La France,
et même l’Europe, est entrée dans une civilisation multiethnique sans l’avoir réellement
désiré. Il y a eu très peu de débats démocratiques sur ce point dans la plupart
des pays européens et la France n’y fait pas exception. L’Europe a accepté ou
subi des immigrations à l’intérieur de son périmètre et depuis quatorze siècles
elle résiste à des invasions venant d’autre continents, que ce soit les Huns ou
les arabes. Pour la première fois elle doit accepter une immigration
intercontinentale et s’ouvrir à un multiculturalisme mondial. Comment alors
garder son identité, sans heurt, devant un envahissement mondial,
multiethnique, multiculturel, multiracial, multiconfessionnel et très rapide de
surcroît ? Les peuples européens étaient-ils prêts à s’ouvrir à ce grand
bazar ?
Il faut
constater que l’intégration des immigrés européens en France ne s’est pas
toujours faite sans difficulté mais les différences de mœurs, de religion, de
culture n’étaient pas marquées comme ce que nous vivons actuellement. Les
conditions d’une assimilation finale étaient réunies à savoir d’abord une
grande confiance dans nos valeurs spirituelles et culturelles dans un modèle
républicain, laïc et démocrate, et ensuite dans une acceptation de la part des
nouveaux arrivants de l’ascendant de la société d’accueil.
Nous
ne sommes plus désormais dans ce contexte. La France est entrée dans une
période de repentance, de crise d’identité, de pertes de repère, d’autodénigrement
de nos valeurs anciennes. Nous nous exposons au regard de l’immigration dans l’autocritique
et dans l’admiration des autres cultures. Face à une image dégradée du pays d’accueil,
nous tuons sciemment nos chances de développer leur envie de s’y intégrer.
Lorsque qu’une culture ancienne et forte est proposée à travers une religion
conquérante et fière, le choix devient clair. Il faut l’imposer, ce qui
signifie ipso facto un rejet de l’intégration. L’assimilation devient impossible
dans le sens normal et ne peut réussir que par l’assimilation des anciens
occupants.
Nous avons vu que c’est dans ce sens que
se déroule l’histoire. De génération en génération, la religion musulmane
devient de plus en plus importante dans l’esprit de ses adeptes. Le Coran et
ses hadiths sont de plus en plus suivis chez les jeunes. On le voit dans les
tenues vestimentaires dont le voile de plus en plus porté par les jeunes
filles, surtout celles qui ne sont pas entrées dans le monde du travail. Elles
manifestent de plus en plus pour faire reconnaître leur façon de s’habiller, par
conviction ou par provocation (seulement 16% des femmes de 18-50 ans ne portent
pas toujours le voile et seulement 9% le portent dans les quartiers aisés mais 30%
chez les femmes non scolarisées ou non diplômées).
L’Islam
veut se rendre visible et il y arrive également par les interdits alimentaires.
Le port du voile, les interdits alimentaires et les mosquées sont les trois
aspects fondamentaux de la licéité (caractère de la chose licite) dans la vie d’un
musulman. Ils signalent la volonté de vivre selon les règles du droit musulman.
La charia est censée encadrer les musulmans dans la vie quotidienne. Elle
conduit à l’application d’un droit particulier ou dérogatoire par rapport au
droit français, par exemple pour résoudre des problèmes domestiques et des dilemmes
sociaux, ce qui se produit déjà avec le Conseil de la charia britannique.
Les
exigences sur les interdits alimentaires se font de plus en plus pressantes en
particulier dans les cantines scolaires et désormais dans certaines communes
les maires devancent la demande, signe évident de l’intérêt que porte la
république laïque à des pratiques religieuses ! En 1992, les exigences
portaient essentiellement sur le porc et l’alcool alors qu’aujourd’hui elles
portent aussi sur la nourriture halal, viande mais aussi gélatine dans les
bonbons et les gâteaux. C’est la jurisprudence musulmane qui détermine ce qui
est licite dans la vie quotidienne. Cela peut même aller, dans le cas de la
polygamie par exemple, jusqu’à célébrer un mariage dit hallal dans la mosquée
sans passer par l’Etat-civil.
Selon
Michèle Tribalat et à partir d’enquêtes « Ce
sont les plus jeunes musulmans qui sont aussi les plus impliqués dans la
licéité des choix alimentaires » et ceci dans tous les environnements
sociaux. Il apparaît que le respect croissant des interdits alimentaires avec l’importance
accordée à la religion, ne dépend pas que de la pression sociale exercée par
les coreligionnaires mais surtout de l’importance de la religion chez les
jeunes générations.
Mais
ces interdits ne cessent de s’étendre et commencent à toucher ce qui est cher à
notre démocratie, la liberté d’expression. C’est ce dont nous parlerons dans un
prochain article avec toutes les conséquences politiques que cela implique. Nous
poserons les deux questions : L’assimilation est-elle encore possible ?
Sinon que se passera-t-il ?
« Les interdits ne cessent de s’étendre,
Tout comme les catégories d’individus
auxquels ils s’appliquent »
Christopher Caldwell
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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