Le
bateau tangue, Filons vite avant que l’on coule ! En quelques semaines
Fillon est devenu le « Courage, fuyons » par les rats qui quittent le
navire en perdition. Triste spectacle que laisse la démocratie française
derrière elle. Car enfin, que le candidat soit mis en examen ou non, l’opprobre
restera et quelle peut-être en effet la légitimité du futur chef de l’État élu
à la faveur d’un gigantesque scandale et d’un assassinat politique ? Car enfin tout cela est parti sur la base de
faits qui remontent à des années et qui ont été ressortis opportunément à la
veille du scrutin. Les moments choisis ne peuvent être dus au hasard comme l’urgence
mise à juger. Il s’agit bien d’un assassinat politique et les mots de Fillon
parlant d’un assassinat de la démocratie ne sont pas exagérés. Cette
destruction par le scandale est unique et sans précédent dans l’histoire de la
démocratie française.
Le
scandale touche aussi Marine Le Pen, favorite du 1er tour, là aussi
sur une affaire qui date de 2015 et pour laquelle tout-à-coup la France demande
au Parlement Européen de lever son immunité parlementaire, levée que celui-ci s’empresse
de voter. L’occasion est trop belle de tuer une opposante à la construction
actuelle de cette union. Nous nous trouvons donc devant l’affaiblissement
programmé des deux têtes de parti qui devaient s’affronter au deuxième tour
dans un débat où chacun avait la légitimité du peuple. On ne peut qu’y voir une
double manœuvre qui ne profite qu’à Emmanuel Macron, candidat sorti du chapeau
du Système, empaqueté comme un produit marketing par des médias aux ordres
quasi-unanimes. On ajoute là-dessus des sondages en rafale qui montrent la
montée de Macron et la descente de Fillon pour influencer une opinion, déjà
largement surinformée des détails de l’enfer promis à Fillon, et donc facilement
influençable.
Voilà
donc que se profile une élection volée au peuple qui s’apprêtait à vivre une
joute équitable entre deux candidats dont les options étaient très différentes,
l’un de la continuité de l’austérité et l’autre de la rupture avec l’euro et de
la mise en question de l’UE. Les prolongations successives de l’État d’urgence,
le Decodex, juge auto-proclamé des propos acceptables et ceux qui ne le sont
pas par le journal le Monde, le consortium de médias, de politiciens, de
journalistes qui ont décidé de parler d’une même voix, ont déjà largement
écorné la démocratie. En effet on apprend que : « Google News Lab et le European Journalism
Center (EJC) coordonnent, depuis le 28 février 2017, des sociétés françaises et
étrangères pour la durée de la campagne électorale présidentielle française. Les
deux organisations s’appuient sur l’expérience de ProPublica, qui a orienté les
médias contre Donald Trump lors de la campagne électorale états-unienne. Elles
réunissent non seulement des médias, mais aussi des écoles qui leur fournissent
des « experts ». Les entreprises ayant conclu un accord avec Google News Lab et
le European Journalism Center (EJC), pour la durée de la campagne présidentielle
française, sont :
AFP, Bellingcat, Bloomberg, Buzz Feed
News, le Centre de formation des journalistes, Centre France, Channel 4,
l’École de journalisme de Sciences Po, l’École publique de journalisme de
Tours, Euractiv, Euronews, Explicite, Facebook, Factoscope, France24-Les
Observateurs, FranceTélévisions, Global Voices, International Business Times,
L’Express, La Provence, La Voix du Nord, L’Avenir, LCI, Le Journal du dimanche,
Le Monde, Le Télégramme, Les Décodeurs, Les Échos, Libération, London School of
Economics, Mashable-France 24, Meedan, Nice-Matin, Ouest-France, Rue 89,
StoryFul, Street Press, Sud-Ouest. »
Buzz
Feed News avait publié un canular affirmant que les services secrets russes
détenaient un dossier compromettant contre le candidat Donald Trump, information
qui s’est révélée purement diffamatoire. Tous ces gens-là, ayant déjà prouvé qu’ils
soutenaient Macron, on peut s’attendre à une offensive savamment orchestrée
laissant peu de place à une autre information. On n’en a pas fini avec les
révélations assassines et les sondages truqués. Voilà pourquoi ce n’est pas la France
qui fuit la démocratie mais celle-ci qui fuit la France parce qu’elle ne
supporte plus de voir le visage hideux qu’on lui donne. La France pourrit par
la tête et le donneur de leçons de l’Élysée qui intervient dans cette campagne,
officieusement et officiellement, ferait bien de se taire car il est loin d’avoir
été irréprochable. Quand on héberge et promène une maîtresse aux frais de l’État
et qu’on la répudie brutalement pour en prendre une autre que l’on cache mais
dont on assure la sécurité aux frais de l’Etat, on ne donne pas des leçons de
moralité. On aurait pu s’attendre à ce que la gifle que lui inflige l’opinion l’ait
contraint à une attitude de recul et d’apaisement pendant la campagne. L’homme
pousse toujours son pion et se livre à une compromission dont l’histoire, je l’espère,
lui demandera des comptes.
Ce
déballage va en entraîner d’autres par réaction et l’ensemble du monde
politique va y sombrer rendant encore plus dégradée l’image de la France et du
fonctionnement de notre démocratie digne des pratiques de la Mafia. Macron va
devoir expliquer pourquoi sur 4,9M millions gagnés en 8 ans, il ne lui reste
que 63 000€ et à quoi ont servi les frais de bouche somptuaires durant son
passage au Ministère autrement qu’à inviter des personnalités n’ayant rien à
voir avec ses responsabilités ministérielles. Faudra-t-il que Mélenchon passe
aussi sur la sellette puisqu’il s’agit du dernier adversaire de Hollande à être
encore épargné ? Comme le dit si bien Maxime Tandonnet : « Nous vivons le paroxysme d’une crise de la
démocratie française, dans une nation en plein chaos mental, déstabilisées par
les attentats terroristes, le chômage de masse, la désintégration sociale, le
discrédit de la politique. »
Ce
qui est choquant c’est que la machine judiciaire se mette à tourner à plein sur
des affaires qui sont connues depuis longtemps. On juge dans l’urgence et ce n’est
pas le mode normal de fonctionnement de la justice qui doit longuement
approfondir les dossiers. La lenteur reprochée à la justice n’est pas due à la
longueur excessive passée sur un dossier mais au nombre de dossiers par rapport
aux moyens affectés à la Justice, moyens très en dessous des besoins. Pour l’affaire
Fillon le président du tribunal de grande instance de Paris, a nommé Serge Tournaire,
comme premier magistrat instructeur Tapie, Dassault (achats de voix) et
Bygmalion (financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012) assisté des
juges Buresi et Tacheau. Tiens ! Serge Tournaire est un de ces juges
d’instruction qui instruisent résolument et exclusivement à charge. La preuve
en a été rapportée dans l’affaire Bygmalion où les deux autres magistrats
co-saisis se sont violemment opposés à lui, notamment Renaud Van Ruymbeke,
magistrat très respecté, qui était formellement opposé au renvoi de Nicolas
Sarkozy devant le tribunal correctionnel et qui a refusé d’en signer
l’ordonnance. L’acharnement contre Nicolas Sarkozy dont a fait preuve Serge
Tournaire est une réalité difficilement contestable qui n’absout nullement le
prévenu.
On peut donc se poser réellement la question
de savoir si la justice doit se saisir en urgence d’affaires concernant les
candidats dans les deux mois précédant un vote de l’élection présidentielle. L’usage
avait été jusqu’ici qu’une trêve soit observée. Cette pause judiciaire pour des
actes ne relevant pas du pénal aurait sans doute été salutaire quand on
constate les dégâts sur le fonctionnement de la démocratie. La France s’ébroue
dans sa fange offrant au monde l’image d’un pays, sans chef et sans devenir
pour un peuple privé de son réel pouvoir de choix démocratique. Tout cela n’est
pas dû au hasard et on se doute qui tire les ficelles pour attacher la France coûte
que coûte à une UE en perdition en annihilant son pouvoir de résistance.
Une justice instrumentalisée par le
pouvoir conduit à la dictature
Où « La différence entre une démocratie et une dictature,
c'est
qu'en démocratie tu votes avant d'obéir aux ordres,
dans
une dictature, tu perds pas ton temps à voter. »
Charles
Bukowski (Contes de la folie ordinaire)
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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