Le
français est le champion européen de l’épargne. Avec 3960 milliards d’euros d’épargne,
la dette publique française de 1960 milliards n’effraie pas encore les
investisseurs qui achètent les obligations d’État. Nous empruntons à des taux
qui restent pour l’instant peu supérieurs à ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni
en restant inférieurs à 3%. Toutefois les taux augmentent car notre pays
bénéficie à peine de la petite embellie de la croissance européenne. Sa
politique attentiste qui repousse les grandes réformes structurelles ne
dynamise pas assez sa compétitivité pour rejoindre le peloton de tête.
Le français donc pratiquait autrefois le
bas de laine avec de l’argent fiduciaire, et de l’or en pièces, en lingots et
en bijoux. Les variations importantes de la valeur de l’or l’ont souvent
inquiété et l’abandon de l’or comme monnaie étalon a suscité un désintérêt dont
a bénéficié la Caisse d’Épargne. Celle-ci est apparue comme un moyen sûr de
mettre son argent à l’abri même si de tout temps l’Etat s’est non seulement
servi de cet argent mais a pratiqué un prélèvement dû à un taux d’intérêt
inférieur à l’inflation. Le français estimait son argent protégé malgré
une érosion permanente de sa valeur mais inférieure à celle due à l’inflation.
Cette
protection réelle en période de vaches grasses ne l’est pourtant pas en période
de vaches maigres. L’histoire a montré que l’État, à plusieurs reprises, a ponctionné
ce pactole, Napoléon n’ayant pas été le dernier. Les chypriotes en ont fait
récemment l’expérience avec l’annonce d’un prélèvement de l’État sur l’épargne
de tous les déposants. Il a fallu que les représentants du peuple s’érigent
unanimement contre cette ponction générale. Finalement seuls les dépôts
supérieurs à 100.000 euros ont été ponctionnés de 10%.
Cet
épisode, vite oublié par nos concitoyens, portait pourtant un double
avertissement. Le premier est que certains Etats de la zone euro étaient
vraiment au bord de la faillite sans qu’un évènement brutal et exceptionnel en
soit la cause, sinon une lente descente en enfer. Le second c’est que le
contrôleur-pompier des États, la troïka (UE-BCE-FMI) lançait sur Chypre le
ballon d’essai de la participation de l’épargne au redressement de la dette
publique. Certains ont pensé que Chypre était un petit pays mal géré comme la
Grèce et qu’on n’aurait jamais dû l’accepter dans la zone euro. Autrement dit
bien fait pour eux, on passe à autre chose.
Le
FMI vient de les rappeler à une cruelle réalité. Qui dit ballon d’essai, dit qu’il
a une idée en tête. Christine Lagarde vient de lancer un deuxième ballon d’essai
pour enfoncer le clou. Elle préconise que les Etats remboursent leur dette en
ponctionnant l’épargne de 10% par exemple. En réalité la dette européenne est
de 8329Mds€ et son patrimoine financier de 24.493Mds€. Autrement dit le remboursement
total de la dette européenne revient à prélever 34% du patrimoine financier.
Pour les États-Unis on trouve 26% et 27% pour le Royaume-Uni.
Notre
patrimoine financier ce sont nos dépôts bancaires, nos livrets d’épargne, nos
assurances-vie en fonds euros. On peut penser que cette déclaration du Fonds
Monétaire International ne peut que blanchir les chefs d’État qui utiliseraient
la « Chypriotisation » de notre épargne. Tout cela sent le roussi et
le « end-game » des joueurs d’échecs qui savent que le mat peut
encore attendre longtemps.
On
constate en effet que tout le monde gagne du temps même dans le combat sur le
plafond de la dette aux États-Unis ou dans le sauvetage de l’euro. Mais la fin
semble inéluctable et sera d’autant plus terrible que l’on aura gagné seulement
du temps. Une dent gâtée finit toujours par vous conduire chez le dentiste. Le
refuge de l’or et du bas de laine va donc de nouveau revenir à la mode. Le
stockage de l’or est un poison pour l’économie car il retire du circuit de la
monnaie, et les États ne peuvent l’encourager mais lorsque l’État menace de
devenir un prédateur de l’épargne il redevient un moyen de l’extraire de la
ponction, confortablement installé qu’il est au fond des armoires ou des coffres
forts (non bancaires).
Quand le temps se couvre de nuages
noirs, l’orage n’est pas loin.
Quand le mur de la dette s’approche de
votre nez,
Il est temps de mettre un cache-nez !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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