Deuxième producteur
mondial d’électricité nucléaire, après les États-Unis, et première nation par
le pourcentage par rapport à la production électrique totale, la France peut
s’enorgueillir d’un demi-siècle de production sans accident notable ayant mis
en danger sa population et d’avoir développé une industrie qui la place parmi
les plus puissantes du monde. Par ailleurs, contrairement aux États-Unis elle a
choisi la voie du recyclage de la plus grande partie des « déchets
nucléaires » dans son usine de La Hague dont elle a vendu la technologie
au Japon. Ce très important recyclage de l’uranium et du plutonium avait d’ailleurs
conduit Jacques Chirac à demander que cette énergie soit classée dans les
énergies renouvelables. Par ailleurs cette énergie ne rejette pas de gaz
carbonique et il faut très peu de sites sur de relativement petites surfaces
pour produire 75% de la production électrique contrairement à l’éolien.
Les États-Unis avec une centaine
de réacteurs n’ont connu qu’un accident grave, de type Tchernobyl avec fusion
du cœur, dont la radioactivité, contenue dans l’enceinte du réacteur, n’a fait
aucune victime et aucun dégât sur l’environnement. C’est cette technique de
réacteur qui est à la base de ceux construits en France contrairement à ceux de
Tchernobyl. La catastrophe de Fukushima est le troisième accident grave parmi
les 450 réacteurs qui étaient en service
dans le monde. Le Japon est un pays très différent du nôtre, par sa surface et
ses conditions sismiques et climatologiques. La sous-estimation de l’ampleur du
danger des tsunamis est à l’origine de cette catastrophe. Malgré tous les effets
sur la population et l’environnement, cet accident n’a pas eu des conséquences
aussi dramatiques que le même raz-de-marée qui a ravagé les côtes japonaises
avec des dizaines de milliers de morts.
Il est normal que l’analyse de l’accident
et les mesures prises génèrent quelques améliorations supplémentaires dans les
réacteurs existants et dans leur exploitation. Le risque zéro n’existe jamais
mais il n’y a pas de progrès sans risque. Il arrive un moment où toute nouvelle
avancée dans les mesures de sûreté, de réduction du risque, devient déraisonnable
et insupportable financièrement, ce à quoi conduit trop souvent le principe de
précaution, à différencier du principe de prévention. C’est sur ce point
qu’œuvrent désormais les détracteurs de ce type d’énergie dans lesquels on
retrouve les écologistes et ceux qui veulent obliger les nations à obéir aux
choix des puissances de l’argent. C’est ce que vient de relancer le Commissaire
Européen responsable de l’énergie,
l’Allemand Günther Oettinger.
Celui-ci s’adonne à une attaque en règle du nucléaire en s’appuyant sur
le coût de la catastrophe de Fukushima et la faiblesse de l’assurance-accident de
90 millions d’euros pour les centrales françaises. Par conséquent, Oettinger
veut imposer aux groupes énergétiques en Europe, des assurances allant «à un
milliard ou plus». La conséquence serait l’augmentation des primes, donc du
coût de l’électricité nucléaire. Autre angle d’attaque, les subventions
européennes. Avec 35 milliards pour le nucléaire et 30 milliards pour les
énergies renouvelables, le nucléaire est montré comme beaucoup plus
subventionné. Il est accusé aussi de ne pas prendre en compte le stockage des
déchets sur 25.000 ans. Pour faire bonne mesure, il est accusé de mettre de
l’argent dans les poches des exploitants. Les 2 milliards qu’EDF retourne au
gouvernement en sont la preuve et la raison pour laquelle il est inattaquable
(en filigrane : contre toute autre raison valable).
