L’Islam devient la deuxième religion de France et elle est
aujourd'hui dans l’actualité. Le pèlerinage a débuté ce dimanche pour environ deux
millions de fidèles près de La Mecque en Arabie saoudite.
En écrivant le titre de cette
chronique l’auteur a peut-être déjà mis un pied dans le racisme. Le pire est
que, désormais, nous ne savons plus où est la limite de l’expression libre,
elle apparaît fluctuante et la justice doit en décider. Pourtant le dimanche,
que certains osent encore appeler le jour du Seigneur, est propice à la lecture
et à la réflexion. Or le sujet est vaste, dangereux mais d’actualité pour
longtemps. Pourtant les politiques redoublent d’efforts pour éviter tout
dérapage et minimisent la portée de tous les évènements qui pourraient amener
des interventions écrites ou parlées à relent raciste. Ce n'est pas en bandant
les yeux de l'oie qu'on l'empêche de crier, c’est en lui clouant le bec !
Nous sommes dans une société
« racialisée » selon certains. "Depuis trente ans qu'elle se répète, la structure inégalitaire s'est
durcie : les jeunes d'aujourd'hui grandissent dans une société racialisée",
analyse Patrick Simon. Ce serait la raison pour que ces jeunes descendants
d'immigrés ne veuillent plus entendre parler d'intégration ou d'égalité des
chances. Ils veulent qu'on leur fasse une place. Alors sommes-nous les fautifs
et doit-on battre notre coulpe, augmenter l’immigration et faire de plus en
plus de place à cette migration de peuplement jusqu’à laisser la nôtre ?
Il convient de regarder d’abord
la réalité en face et de lire ou d’écouter ceux qui sont à même de décrire
honnêtement les changements qui s’opèrent dans la société française par la
croissance du nombre de musulmans, croissance que les mosquées mettent en
évidence dans notre paysage. C’est la première fois que la France essaie
d’intégrer une civilisation et un culte contre lesquels toute notre histoire
s’est opposée. Cette immigration proclame son identité et nous renvoie une
image d’échec de notre politique d’assimilation, image culpabilisatrice à
laquelle désormais la France s’identifie.
Trois auteurs ont publié des
livres particulièrement sérieux et documentés sur la présence musulmane en
France, il s’agit de Malika Sorel, née en France de parents algériens et membre
du Haut Conseil à l’intégration, Michèle Tribalat, démographe, directrice de
recherche à l’INED et spécialiste de l’immigration, et de Christopher Caldwell,
observateur scrupuleux de l’Islam et de l’Europe depuis dix ans. Ce dernier
montre dans son livre « Une révolution sous nos yeux » que les élites
européennes ont sous-estimé voire totalement éludé les effets sociaux,
spirituels et politiques de l’immigration musulmane, qui sont considérables et
durables, au profit des effets économiques, qui sont faibles et transitoires.
L’estimation du nombre de
musulmans en France est toujours difficile car il n’existe pas de recensement
de cette population sur la base de la religion. Michèle Tribalat l’estime
proche de 4,2 millions en 2008 et 3 millions d’entre eux seraient français ou
le deviendraient à leur majorité. En 2012 selon l’Ifop, 86% d’entre eux
auraient voté pour François Hollande soit 1,09 million. Notons au passage que
cela représente plus de 600.000 voix de plus par rapport à une moyenne de votes
proche de 50% pour ce candidat ! L’estimation de cette population pour
2010 serait entre 4,4 et 4,7 millions. J’avais pris ce dernier chiffre dans une
estimation personnelle déjà publiée. Avec un solde migratoire de 100.000, on
trouve une population musulmane de plus de 5.000.000 en 2012, ce qui correspond
aux évaluations des autorités musulmanes françaises. En 1962 la démographe
estime que la population musulmane était moins de 1%. En conséquence le nombre
de ceux-ci a été multiplié par 9 en en cinquante ans.
Sur ces bases du solde migratoire
et de la fécondité moyenne de cette population issue du Maghreb, du
sud–saharien et de Turquie, c’est de l’ordre de 9 millions de musulmans que
nous aurions sur le sol français en 2020 (13% de la population totale) dont 6,5
millions auraient la nationalité française, soit pratiquement un doublement en
10 ans. Un musulman sur quatre de l’UE vit en France. L’immigration actuelle
est plutôt moins forte mais elle a commencé plus tôt que dans les autres pays.
Ces musulmans sont beaucoup plus jeunes que les non-musulmans et vivent plus
fréquemment concentrés dans des zones fortement urbanisées.
Le constat fait par Michèle
Tribalat est que « l’Islam en France
est une religion beaucoup plus dynamique que le catholicisme dont les
« fidèles » n’accordent plus beaucoup d’importance à la religion et,
quand c’est le cas, ils sont plus âgés. C’est au contraire parmi les
musulmans les plus jeunes que la religion compte le plus. » Cela signifie
qu’il y a un retour vers l’Islam chez les plus jeunes. La « désécularisation »
(passage de la vie laïque à une communauté religieuse) se note dans tous les
contextes sociaux et est plus marquée dans les milieux défavorisés, sans doute
en raison d’une pression sociale plus forte. On assiste à un basculement
générationnel qui n’est pas sans inquiéter dans une société où le progrès se veut
le chemin inverse vers la laïcité.
Les musulmans se marient surtout entre
eux. N’oublions pas que le Coran autorise les musulmans à épouser des gens du
« Livre », donc chrétiens et juifs, mais avec les autres aucun accommodement
n’est possible. L’endogamie parentale et l’éducation sont donc les deux
vecteurs principaux de la transmission religieuse qui devient plus forte au fil
des générations. Celle-ci est presque totale lorsque les deux parents sont
musulmans or la mixité ethnique est en régression.
Ce rapide tour d’horizon montre
que notre société va être influencée en profondeur. Les politiques ont commencé
à en tenir compte pour les élections. Des prises de position de plus en plus
tranchées verront le jour. L’augmentation rapide du nombre de musulmans et
l’importance grandissante de la pratique religieuse chez les jeunes générations
expliquent les constats sur les tenues vestimentaires, les exigences
alimentaires et les pressions sur la liberté d’expression. Nous en parlerons
dans l’article suivant avec les préoccupations sur le devenir de notre société
française.
« L’immigration de musulmans est un évènement sans précédent,
Et nous ne savons pas s’il trouvera naturellement sa place
Dans le monde occidental »
Paul Scheffer
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire