Le chiffre du PIB du deuxième
trimestre vient de tomber et sa variation positive de 0,5% a étonné les
observateurs économiques et permet au gouvernement de claironner la justesse de
sa politique. Si l’on doit se réjouir de ce bon chiffre doit-on en déduire que
la récession est derrière nous ? Doit-on en déduire que c’est la politique
gouvernementale qui en est le moteur ?
La réponse à ces deux questions mérite une
analyse plus pointue que l’aubaine saisie par un ministre des finances en
difficulté. Qu’est-ce que le PIB ? Ce Produit Intérieur Brut, et sa
variation qui donne le taux de croissance, sont des notions dont beaucoup de
gens ignorent ce qu’ils représentent exactement. On croit qu’un pays est forcément
en bonne santé lorsque son PIB croît mais on ne se pose pas la question sur la
façon dont obtient ce chiffre. Alors revenons aux définitions :
« En tant qu'indicateur économique
principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur
d'un pays donné, Le PIB vise à quantifier — pour un pays et une année donnés —
la valeur totale de la « production
de richesse » effectuée par les agents économiques résidents à
l’intérieur de ce territoire (ménages, entreprises, administrations publiques).
Le PIB reflète donc l’activité économique interne d’un pays et la variation du
PIB d’une période à l'autre est censée mesurer son taux de croissance
économique. »
Bon c’est
l’objectif, mais allons plus loin sur la méthode de calcul. Le PIB recense à la fois la production
marchande et la production non marchande, composée exclusivement de services.
En France, le PIB non marchand est presque exclusivement le fait des administrations
publiques (sécurité, justice, santé, enseignement). Donc si les
dépenses des administrations publiques augmentent, le PIB augmente… intéressant
non ?
On a
donc : PIB = Somme des valeurs ajoutées + TVA + Droits et taxes sur les
importations – Subventions sur les produits
En fait le PIB est calculé et publié sur la formule
suivante :
PIB
= Consommation + Investissement + variations de stocks + Exportations –
Importations
On constate donc que la consommation non marchande (Administrations
publiques) n’est qu’une dépense de l’Etat et que son augmentation, ainsi que
celle des stocks et de la TVA, augmente le PIB. Autrement dit des impôts, des
dépenses publiques, des stocks qui croissent augmentent le PIB ! Cela n’a
rien à voir avec une évolution positive de l’économie.
Il faut donc être très circonspect vis-à-vis du
chiffre du deuxième semestre quand l’INSEE communique que le commerce extérieur
a été sans impact sur la croissance (pas d’amélioration) et que, sur les 0,5%
de croissance, 0,2% sont dus à la variation de stocks. La croissance des stocks
entretient la production mais ne correspond pas à une dynamique réelle du marché.
L’investissement est par ailleurs en recul.
C’est
donc la consommation qui a progressé, reste à savoir si c’est la consommation
marchande ou non marchande. Il faut aussi savoir si la consommation marchande a
été prise ou non sur l’épargne des consommateurs. Enfin il faut noter que le
premier trimestre 2011 avait donné une croissance de 1,1% pour retomber à -0,1%
le trimestre suivant. La plus grande prudence s’impose donc.
Par
ailleurs cette apparente embellie n’a pas empêché une dégradation de l’emploi
dans tous les secteurs. En effet l'Insee a parallèlement annoncé un net repli
de l'emploi salarié (-27.800 postes) sur cette même période. Des stocks qui
enflent, de l’investissement qui baisse, des emplois qui disparaissent ne
donnent pas une perspective très bonne pour l’avenir. Attendons donc les
chiffres du troisième trimestre qui seuls peuvent permettre d’envisager un réel
progrès. D’ailleurs le Medef n’affiche pas un réel optimisme et on ne voit pas
quelles mesures gouvernementales peuvent avoir eu déjà cet effet… (En dehors
des impôts !)
Il n’est pas de pire erreur
Que de vendre la peau de l’ours avant de
l’avoir tué !
Mais y-a-t-il d’autre peau à vendre
Que la nôtre ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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