Le 11 novembre 2013 les slogans « Hollande-démission » vont de
nouveau refleurir sur les Champs-Élysées et exprimer la pensée de nombreux
français qui n’auront pas cette hardiesse. Avec une impopularité qui bat des
records, Hollande pourrait se poser la question de sa démission, seule issue
possible pour déloger le locataire de l’Elysée. Mais l’homme a une telle
confiance en son intelligence d’analyse politique que cette pensée, si elle
peut l’effleurer, est vite chassée de sa pensée. Il est pourtant devant un
problème dit de quadrature du cercle. Malheureusement son comportement, qu’il a
calqué sur un célèbre prédécesseur le matois Mitterrand, n’est pas allié à une
volonté d’agir selon la pensée qu’il ne sert à rien d’agir quand le moment n’est
pas favorable et que le temps est un allié. « Laissons du temps au temps ».
Cette formule, qui peut corriger les erreurs de l’impulsivité et dite technique
du gros dos, peut finir par une politique de l’autruche et de l’immobilisme.
Pourtant
depuis novembre 2012, l’homme a compris qu’il allait falloir tailler dans les
dépenses, mais il a continué à augmenter la pression fiscale, action à priori beaucoup
plus facile à mettre en œuvre. Il a gagné du temps et a lancé des mesures pour
améliorer la compétitivité des entreprises, par exemple en desserrant les
contraintes du droit du travail pour plus de flexibilité de l’emploi mais aussi
par le crédit compétitivité, artifice bien compliqué donc peu incitatif par
rapport un allègement des charges des sociétés, ou encore la banque publique d’investissement
qui ne fait que rassembler des moyens déjà existants en grande partie.
Même si ces actions n’ont pas encore leur
plein effet, on ne note pas d’amélioration ni dans la croissance, ni dans l’investissement
des entreprises qui ne s’oriente toujours pas vers l’innovation ou l’augmentation
des capacités de production. Selon l'enquête de conjoncture dans l'industrie
réalisée après des chefs d'entreprises, l'investissement devrait chuter de 7%
cette année. "En 2013, la baisse des dépenses d'équipement reste
soutenue dans le secteur du matériel de transport (-20 %) avec une forte
diminution dans le secteur automobile (-27 %)", précise l'Insee
et l'investissement est anticipé en baisse de 2% l'année prochaine.
Juge
de paix, la balance commerciale ne s’améliore pas. Les Douanes ont indiqué ce
vendredi que le déficit commercial avait atteint 5,8 milliards en septembre. Il
dépasse les 16 milliards au troisième trimestre. On va dépasser les 60 milliards
de déficit à la fin de l’année alors que l’Allemagne dépasse les 200 milliards
d’excédent. La morosité de la demande intérieure et extérieure ne suffit pas à
expliquer ce déficit chronique, la compétitivité des entreprises est nettement
mise en cause. Il ne suffit pas de marteler que nous sommes sortis de la crise
pour voir celle-ci s’éloigner. La croissance reste atone et elle ne créera pas
d’emplois productifs pour faire baisser le chômage.
L’analyse
de la situation du Président est bonne lorsqu’il écrit « La dépense publique a atteint en 2012 un niveau
sans précédent, 56% de la richesse nationale » et qu’il ajoute « cette situation dégrade nos comptes
publics et freine notre compétitivité sans garantir pour autant la préservation
durable du modèle français de services publics ». Comment ne pas s’inquiéter
d’un poids de la dépense publique qui est largement supérieur en France (56,6%
du PIB en 2012 et 57,1% en 2013 selon Bercy) à la moyenne de la zone euro
(49,9% du PIB, selon Eurostat) ? En France, sur la période de 2007-2012,
la dépense publique a augmenté de 16%. La moyenne de la zone euro est de +14%. Il
y a à gagner sur les gaspillages et les redondances du millefeuille territorial
mais c’est un travail de longue haleine dont on ne peut espérer que quelques
milliards. On peut aussi diminuer le train de vie du gouvernement et de la
représentation nationale, cela peut créer des centaines de millions d’euros mais
cela aurait surtout un effet psychologique indispensable à la crédibilité du
gouvernement dans la politique d’austérité pour tous.
Toutefois
il reste le poids de la fonction publique, qui représente 13,6% du PIB dont 80
milliards pour les salaires des fonctionnaires d’Etat, et le poids des
prestations sociales. Notre différence avec l’Allemagne qui ne consacre que
46,6% du PIB vient surtout des retraites, orientées vers les retraites complémentaires
privées, du système de santé et du poids moins important du chômage. Mais on
trouve aussi des gains dans l’éducation où se sont développés le système d’apprentissage
et la non-prise en compte de l’école maternelle. Malheureusement nos gains
principaux à faire par ordre d’importance du coût sont sur les prestations
sociales.
Trancher
dans les dépenses sociales est de nature politiquement suicidaire dans l’électorat
qui lui reste fidèle, réduire dans les autres dépenses demandent des
réformes structurelles de longue haleine et induit un impact sur l’électorat
des fonctionnaires, augmenter la pression fiscale n’est plus possible qu’à la
marge, diminuer le chômage ne fait qu’augmenter la charge des aides publiques
quand la croissance n’est pas là. Trouver une solution n’est pas plus facile
que de résoudre la quadrature du cercle. Les portes se sont fermées et le
Président doit changer de cap et de politique économique. Franchir le Rubicon
de l’euro et remettre en cause les traités européens demandent du courage, car
c’est renier la politique d’adhésion au projet de fédéralisme européen, étape
vers la gouvernance mondiale. C’est affronter toutes les puissances
économiques, financières et bancaires occultes avec leurs représentants de la
Commission Européenne. Il n’en a ni le courage ni la volonté… et PS et UMP ne
peuvent avouer s’être trompés.
C’est un Président qui vit la fin d’un
règne,
Paralysé comme le fut Louis XVI.
Alors démission vaut mieux
Que… révolution !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon