ouverte parce qu’aucun changement n’est intervenu dans les dépenses publiques
alors que nous devions cette fois payer des intérêts d’emprunt. Les banques se
sont enrichies et l’État a creusé la dette. La dette française va exploser en
2014, avec un taux d'endettement qui passera à 95,1% du PIB fin 2014, soit 1950
milliards d'euros, donc une hausse de plus de 120 milliards en 2 ans. Ce sera
pire si la croissance de 0,9% n’est pas atteinte, ce qui se profile de plus en
plus à l’horizon, vues les perspectives européennes annoncées par Bruxelles.
Le
Ministre du Budget vient d’avouer une baisse probable des rentrées fiscales de
5,5 milliards en 2013 et c’est 11 milliards qu’estime le président UMP de la
Commission des Finances du Sénat. A moins qu’il s’agisse de nouvelles
estimations de Bercy depuis le rectificatif au budget, c’est bien 10,9 milliards qui manquent dans les recettes. Que nous apprend donc ce rectificatif ?
Bercy
a finalement prévu que le déficit
public reculera de 4,1% en 2013 à 3,6% fin 2014, soit plus que ce
qui était initialement prévu. En septembre 2012, le nouveau gouvernement prévoyait
d'économiser 36,9 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 3% du
PIB en 2013, dont plus de 24 milliards de hausses d'impôts, mais renonçait
à la prévision de revenir au strict équilibre budgétaire en 2017, selon le projet
de loi de finance (PLF). La France a donc entre-temps demandé un report de deux ans de ses
engagements, report accordé mais avec un objectif de déficit à 2,8% en 2015.
On
note le grand décalage entre les prévisions initiales et le budget rectificatif
2013 publié au milieu du quatrième trimestre (!) et qui n’est qu’un constat de l’échec
des prévisions initiales. Nul
n’est prophète en son pays mais tout-de-même nos élites se délitent ! Les recettes fiscales nettes sont amputées de 10,9
milliards (5,6 milliards sur la TVA) soit plus de 3,6% ce qui confirme que l’impôt
tue l’impôt. Ce manque de recettes se reporte presque intégralement sur le
déficit public pour 9,6 milliards puisque la quasi-totalité des dépenses sont
engagées. Le gain vient essentiellement de la baisse des taux d’emprunt qui
passent de 2,9% à 2,3% pour les taux longs à 10 ans et de 0,25% à 0,05% pour
les taux courts à 3 mois. Ceci fait gagner 1,9 milliards sur la charge de la
dette qui revient à 45 milliards soit 15% des 301 milliards de recettes de l’État.
Les dépenses ont donc progressé de (1,9-10,9+9,6) soit de 0,6 milliard par
rapport au budget initial. Ceci correspond en gros aux dépenses de la guerre au
Mali.
Les
réductions budgétaires 2013 ont porté essentiellement sur la défense, les
investissements sur les infrastructures et la recherche. Ces choix ne vont ni
dans le sens du potentiel de défense indépendante de notre pays ni dans celui
de mieux préparer celui-ci à une amélioration de sa capacité d’innovation, ni même dans
celui du rôle essentiel de l’État dans l’investissement sur les infrastructures
nécessaires à son développement économique. Les bouleversements dans les
activités scolaires et périscolaires, l’augmentation du nombre de salariés de l’Éducation
Nationale sont les principales sources de l’augmentation privilégiée du budget
de ce ministère. Il est permis de douter de leur efficacité sur l’apprentissage
à un métier quand la gabegie des dépenses de formation pour adultes ne subit
aucune réforme en profondeur.
Avec
1905,6 milliards de dettes dont 71,8 milliards de déficit ajouté en 2013, la France
est loin du compte malgré une baisse des taux d’emprunt. Avec ce poids de dettes
qui nous fait passer de 90,2% en 2012 à 95,1% en 2014, la France ne se relève
pas, elle s’enfonce. Le changement de cap n’utilise aucun vent favorable car il
donne toujours dans un manque de vision autre que celui de donner toujours plus
à un communautarisme quêteur de subventions. Une France sans chef pleure sur la
pression fiscale et demande toujours plus d’aides de l’État dans un cercle
mortifère.
Faute
de volonté de définir un cap qui donne véritablement un grand coup de pouce à
notre économie avec le levier monétaire, la France rentre dans une politique de
satisfaction des égoïsmes, de stagnation de sa croissance et de ses
investissements, d’autisme, de baumes basés sur des promesses irréalistes, de soumission
à une Europe des marchands et à une vassalisation de sa politique étrangère. Le
changement de cap est en effet de ne rien changer.
Ceux qui organisent le déclin de la France,
Ceux qui retirent le meilleur profit
De notre « changement de cap »
Rient sous cape !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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