Le 20 septembre 1992 certains avaient 20
ans, ils ont, pour une grande part, voté oui à Maastricht. Ils ont 41 ans aujourd’hui.
Pour d’autres, c'est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas
connaître. L’idée était belle pour les premiers, aujourd’hui la désillusion est
amère. Pour les seconds la majorité d’entre eux n’y voit plus qu’une monnaie et
des suppressions de frontières qui leur permettent d’aller plus facilement
trouver du travail hors de France. Pour les deux ils ne voient plus un avenir
souriant en France grâce à l’Europe. Si le scrutin avait eu lieu en 2012, une majorité de Français le
rejetterait, selon un sondage Ifop réalisé à l'époque. Ceci contraste étrangement avec l’engouement
pour celle-ci de la part des deux partis qui gouvernent la France depuis
quarante ans. Cet éloignement des élites
par rapport aux peuples est significatif de la perte de démocratie de la
machine européenne. L’intérêt des uns n’est plus celui de ceux qu’ils
représentent.
Depuis
le 1er novembre 1993, date de la mise en œuvre du traité de Maastricht,
la citoyenneté européenne s’affiche à Strasbourg et à Bruxelles mais elle n’a
toujours pas envahi le cœur de ses citoyens. Bien au contraire, on note un
repli des pays européens sur leurs intérêts nationaux, tandis que l’Europe
tente de les faire disparaître dans un fédéralisme qui privilégie le pouvoir des
régions. Il est clair que l’Allemagne y voit une hégémonie en rôle central,
protégée par sa constitution qui lui permet de rejeter toute perte de son
pouvoir ou d’en réguler celle-ci au gré de ses intérêts. C’est d’ailleurs ce
pays qui a fait introduire la clause d’interdiction de toute solidarité
financière au sein de la zone euro pour éviter de payer l’indiscipline des pays
du sud de l’union monétaire. On voit que cette clause peut ne pas être respectée
que si l’Allemagne y consent.
François
Mitterrand nous a vendu du rêve sous couvert de paix assurée, de fraternité des
peuples et de progrès social dans une union qui se révèle axée sur l’économie.
Pourtant les voix qui y voyaient un grand danger pour la France venaient de
toutes parts, dont le PC, Fabius, des écolos, Seguin, Pasqua, De Villiers, le FN.
Les plus de trente ans se souviennent certainement du discours mémorable de
Philippe Seguin à l’Assemblée Nationale en mai 1992. Ce traité « enterre
la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la
Révolution » proclamait-il, comme certains qui n’y voyaient que « une
Europe des marchands et des technocrates ». On mesure mieux aujourd’hui la
justesse de leurs propos.
Il
devient de plus en plus évident que l’Europe nous entraîne d’une part dans un
grand marché transatlantique dont les profits n’iront que vers la grande
finance bancaire, les multinationales, et d’autre part dans une vassalisation
accrue aux Etats-Unis. Seules l’Allemagne et la City de Londres tireront leur
épingle du jeu. Les pays du sud ne sortiront la tête de l’eau que sous la
tutelle de la troïka (FMI, UE, BCE), autrement dit des banquiers et des
technocrates. L’Europe perd régulièrement de la croissance par rapport aux
autres grands pôles économiques, la fiscalité n’a cessé d’augmenter dans notre
pays, la crise n’a pas encore été digérée, le chômage augmente, l’euro pénalise
les exportations, les délocalisations augmentent, les industries disparaissent
plus qu’elles ne se créent, la dette publique devient non remboursable par la
croissance et lorgne sur l’épargne (PEA, PEL, assurance-vie et même dépôts
comme à Chypre).
La
zone euro se distingue par des performances plus mauvaises que la moyenne des
pays hors euro comme je l’ai précédemment exposé. Sa solidité est
périodiquement remise en cause et les plans d’austérité sont assénés avec de plus
en plus de violence comme récemment au Portugal. L’Allemagne suit de moins en
moins la France, toujours à l’affût d’un impôt nouveau, qui essaie d’introduire
la fiscalisation des opérations financières. Elle sait que la France est cigale
et agit au mépris des ressorts de l’économie. L’Europe a raté une Europe de la
défense, une Europe unie par la monnaie, une Europe sociale (on paye les turcs
à 3 euros de l’heure en Allemagne), une Europe de la politique étrangère
commune, une Europe de la citoyenneté, une Europe de la démocratie.
Que
reste-t-il de ses principes fondateurs ? Je dirai le symbole d'« Airbus »,
symbole économique mais qui aurait d'ailleurs existé sans elle. Alors fallait-il mettre dans la rue autant de chômeurs en Grèce, en Espagne,
en Italie, et désormais en France ? Les bretons ont la tête près du
bonnet, rouge pour l’occasion, mais la France des ouvriers, des artisans, des
commerçants, des classes moyennes, ne veut plus porter le bonnet d’âne pour une
élite qui profite du pouvoir dans les ors de la république et fait le lit d’une
Europe technocratique au service des grandes puissances de l’argent ! Dominique
Strauss-Kahn vient de dire à Séoul que l’Europe courrait à sa perte si elle
continue ainsi. Il sait sans doute de quoi il parle, même s’il a largement
participé à la mainmise des puissances de l’argent sur l’Europe technocratique.
De Maastricht à Lisbonne, pas à pas,
L’Europe veut tuer la souveraineté des
peuples
Pour mieux les asservir aux puissances
de l’argent !
Il est temps que, comme autrefois, la
Résistance
Brise les maillons de ses chaînes !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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