Les
grandes annonces et les reculades avec des esquives et des passes de muleta
sont devenues le mode d’action privilégié par ce gouvernement. Ce n’est pas son
attitude devant le problème syrien qui viendra infirmer cette affirmation du « un
pas en avant, deux pas en arrière ». Nous allons donc avoir une
mini-réforme des retraites après les grands coups de clairon de la campagne
présidentielle. On allait enfin faire une vraie réforme après la réformette du
gouvernement Sarkozy, on allait voir ce que l’on allait voir !
On a
vu en effet une nouvelle réformette bien plus petite que la précédente et pour
laquelle on a montré combien les promesses de campagne étaient de purs
mensonges, ou pire un manque de lucidité sur la difficulté de la tâche et une
absence de courage. On mange ainsi son chapeau sans s’étouffer. La retraite à
60 ans, fer de lance de la politique sociale du socialisme, est passée aux
oubliettes. Il en est de même de l’allongement de la durée de cotisation.
La promesse
d’une réforme structurelle est aussi un mensonge. Il s’agit d’une réforme qui
ne règle rien et qui devra être suivie d’autres réformettes. Par ailleurs la
prise en compte de la pénibilité, qui permet de parler de justice, ainsi que l’amélioration
de la retraite pour les femmes ne font qu’aggraver le déficit que l’on voulait
combler. Le Medef a cru aux bonnes paroles du gouvernement qui avait affirmé
que la réforme des retraites serait indolore pour les entreprises. Comme le dit
Mélenchon, François Hollande ne tient jamais ses promesses. La preuve est faite
et la prise en compte de la pénibilité sera payée par les entreprises sur de
vagues promesses de compensation remises à plus tard, 2015 ou les calendes
grecques, sous le prétexte que les entreprises sont déjà servies avec le crédit
d’impôt.
Comme
rien de sérieux, structurellement parlant, n’est fait, les objectifs à 2020 de
recul de l’âge de la retraite auront largement le temps d’être remis en cause
et ce sont des promesses de gascon qui n’engagent à rien, pas plus qu’Henri IV
avec le protestantisme. Le bilan est une réforme budgétaire pour boucler le
budget 2014 avec un alourdissement de la facture qu’il va falloir faire payer
par les entreprises, les familles et les retraités d’une manière ou d’une
autre. Ne pas utiliser la TVA, comme en Suède, ou la CSG c’est simplement
masquer la perte de pouvoir d’achat dans une multitude de rognages de celui-ci.
Le
peu de réactions que suscite cette réforme est bien le principal sujet de
gloire de ce gouvernement qui a réussi à faire, sans rien faire et sans
soulever la broncha des gogos anesthésiés et préoccupés par des bruits de bottes
arrivés fort à propos pour suppléer à la guerre civile égyptienne qui semblait
se calmer… D’ici à penser que les paroles guerrières de Hollande avaient un but
politique interne il n’y a pas loin ! C’est en tous cas ce que pense un ministre
allemand qui commente notre mini-réforme des retraites en pouffant de rire.
On
aurait pu penser qu’enfin des réformes structurelles profondes viennent mettre
en place un système pérenne et qui ouvre des perspectives nouvelles en s’appuyant
sur les systèmes suédois et italiens. Ceux-ci ont un système de retraite avec
un lien quasi mathématique entre les cotisations, l’espérance de vie à un âge
donné, la croissance ou l’inflation qui permet de réévaluer le capital-retraite
au moment choisi par le salarié. C’est la retraite par comptes notionnels qui
laisse beaucoup moins de place à des réajustements politiques parce qu’elle
inclut l’évolution des dépenses avec la durée de la retraite, et des recettes
avec la prise en compte des recettes de la croissance par exemple.
Ce
système doit faire l’objet d’une recherche opérationnelle préalable pour
trouver la formule garantissant le point d’équilibre recettes-dépenses mais
ouvre des perspectives nouvelles. En particulier il ouvre la voie à un âge de
retraite choisi par le travailleur. C’est une ouverture sur une liberté
responsable et une prise en compte de l’amélioration progressive de la durée de
vie.
Cela
nécessite un travail de recherche et de concertation avec les politiques et les
syndicats dans le calme pour en jeter les bases et des prises en compte des
résultats des simulations dans un esprit constructif de part et d’autre. Cela
demande détermination, volonté d’aboutir, sens du bien commun, courage et
intelligence. Certains pays, Allemagne comprise, l’ont fait. Pourquoi faut-il
que les sans-culottes s’emparent toujours d’une Bastille vide et sans
défenseurs ?
La victoire se nourrit de courage et d’intelligence.
Il n’est point de belle victoire sans
belle bataille.
La victoire ne sourit au chef que s’il y
en a un !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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