Voilà l’opprobre est lancée et la filière, qui met en danger l’humanité,
accusée de mensonge et de maquillage. Pour faire plaisir aux écologistes, le
Commissaire cible le danger de la centrale de Fessenheim, que François
Hollande veut arrêter sans qu’il puisse s’appuyer sur un avis de l’Autorité de
Sûreté Nucléaire, autorité indépendante, qui seule peut donner un avis
technique de fermeture et qui a autorisé la prolongation de dix ans de la durée
d’exploitation de nos centrales sous réserve de travaux de rénovation ou
d’amélioration. Alors cette attaque européenne est-elle donnée sans intention
cachée et solidement argumentée ?
En réalité le nucléaire donne à
la France une indépendance que les mondialistes doivent absolument leur
enlever. Le nucléaire français ayant, depuis un demi-siècle, montré la maîtrise
de cette énergie sans accident grave, et celui-ci n'étant pas attaquable pour
ses rejets de CO2, il faut l'attaquer autrement. La catastrophe de Fukushima
est l'occasion de parler du coût du nucléaire. La première tentative sur le
coût, qui avait ciblé la non-prise en compte du démantèlement en fin de vie,
avait échoué, car celui-ci est bien intégré dans le prix de revient du kwh.
Le nouvel angle d'attaque se
focalise sur la sûreté et les déchets. On pousse à augmenter la sécurité
(sûreté) des réacteurs existants toujours plus loin et au-delà des
recommandations de celles de l'Autorité de Sûreté nucléaire de façon à
engendrer des surcoûts. Dans ce domaine on peut pousser toujours plus loin, il
n'y a pas de limite même si nous ne sommes pas dans les conditions
environnementales d'implantation des sites japonais, ni aux mains d'entreprises
privées majoritaires.
Le montant des assurances est
basé sur l’importance des dégâts à couvrir et sur la fréquence prévisible de
ceux-ci. C’est ainsi que sont calculées les primes pour les fusées Ariane. Plus
il y a de lancements réussis, plus les primes sont re-négociables à la baisse et
inversement de la part des assureurs. Le nucléaire français a montré une
fiabilité exemplaire et l’augmentation du montant assuré est sans doute à
renégocier ou la prime à diminuer pour le même montant. L’Etat étant l’actionnaire
majoritaire, il est en première ligne sur ce point mais il n’y a aucune raison
que ceci se reporte en augmentation sur le coût du nucléaire.
Pour les subventions européennes
il faut les ramener au nombre de kwh produits, alors le nucléaire est de très loin
le moins subventionné. Pour les déchets le coût de stockage est évalué
annuellement au doigt mouillé pour les déchets à longue durée de vie, les sites
en profondeur n’étant pas encore en activité. Pourquoi ne pas prendre aussi un
million d'années de stockage, au lieu de 25.000, puisque la radioactivité de
l'uranium a l'âge de la terre ? On peut ainsi augmenter le coût à volonté.
Enfin on stigmatise le fait que l’État puisse tirer profit de la production de
cette énergie, comme si le fait de subventionner les énergies renouvelables
était un plus pour notre économie. Un comble !
Cet article montre une fois de
plus que les mondialistes sont à l’œuvre et qu'ils ont ciblé ce qui reste de
pouvoir de choix d'une nation. La mainmise sur l'indépendance, qu’elle soit
énergétique ou autre, est en cours. Il n'est pas innocent que le commissaire
européen de l'énergie soit allemand quand ce pays tourne le dos au nucléaire et
privilégie l’éolien et par conséquence le lignite et le gaz. On ne rate jamais
une occasion de faire valider la politique énergétique allemande qui va mettre
en œuvre 24 centrales thermiques supplémentaires pour permettre le
développement de l'éolien sans bénéfice écologique notable sur le CO2 émis et
pour un coût du kwh plus élevé. Quand le maniement de la peur ne marche pas
assez vite dans un moment où les populations ont d’autres soucis, les
mondialistes, européistes, ouvrent un autre angle d’attaque.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.
L’indépendance de la France a encore quelques atouts,
Certains œuvrent à les lui enlever !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon