Le Ministère de l’Education Nationale
est un ministère empoisonné et nombreux sont ceux qui s’y sont cassé les dents.
Le résultat est que les réformes succèdent aux réformes à un rythme que les
populations concernées, enfants, parents, enseignants et administration ne
suivent que difficilement. Souvenez-vous de la querelle sur les méthodes d’apprentissage
de la lecture. La brutalité de l’application de la méthode globale n’a pas
permis aux enseignants d’en tirer des évolutions positives et il a fallu de
nombreuses années pour qu’une synthèse soit faite entre nouvelle méthode
globale et ancienne méthode syllabique. C’est à partir de là que l’orthographe
est entré dans une période de dégénérescence. A tel point que peu nombreux
seraient les élèves qui pourraient être admis en sixième si les 5 fautes
valaient la note zéro, note éliminatoire autrefois lorsqu’un filtrage existait
encore pour entrer dans le secondaire.
Mais
au collège se sont abattus les cours d’anglais privilégiant l’oral par rapport
à l’écrit à un point tel que la grammaire, l’écriture et la lecture de cette
langue n’étaient plus acquises. C’était pourtant l’anglais écrit qui était le
plus utile dans la plupart des professions ayant besoin au moins de lire cette
langue. Puis sont arrivés les maths modernes avec une impréparation, voire une
découverte, des enseignants. Elles ont envahi tout l’enseignement depuis les
petites classes en ajoutant des abstractions que les enfants ne comprenaient
pas avant que tout cela arrive à maturité et soit une avancée.
N’oublions
pas l’introduction de l’informatique qui a inondé les classes d’ordinateurs
devant lesquels les enseignants restaient sans voix, incapables d’enseigner ce
que la plupart n’avaient jamais approché eux-mêmes. A tout cela s’est ajouté
des incessants changements de programmes dans les différentes matières, le collège
unique, les allers retours sur le temps scolaire, les vacances et les rythmes
scolaires. Il s’en est suivi un gâchis d’argent, une baisse de la performance
de l’enseignement et une démotivation d’un corps enseignant mal rémunéré alors
que l’évolution de la société rendait le métier de plus en plus difficile.
La
vocation pour le plus beau métier du monde s’est étiolée et la compensation au
recrutement s’est faite par une admission au CAPES avec des notes largement
au-dessous de la moyenne. Pour les élèves la notation de leurs travaux est
devenue l’objet de surévaluations en cours et dans les examens. La réalisation
de quotas (80% de bacheliers) et la quasi suppression des redoublements a fortement
diminué la valeur du succès aux examens. A titre indicatif le nombre de mentions
« Très bien » a crû dans une proportion qui ne peut être due à l’évolution
de l’enseignement ou à la qualité des jeunes de cette génération. Cela se
poursuit dans les universités où la première année est trop chargée d’étudiants
et où il faut les admettre plus facilement en seconde année. Il est évident que
le processus continuera sur les années suivantes. La quantité prime désormais
sur la qualité.
L’allongement
du temps passé dans la formation avant l’entrée dans la vie adulte n’a permis d’augmenter
que le coût de l’Enseignement. Malheureusement la comparaison avec les autres
pays montrent un recul des performances de notre enseignement. Dans le
classement mondial la France est 12ème pour le coût par élève de son
enseignement, mais 22ème en mathématiques et en lecture en fin de
scolarité obligatoire et à la 27ème place en sciences. Un pays comme
la Finlande a un enseignement moins coûteux et des résultats meilleurs. Cette
baisse de performances éducatives à des conséquences collectives, la baisse de
compétitivité du pays, et individuelles, avec le grand nombre d'élèves qui
quittent l'école sans diplôme ni qualification (12,8% des 18-24 ans en 2011).
Ceux-ci auront du mal à trouver un emploi, avec le maintien d'un taux
d'illettrisme inquiétant, également.
Vincent
Peillon lance une nouvelle réforme. Je ne critiquerai pas à priori l’idée de
mieux répartir le temps scolaire et de raccourcir les vacances d’été, même si
ce dernier point est un serpent de mer et est déjà repoussé à 2015… au moins.
Non ce qui est consternant c’est une nouvelle impréparation matérielle et psychologique de
cette réforme. De plus on a le sentiment que l’Etat décide de tout sans
concertation suffisante. Les maires sont invités à s’exécuter non seulement sur
l’organisation du temps périscolaire mais aussi sur le plan financier sans d’ailleurs
tenir compte des difficultés très différentes pour les petites et les grandes communes.
Le bricolage et la précipitation d’un nouveau ministre à marquer son passage ne
laissent pas augurer d’une véritable évolution de la qualité de l’enseignement
mais d’une augmentation du coût global que nous paierons finalement par les
impôts locaux et d’État.
Redonnons
ses lettres de noblesse et l’autorité au métier d’enseignant. Leurs émoluments
en font partie car la France de demain se doit d’avoir une école qui aura non
seulement éduqué et formé ses jeunes à la pratique d’un métier mais les aura
guidés vers ceux que réclameront notre pays. L’élève d’aujourd’hui doit savoir
que son bien-être futur dépendra de sa facilité d’adaptation à un monde où la technologie
et la science modifient la société à un rythme toujours croissant. C’est donc
surtout des têtes bien faites, plutôt que bien pleines, dont le pays a besoin. Prenons
le temps de repenser un enseignement de qualité et non de bricoler en
permanence pour de piètres résultats. Ayons l'humilité de prendre des
idées ailleurs et pensons qualité avant quantité.
Mais plutôt que d'enseignement (s'il est
mal conçu, au moins il existe),
C'est d'éducation que manque aujourd'hui
la jeunesse.
Hervé
Bazin
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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