On parle beaucoup moins
de la Syrie et notre Président ne va pas y parader comme au Mali. En effet les
négociations de Genève se sont terminées par un camouflet pour notre politique
étrangère et se sont déroulées entre russes et américains. Dans la nuit du 27
au 28 septembre le Conseil de sécurité a finalement voté une résolution qui
signe la victoire des propositions russes. Trois points sont particulièrement
importants sur lesquels notre ministre des affaires étrangères ne s’y est pas
étendu et pour cause. Tous les belligérants engagés dans le conflit en
Syrie doivent abandonner, la production, le stockage et l’emploi des armes
chimiques. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la
Syrie est réaffirmée. Toute intervention armée de sanction devra faire l’objet
d’un nouveau vote du Conseil de Sécurité.
La France avait la position la
plus avancée sur la punition immédiate de Bachar el Assad. Elle avait mis son
armée le doigt sur la gâchette et n’avait pas compté ses efforts pour rallier
les européens à sa volonté d’intervention. L’Europe s’est montrée très divisée
et aucun accord de l’UE n’a pu être trouvé. L’Allemagne s’est bornée à
condamner l’emploi des armes chimiques et, au Royaume-Uni, Cameron n’a pas
convaincu les parlementaires. François Hollande avait alors joué la mouche du coche
auprès d’Obama, voulant passer pour le partenaire privilégié des USA. Pourtant
la France n’a pas été conviée aux discussions russo-américaines de Genève.
Pire la France a essayé de
rallier à son engagement les pays influents et émergents, les BRICS, sans
succès et le vote final est un camouflet pour notre pays. Non seulement il
n’est plus question de punition immédiate de Bachar el Assad, mais son
gouvernement est bien confirmé comme le gouvernement légal alors que la France
avait reconnu celui de l’Armée Libre dont les représentants ont été reçus
officiellement à Paris. De plus les « rebelles » se voient traités
comme lui pour les armes chimiques, ce qui montre que leur emploi était dans
les deux camps, comme l’avait déjà signalé un rapport parvenu précédemment à
l’ONU.
La Russie apparaît désormais
comme le pays qui offre au monde la solution raisonnable respectant le Droit
international et reprend une place de choix dans la politique internationale. A
contrario la France a perdu de son crédit à l’ONU, en Europe et en Syrie. Elle
avait une occasion unique d’être le négociateur privilégié de l’OTAN et de
l’Europe en face de la Russie, compte-tenu des liens historiques et des bonnes
relations antérieures avec la Syrie. Les Syriens eux-mêmes n’ont pas oublié que
la France a été partie prenante de la construction de leur pays. Au lieu de
cela nous nous retrouvons dans le camp de leurs adversaires, en difficulté pour
intervenir en soutien d’un mouvement rebelle qui n’est plus légal.
Si l’on ajoute à cela que la plus
grosse partie des forces rebelles est désormais celle des djihadistes qui sont
alimentés en argent et en armes par le Qatar et l’Arabie Saoudite, on conçoit
que notre politique étrangère est paralysée et incohérente. Nous devons
désormais faire les yeux doux aux pays sunnites pour des raisons économiques,
les suivre dans leur conflit religieux en Syrie, être dans l’obligation de
reconnaître le gouvernement de Bachar el Assad que l’on voulait dissoudre et
tisser des relations amicales avec la Russie, qui nous a prêté des avions-cargos
pour aller au Mali. Ceci relève d’un exercice d’équilibristes sans filet ou
d’une politique étrangère de gribouille, indigne de notre pays. Le peu de cas
que les Etats-Unis ont fait du seul pays qui se prétendait prêt à intervenir
avec eux et les poussait à le faire montre que nous avons perdu sur toute la
ligne !
Pour une fois il faut se réjouir
de la position prise par le Conseil de Sécurité qui met un frein au droit
d’ingérence à tout propos. On a pu voir également que la démocratie a joué son
rôle au Royaume-Uni mais qu’en France les sondages défavorables dans l’opinion
publique n’ont pas empêché notre Président d’engager celle-ci dans ce conflit.
On aimerait voir le Président prendre des décisions aussi tranchées dans les
domaines qui nous concernent tous à défaut de respect de la démocratie. Ce
n’est malheureusement pas le cas et sur le plan intérieur on alterne entre les
« mesurettes » qui repoussent les difficultés à plus tard et
l’aspersion de poudre aux yeux.
Nous voilà engagés pour longtemps
au Mali et nous serons nation suspecte si nous continuons à aider les rebelles
syriens. Pendant ce temps nous faisons des coupes sombres dans les crédits et
les effectifs de notre armée dont la mission première est la défense de
l’intégrité de notre territoire métropolitain et des DOM-TOM ainsi que du très
grand domaine maritime qui y est associé. Or cette mission n’est plus assurée
que par l’OTAN et nous n’avons plus ni la volonté ni la capacité d'une politique militaire indépendante. La
force de dissuasion encore existante, qui se réduit à trois sous-marins et quelques
avions, ne peut cacher l’affaiblissement de notre Défense et l’incohérence de
notre politique étrangère.
« Si les gens savaient par quels petits hommes
ils sont gouvernés,
Ils se révolteraient
vite. »
Talleyrand
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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