vendredi 15 novembre 2013

Indépendance et efficacité, c’est repenser le plan énergétique ! (suite et fin)

La production électrique par l’énergie nucléaire, en dehors des problèmes de sécurité et de déchets, est mal adaptée à des variations rapides de puissance, l’effet Xénon, induit en cas de variation brusque, empêche son redémarrage immédiat à pleine puissance. Son efficacité maximale se trouve dans une production constante. On peut estimer que la fourniture de 75% à 80% est un pourcentage qui assure une puissance délivrée constante sur l’année. L’apport supplémentaire par l’énergie thermique et l’hydro-électricité suffit alors à faire face à la consommation.

Les énergies renouvelables, en particulier éolienne, ne permettent ni de minimiser significativement l’apport de carbone puisqu’elle doit être couplée au thermique ni d’envisager pour l’instant un coût plus faible, même que le thermique. Pour l’électricité il faut donc réduire leur utilisation et à une implantation très réglementée dans les zones ventées les plus favorables. L’objectif de produire 21% d’électricité en 2020 est une aberration. Dans la mesure où l’éolien n’est pas la solution au complément d’énergie nécessaire aux variations instantanées, journalières et saisonnières de la consommation électrique ce sont les centrales thermiques, hydroélectriques et surtout nucléaires qui devraient rester la base de la production d’électricité. 

Tant que les énergies renouvelables ne sont pas rentables, seules la recherche et l’innovation, en particulier dans le solaire, devraient être l’objet d’aides ou de subventions. Il faut donc se concentrer sur les efforts de réduction de la consommation. C’est dans ce domaine que la recherche et l’innovation doivent aussi être soutenues. Là encore le soutien ne doit pas aller vers les particuliers, sauf en tant que mesure sociale, mais distribuer l’aide à l’innovation aux brevets reconnus techniquement efficaces et d’une rentabilité prouvée. Il y a encore d’énormes progrès à faire mais l’aide à la production est également à proscrire car elle pousse souvent à la non-rentabilité et à un déséquilibre concurrentiel.
 
Il nous reste le grand domaine du chauffage et du transport où les consommations de produits pétroliers et de gaz sont la principale source de dépendance de notre pays. La consommation énergétique totale se répartit de la façon suivante  en 2012 :
  • charbon : 3,4 %
  • produits pétroliers : 41,8 %
  • gaz : 20,8 %
  • électricité : 24,4 %
  • EnRt : 9,7 % (bois, agrocarburants, biogaz et déchets).

65% des énergies consommées nous tiennent en état de dépendance dont 42% par le pétrole. C’est donc dette dernière qu’il faut résorber d’autant plus que ses nuisances sont importantes et jouent quotidiennement sur la santé publique en dehors du gaz carbonique. Le chauffage au gaz peut être privilégié par abaissement des taxes en concurrence avec le chauffage électrique qui peut progresser avec l’isolation des habitations. En ce qui concerne le transport il est important de limiter le transport routier de marchandises aux déplacements courts en développant le ferroutage, et le transport fluvial. Pour le transport des particuliers, la mise en œuvre de transport collectif de remplacement, à fréquence et commodité d’accès, doit être poursuivie dans les agglomérations. Le développement de la voiture électrique n’est pas d’une évidence aussi claire. 

En effet d’une part elle n’atteint pas son seuil de rentabilité sans aide de l’État à la production et d’autre part les batteries nécessaires nous font retomber dans la dépendance à cause des éléments chimiques utilisés dont nous ne disposons pas sur notre sol. Par ailleurs le recyclage des batteries est très difficile et un nouveau problème de déchets polluants va vite se poser. Enfin cela demande des infrastructures lourdes dans le réseau de distribution urbain et routier qu’il faut intégrer dans le coût pour l’État donc pour nous. Le recul de Renault dans le développement des véhicules tout électrique montre qu’il faut laisser du temps à la recherche et à l’innovation. L’État, comme toujours, est en train de penser à une taxation de ces consommations de Kwh et, par là même, en diminuera l’attrait. 

La solution risque d’être le moteur à hydrogène, d’autant plus que les productions d’électricité en surplus de la demande par les énergies renouvelables peuvent être utilisées à la production et au stockage de cet élément chimique. Sous réserve de rentabilité globale, on pourrait redonner de l’intérêt aux énergies renouvelables et disposer d’une source inépuisable et indépendante d’énergie. C’est bien dans la recherche et l’innovation vers lesquelles le plan énergétique doit s’orienter.  

Le réseau électrique intelligent est conçu pour s’adapter à l’évolution de la production d’énergie. Des consommateurs, particuliers ou entreprises, vont de plus en plus devenir des producteurs intermittents d’électricité (grâce aux panneaux photovoltaïques et aux éoliennes), avec lesquels le réseau général va devoir composer. L’Europe, les États-Unis et le Japon travaillent d’ores et déjà sur ce concept. Les voitures électriques branchées sur le réseau pourraient, en outre, grâce aux capacités de stockage de leurs batteries, relayer les baisses intermittentes de production des énergies renouvelables citées plus haut (vent, soleil...). Enfin l’énergie nucléaire est loin d’en avoir terminé avec le progrès. Les surgénérateurs, les générateurs au thorium (élément chimique le plus présent sur la planète) et bien d’autres types de réacteurs dont certains ont une sécurité intrinsèque sont à l’étude dans le monde et nous permettront d’attendre l’arrivée espérée des réacteurs à fusion pour une énergie inépuisable. 

Quand l’idéologie stoppe le progrès, celui-ci continue ailleurs. 

L’énergie est le moteur de toute économie. 

Intelligence, efficacité et indépendance 

Sont ce qui fait un grand pays ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire