60
ans nous séparent de la signature du traité de Rome et nous sommes passés de l’Europe
rêvée à l’Europe cauchemardesque. Le 25 mars 1957 a marqué le fondement d’une
union européenne avec la signature de deux traités :
- traité instituant la Communauté économique européenne,
- traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique.
La
première organisation de type supranational créée fut la Communauté européenne
du charbon et de l'acier, après la signature du traité CECA en 1951 qui faisait
suite à l'Organisation européenne de coopération économique de 1948. Il est à
noter que ce traité de Rome a créé la Communauté Économique
Européenne (CEE),
qui existe toujours et qui comprend tous les pays européens de l’UE plus
la
Suisse, la Norvège et l’Islande. L’histoire officielle nous enseigne que
Robert Schumann, Ministre français des Affaires étrangères, inspiré par
son grand ami
Jean Monnet, commissaire au Plan, a sorti de son chapeau magique, en
1950, une
déclaration qui révolutionnera le paysage politique européen . Mais
depuis un
voile s’est déchiré.
Grâce
à l’ouverture des archives de la CIA, en 2000, Joshua Paul, Universitaire de
Washington découvre un lien étroit entre le Mouvement Européen, organisation
fédéraliste la plus importante d’après-guerre, et l’OSS (Bureau des services
stratégiques), ancêtre de la CIA. En effet, le Comité Américain pour une Europe
Unie (ACUE), créé en 1949, en grande partie composé d’agents de l’OSS, a
financé le Mouvement Européen de Robert Schuman et Paul-Henry Spaak. Les
documents montrent par exemple qu’en 1958 l’ACUE a assuré 53,5 % du financement
de l’organisation. Or chacun sait que c’est le pourvoyeur majoritaire qui
commande. De plus, L’European Youth Campaign, une branche du Mouvement
européen, était entièrement financée et contrôlée par Washington. Son directeur
belge, le Baron Boel, recevait des versements mensuels sur un compte spécial.
Mais
il y a plus clair. En effet, comme l’atteste une note de la Direction
européenne de l’OSS, les fonds
provenaient de Ford et Rockefeller, deux personnalités clés des cercles
mondialistes, ainsi que de milieux d’affaires ayant des liens étroits avec le
gouvernement américain. Il y avait donc bien un pouvoir de pression sur les
instigateurs de la construction européenne. Enfin le rôle de Jean Monnet dans
la création de cette Europe n’est pas anodin. L’homme que le Général De Gaulle
qualifiait de « petit financier à la
solde des Américains » était de l’avis de beaucoup à la solde des hautes
sphères Outre-Atlantique. La construction européenne était un double enjeu du
plus haut intérêt pour les Etats-Unis dans le combat contre le communisme et
l’URSS. D’une part les communautés nationales d’Europe occidentale faisaient
barrage au même titre que les USA contre le bloc communiste, et une structure
commune était susceptible d’empêcher les pays signataires de passer dans le
camp des démocraties populaires. D’autre part les États-Unis voyaient d’un bon
œil la convergence des économies et l’ouverture des frontières européennes, qui
en se tournant naturellement vers les États-Unis, créeraient pour eux une
aubaine économique.
Il
est primordial de savoir que le rêve vendu aux peuples européens était d’abord
une stratégie américaine qu’avait flairée De Gaulle. Évidemment l’avis du
peuple n’a pas été sollicité sinon par voie parlementaire pour signer ce Traité
de Rome. il est donc intéressant de relire aujourd’hui quelques passages du
discours de Pierre Mendès-France, l’un des plus grands hommes d’Etat français.
Il est d’une lucidité étonnante et d’une actualité brûlante :
« Le projet de marché commun tel qu’il nous
est présenté est basé sur le libéralisme
classique du XIXe siècle, selon lequel la
concurrence pure et simple règle tous les problèmes. Dix crises graves,
tant de souffrances endurées, les faillites et le chômage périodique nous ont
montré le caractère de cette théorie classique de résignation. […] Dans le cas
d’une crise économique, il se produira une baisse des salaires allemands, un
dumping de l’industrie allemande contre la nôtre. […] L’harmonisation doit se faire
dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des
avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent
depuis si longtemps, au profit des pays
les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés.
[…]
Nos
partenaires veulent conserver l’avantage commercial qu’ils ont sur nous du fait
de leur retard en matière sociale. […] Il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre
gestion économique. Mais je ne suis pas
résigné à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui
est loin d’être le nôtre. Nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre
liberté de décision. […] Le
mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. L’abdication
d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature
interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une
autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité
la puissance politique, car au nom d’une saine économie, on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire,
sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale
et internationale. »
Cette
lucidité est à rapprocher de celle de Philippe Seguin pour le traité de Maastricht.
Avec le recul on comprend que Pierre Mendès-France ne pouvait pas être longtemps
un personnage politique de premier plan. Les grandes puissances de l’argent,
Rockefeller and Co, ne pouvaient pas accepter un tel déni de leur échafaudage
européen. Il faut noter que c’est un socialiste qui a senti le piège dans
lequel ont foncé ses successeurs dont le plus célèbre d’entre eux, François
Mitterrand, à croire que ce dernier était déjà devenu une marionnette de ces
puissances. Tout ce que Pierre Mendès-France et Philippe Seguin, d’orientations
politiques opposées, ont prédit est en train de se produire. Aujourd’hui à Rome
c’est une réunion qui a plus un caractère d’enterrement que de jubilé. Le Royaume-Uni,
l’une des pièces maîtresses de l’UE, est absente, le divorce est consommé et on
va entrer dans une phase de pugilat sur la redevance de sortie.
Le
repli des nations sur elles-mêmes est enclenché et le déni verbal des
européistes envers les « indépendantistes », affublés de populisme,
de nationalisme, de repli sur soi, etc., ne changera rien. Le Néerlandais ont
infligé déjà une lourde défaite au parti européiste même s’il n’ont pas encore
pris le pouvoir. Il n’est plus
impossible que les français fassent de même en particulier aux législatives.
Avec la politique migratoire d’Angela Merkel en Allemagne, il pourrait en être
de même. Les tractations en cours, pour une zone euro croupion et une mutualisation
des dettes, ne sont qu’un signe de plus que le cœur n’y est plus. On ne rêve
plus, on parle gros sous. La France ferait bien de ne pas attendre que l’Allemagne
donne le coup de grâce à L’UE puisque Tsipras fait jouer à son peuple grec la
partition du chien famélique tendant sa gamelle, partition dont l’Allemagne compte
bien décider de la date de fin.
François Hollande, le majordome de ce
cortège funèbre,
Laissera à la France une triste page de
son histoire
Où le démembrement régional est
enclenché,
Les clés de notre indépendance lâchées
Et où les guerre portées à l’extérieur
Aggravent l’insécurité intérieure,
Le tout pour des puissances
Au service de leur argent !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon