La recette de la « Hollandie » pour résorber le chômage fait
appel à nous tous dans un grand élan de solidarité à coup de taxes et impôts supplémentaires
en créant pas moins de trois sortes d’emplois aidés. Lesquels participent donc au
creusement du déficit. Le déficit budgétaire va en effet filer au-delà des
prévisions sauf si… la croissance est là. Pierre Moscovici vient de l’annoncer
sans préciser de chiffres et en rappelant que nous ne sommes tenus réellement
que par la décision de l’UE nous octroyant un délai jusqu’en 2015 pour
atteindre l’objectif du déficit de 3% du PIB. Autrement dit il sera toujours
temps de voir et de négocier un nouveau délai, sauf que la dette s’alourdit et
que la croissance n’est toujours pas là.
Sur un an, le déficit de l'Etat s'est creusé de 2,6 milliards. Soit 59,3 milliards d'euros, contre 56,7
milliards fin juin 2012, annonce ce vendredi le ministère du Budget, qui assure
que cet écart s'explique essentiellement par des dépenses européennes
exceptionnelles. La France a notamment dépensé 3,3 milliards d'euros pour la
dotation au mécanisme européen de stabilité et 1,6 milliard pour l'augmentation
de capital de la Banque européenne d'investissement. Les recettes fiscales ont
globalement augmenté de 9 milliards d'euros à fin juin, «ce qui témoigne d'une
amélioration des encaissements par rapport au mois de mai», fait valoir Bercy.
Sauf qu’en l’absence de croissance cette augmentation des recettes n’est
que le fruit d’une augmentation des taxes et impôts. Sauf que la production
industrielle a accéléré sa chute en France en juin, reculant de 1,4% par
rapport au mois précédent après avoir diminué de 0,3% en mai, a annoncé
vendredi l'Institut national de la statistique et des études économiques
(Insee) qui prévoit par ailleurs un repli de 0,1% sur l'ensemble de l'année
2013 ! Ce sont sans doute là les "nouveaux signes encourageants de
reprise", en France comme dans la zone euro, évoqués mercredi par le
ministre de l’Économie Pierre Moscovici.
Il y a en effet des signes encourageants mais pas chez nous. La
production industrielle en Allemagne a créé la surprise en affichant un fort
rebond en juin (+2,4%), très supérieur aux attentes grâce à une progression
dans tous les secteurs, alimentant l'espoir d'une accélération de la croissance
allemande au deuxième trimestre.
Chez nous, le nombre de faillites d'entreprises a augmenté de 4,3% en
juin sur douze mois, selon des chiffres provisoires publiés vendredi par la
Banque de France, qui confirme une hausse de 4,4% en mai. A fin juin, 61.544
entreprises avaient fait faillite en cumul sur douze mois, a détaillé la Banque
de France dans un communiqué. Les PME sont particulièrement touchées dans les
activités immobilières, l’hébergement-restauration, la construction et les
soutiens aux entreprises. Ces entreprises étant les grandes pourvoyeuses d’emploi,
cela n’augure pas de la diminution du chômage. Quand le bâtiment est touché, c’est
aussi un mauvais signe de santé économique.
En ce qui concerne le budget sur lequel l’Etat se glose de réduire le
déficit si l’on ne tient pas compte des dépenses pour l’Europe, on peut
craindre qu’il faille de nouveau mettre la main à la poche pour la Grèce et le Portugal
à moins que certains pays, Allemagne en tête, disent « Nein ! ».
On enclenchera alors le processus d’éclatement de l’UE. N’oublions pas que nous
vivons à crédit, payant nos remboursements d’emprunts par de nouveaux emprunts toujours
plus importants tant que la croissance ne sera pas de 2 à 3% ou les dépenses de fonctionnement de l‘Etat drastiquement
réduites.
Ce mode de fonctionnement s’appelle de la « cavalerie ». Il a
été pratiqué par un célèbre américain qui a fini au trou. Si l’Etat a le
pouvoir de reporter la dette sur les générations futures, ceci n’exclut pas une
possibilité de faillite. Tout tient dans la confiance des acheteurs de nos
obligations souveraines. Si la confiance disparaît les taux montent d’abord et
les acheteurs fuient ensuite. Nous sommes actuellement encore dans une position
favorable mais sous surveillance. L’Allemagne repart, l’Angleterre va mieux. Si
nous restons à la traîne, les investisseurs chercheront ailleurs. Tout se joue
dans une comparaison entre pays et malheureusement nous ne décollons pas.
Les grandes réformes ne sont pas en cours et la résolution du problème
des retraites, par une augmentation de la CSG, n’est qu’une solution facile qui
agit négativement sur le pouvoir d’achat donc la croissance. Il nous reste le
budget militaire à écorner et la vente des bijoux de famille. Cela sentira
alors vraiment le roussi car casser la tirelire est salutaire à la seule
condition que la croissance revienne très rapidement, au plus tard en 2014…
pari bien mal engagé puisque la BCE vient pour 2014 de réduire les prévisions
de 0,1% pour la zone euro soit désormais +0,9% et d’augmenter les prévisions de
chômage de 0,2% soit un chômage à hauteur de 12,4% !
Sans réformes structurelles engagées, sans
réel soulagement des entreprises, sans possibilité de jouer sur la monnaie,
sans confiance du peuple, les citoyens et les entreprises ne tolèreront pas
longtemps des sacrifices pour un tonneau des Danaïdes. La politique de l’enfumage
permanent, pour jouer la montre, nous conduit vers les pires difficultés. Elle
construit une bombe à retardement. François Hollande, durant ses huit jours de
vacances, ferait bien d’éclairer mieux sa Lanterne ! L'agenda 2014 pour l’instant
est au redressement économique ce que le Canada Dry est à l'alcool !
La méthode Coué a
des limites !
Trop répété le
coup est nul !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon