mercredi 9 octobre 2013

La Serbie dans le marécage des Balkans (2ème partie)

La Serbie actuelle est dotée d’une véritable culture et, malgré l’enclave musulmane au Kosovo proche de l’Albanie, celle-ci sert avec la religion chrétienne de ciment à un pays qui n’a rien oublié de sa gloire passée. Nous nous apprêtons à accueillir ce pays dans l’Union Européenne après sa voisine la Croatie. Tous ces pays ont des stigmates de sous-développement et l’intégration complète de l’ancienne Yougoslavie, de l’Albanie et de la Bulgarie serait un atout pour éviter les conflits récents de cette région du monde. Malheureusement l’affrontement du monde occidental contre la progression musulmane en Europe peut à tout moment raviver les hostilités tant est grande la proximité entre l’Albanie et la Bulgarie musulmanes et la Serbie chrétienne.

La Serbie est un château d’eau qui déverse ses eaux sur la mer Noire, la mer Adriatique et la mer Egée. Traversée par le Danube, son relief en fait une véritable place forte qui explique sa capacité de résistance le long de son histoire et la fierté de ce peuple. 27% de son territoire est couvert de forêts pour 30% de terres cultivables sur une superficie de 77.474 km2 et plus de 88.000 avec le Kosovo, province autonome, dont elle ne reconnaît pas l’indépendance. Avec plus de 7 millions d’habitants, la Serbie c’est deux fois et demie la superficie de la Belgique avec une densité de population trois fois moindre. La communauté locale de Belgrade compte à elle seule plus de 4 millions d’habitants. 

La Serbie est un pays démocratique séparant le législatif, l’exécutif et le judicaire indépendant où le multipartisme est de règle. Sur ce point les portes de l’intégration en Europe lui sont ouvertes. Sur le plan économique l’activité est essentiellement axée sur les services à près de 70%, le reste entre l’industrie pour deux tiers et l’agriculture pour un tiers. Mais la balance des paiements est déficitaire et le chômage de l’ordre de 25%. La dette de 14,5 milliards d’euros en mars 2012 (42% du PIB) ne représentait qu’une dette par habitant de 2000 € (à comparer avec les 30.000€ en France) mais elle augmentait de 4,75 millions d’euros par jour. 

Avec une croissance de 1,8% en 2011, une dette inférieure au 60% du PIB exiger la candidature de la Serbie pouvait apparaître recevable. Toutefois une inflation galopante de 11,1% en 2011, un déficit élevé de son commerce extérieur et un taux de chômage à l’espagnole, l’évolution économique ne laissait pas entrevoir un avenir souriant. Le FMI avait d’ailleurs souligné que, sans mesures d'austérité, le déficit budgétaire risquait de s'élever à 8,3% du PIB. C’est pourquoi le gouvernement serbe a adopté mardi des mesures d'austérité pour parer à la crise économique, éviter la faillite et regagner la confiance des institutions financières internationales et des créditeurs. 

Parmi ces mesures, le ministre des Finances, Lazar Krstic, a annoncé l'augmentation de la TVA pour les produits de base de 8 à 10% tout comme la diminution, voire l'annulation, des subventions accordées aux entreprises d’État. "Sans ces mesures, on va faire faillite dans les deux prochaines années", a affirmé le ministre lors d'une séance du gouvernement ouverte à la presse. Il a ajouté compter voir en 2015 les premiers résultats positifs suite à l'adoption de ces mesures. 

Le gouvernement a également décidé mardi d'opérer à partir de 2014 des coupes salariales dans l'administration publique pléthorique du pays, qui emploie environ 600.000 personnes. Les fonctionnaires, payés plus de 60.000 dinars (environ 520 euros), verront leur rétribution diminuée de 20% et ceux dont les salaires sont supérieurs à 100.000 dinars de 25%. 

C’est pour nous un régime d’austérité que notre gouvernement est bien loin d’appliquer alors qu’en Serbie le déficit budgétaire de 2013 est voté à 4,7%, la croissance estimée à 2% et l’inflation ramenée à 5,5% ! Pour la croissance nous sommes pourtant bien loin du compte et nous aimerions entendre notre ministre des Finances prononcer celles de son collègue serbe :
"Notre but est de stabiliser la dette publique (60% du PIB) d'ici 2016-2017 et de ramener le déficit à 2% du PIB" 

Il y a deux façons de se sortir de l’ornière 

Soit faire pousser les passagers soit attendre qu’un tracteur passe. 

Nous avons choisi la deuxième ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon