samedi 11 mars 2017

Indépendance pour gérer : dette, croissance et écologie (1ère partie)

Les candidats du centre gaucho-libéral de Hamon à Fillon acceptent la dépendance de la France à la machine technocratique de Bruxelles sans sourciller ou presque. Le fait que notre budget passe par les fourches caudines du Commissaire européen à l‘économie, ne les choque plus. Quelle indépendance a votre enfant si vous détenez les cordons de la Bourse ? Il a l’indépendance que vous lui accorderez et elle peut varier à votre gré et devenir nulle. Ironie du sort, le commissaire en question se nomme Pierre Moscovici, sans doute l’un des plus mauvais Ministres des Finances que nous ayons eu… C’est d’ailleurs pour cela que Hollande lui a trouvé une porte de sortie dorée. Le résultat est que la France est dans le carcan du déficit inférieur à 3%/PIB, déficit d’ailleurs qu’il avait promis d’atteindre il y a trois ans et qui ne le sera pas encore en 2017. L’objectif de 2,7%, au sens de Maastricht, inscrit au budget est bâti sur des hypothèses trop optimistes, dont celle de croissance, et le Haut Conseil des Finance Publiques juge improbable que cet objectif puisse être atteint.

Même le chemin pour l’atteindre nous est imposé, celui de l’austérité. Nous n’atteignons d’ailleurs toujours pas l’objectif avec encore -3,3%/PIB de déficit réel, car le gouvernement a fait accepter que certaines dépenses militaires ne soient pas comptées dans le déficit au sens de Maastricht. S’il en est ainsi c’est que l’austérité s’est déclinée en deux actions : une petite baisse des dépenses publiques en euros courants et non constants, donc qui bénéficie de l’inflation, et une hausse significative des impôts directs et indirects. Ces deux actions ne peuvent évidemment pas aller dans le sens de la relance économique et la baisse du déficit est extraite au forceps du budget de l’État. La dette continue à croître et les investissements publics font les frais de l’austérité. De plus notre lenteur à appliquer certaines directives européennes nous condamnent à payer chaque année des amendes pour plus d’une centaine de millions d’euros. Autrement dit la France qui était un peu au-dessus de la moyenne des PIB/habitant de l’UE en 2012, ce qui n’était déjà pas brillant, est désormais passée en-dessous de celle-ci. Donc relativement la France décroche. On ne peut pas se consoler en nous disant que nous faisons mieux que l’Italie mais plutôt pleurer en voyant la santé de la Suisse qui caracole en tête dans ce domaine, maître de sa monnaie et de son budget. Nos Hauts-Savoyards ne s’y trompent pas quand ils franchissent chaque jour une frontière soumise à la douane pour aller y travailler. 

Notre dette atteint pratiquement les 100% de notre PIB, ce qui veut dire que nous devrions travailler pendant un an pour la rembourser sans que le moindre sou rentre dans les caisses de l’État et des entreprises. C’est évidemment impossible en un an et même une génération. Mais la réalité est encore plus cruelle car le déficit prévu pour 2017 est de 69,3 Mds pour des recettes de 307 Mds, soit près de 23% des recettes. Imaginez un seul instant que vous puissiez dépenser plus de 23% de vos revenus par an sans savoir que vous allez rapidement atteindre la limite de 33% de vos revenus au-delà duquel les banques ne vous prêtent plus. Au bout de 17 mois de dépenses folles vous entreriez dans le surendettement qui vous contraint à baisser toutes les dépenses non vitales et vous conduit à être interdit bancaire. La France s’endette de 2665 /seconde, ou 230 millions par jour et nous allons atteindre environ 2260 Mds à la fin de l’année. C’est 45 Mds que nous consacrons au remboursement des intérêts et des prêts arrivés à terme, soit près de 15% de nos recettes publiques. Non seulement ce poids est paralysant mais nous met sous la menace d’une augmentation des intérêts qui ont largement baissé depuis 2012, devenant même inférieurs à zéro en dessous de 5 ans, mais qui sont en train de remonter. En fin de compte la dette devra de toutes façons être renégociée mais sous le contrôle de Bruxelles et aussi de la BCE, lesquels feront appel au FMI comme pour la Grèce. Notre liberté de manœuvre sera très réduite et nous mettra même sous tutelle. 

La dette n’est pas un mal en soi. Les entreprises le savent bien car l’autofinancement a des limites liées à leurs marges. Mais une entreprise ne doit s’endetter que pour investir dans les outils qui permettront son développement. On investit parce qu’un développement de l’entreprise s’avère souhaitable dans un marché porteur. Pour l’État la dette est bénéfique si l’investissement dans les infrastructures par exemple va permettre de développer l’économie du pays, ports, routes, voies ferrées, réseaux de télécommunications, etc. L’investissement dans les services publics, l’enseignement ou la santé, peut être souhaitable. La prévention en matière de santé peut en diminuer les dépenses en améliorant celle-ci au bénéfice en plus du patient. Par contre les dépenses qui sont une charge administrative, dont la complexité et le coût sont lourds, sont nuisibles. Dans ce domaine, le mille-feuilles administratif français est un exemple criant. L’introduction des régions et des intercommunalités fait exploser le coût des dépenses territoriales sans que le résultat pratique soit à la hauteur de la dépense ni une véritable amélioration par rapport au découpage administratif d’origine de la Révolution à savoir État, départements, communes. Des milliards supplémentaires y sont investis chaque année.

Là encore la France ne peut y remédier seule car l’UE pousse à une américanisation de notre gestion territoriale à base de régions de plus en plus autonomes dont le résultat est un affaiblissement du pouvoir de l’État, et un éloignement du citoyen des rouages administratifs avec la suppression des départements et le regroupement forcé des communes. C’est la marche forcée vers le fédéralisme avec la disparition des nations et la mise sous tutelle de la démocratie. Là encore le budget de la France est conduit par Bruxelles à introduire cette dépense. Cela mène aussi à la montée des régionalismes qui se voient avec gourmandise dépendre directement de l’UE, signant par là même la disparition de l’État Français. Le Président du conseil régional de Corse espère bien voir de son vivant la Corse autonome. Cette régionalisation est promue par une commission spéciale dite des régions au sein de l’UE. 

Évidemment cette politique imposée par Bruxelles a des conséquences négatives graves. Le chômage ne baisse pas malgré toutes les aides, les mises en formation et les radiations de Pôle Emploi. Nous venons de vivre en décembre et janvier deux mois consécutifs de hausse même si 100.000 chômeurs ont disparu en 2016 pour la catégorie A mais nous en sommes à 3.724.000 demandeurs d’emploi en France métropolitaine en janvier 2017 pour la seule catégorie A. A cette date, en un an nous avons 86.000 demandeurs d’emploi de plus en un an toutes catégories confondues. Le chômage endémique perdure. Mais il n’est que le reflet de notre perte de compétitivité qui plombe notre commerce extérieur qui était de -48,1 Mds sur l’année 2016 alors que l’Allemagne affiche un excédent de +252,4 Mds. C’est désormais 300 Mds qui séparent les économies des deux pays. L’effondrement de notre tissu industriel, en particulier dans les entreprises moyennes, et le décalage monétaire concomitant en sont les causes. L’eurofranc est surévalué par rapport à l’euromark d’environ 25% selon de nombreux experts économiques et de 10% par rapport au dollar.

Quel politicien raisonnable peut-il faire croire qu’un tel écart peut être rattrapé grâce à la productivité et une baisse des charges aux entreprises. C’est 1 ou 2% d’un côté encore possible grâce à des investissements dans un climat de croissance, et la même choses du côté des aides de l’État sur les charges des entreprises. On est loin du compte. Il nous reste à tirer les conséquences de ces constats et de parler de l’idéologie écologique qui va peser lourdement sur le budget national.


Il est des chiffres auxquels les beaux discours politiques 

Ne peuvent échapper sans tromper effrontément

Leurs con…citoyens en désespérance d’avenir. 

La France n’a pas besoin de tous ces…

Moulins à vent qui ne fabriquent 

Que de la poudre aux yeux !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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