La
seule évocation d’une sortie de l’euro suscite une bronca de répliques des « dépendantistes »,
ceux du Système américano-européen, toutes évocatrices d’une catastrophe
annoncée. Alors ne parlons même pas de la sortie de l’UE. Cela fait plus de
vingt ans que l’on nous berce à la douce mélodie pacificatrice, tournée vers le
bonheur des peuples, la fraternité, le partage, la force de l’union entre des
peuples où les niveaux de vie deviendront comparables, et bien plus encore
grâce à la monnaie unique. Évidemment rien de cela n’est arrivé.
Dès
l’arrivée de l’euro dans les transactions financières, la machine industrielle
s’est mise à stagner après une croissance durant 25 ans et avec des performances
comparables entre les principaux pays de la zone euro : Italie, France, Espagne,
Allemagne. Dès l’arrivée de l’euro dans notre porte-monnaie, les écarts entre
les pays se sont creusés avec une stagnation moyenne de la zone euro. L’Allemagne
s’est mise à distance de plus en plus grande de la zone euro du sud. Pour ceux
qui en douteraient encore, regardez notre déficit de commerce extérieur de 45
Mds€ et
comparez-le à l’excédent de 255 Mds€ de l’Allemagne, soit 300
Mds€ d’écart
sur le solde. On peut de même constater que nous ne respectons même pas les
critères d’admission dans la zone euro à savoir, une dette inférieure à 60% du
PIB, nous allons être à 100%, et un déficit inférieur à 3% prévu seulement en
2017, but que nous ne savons pas si nous allons pouvoir l’atteindre. La
Commission des Finances de l’Assemblée ne le croit pas. Si l’Allemagne ne
satisfait pas encore aux 60% de la dette, elle a désormais un solde budgétaire
positif et peut envisager de diminuer sa dette pendant que nous l’augmentons.
Pourquoi
? Parce que la monnaie est l'expression d'une volonté de vivre ensemble et que
les différents pays Européens ont des priorités sociales et politiques
différentes. Si la France décide d'avoir 40 % de fonctionnaires de plus que
l'Allemagne. c'est son droit mais elle ne peut rester avec un taux de change
fixe avec l'Allemagne, sans foutre en l'air toute son industrie. C’est un
simple constat qui montre une fois de plus que l’UE ne nous a pas favorisés par
rapport à la situation antérieure à l’euro, elle a stoppé une progression de
notre industrie et de notre balance commerciale. Si l’on oublie les constats du
passé pour les promesses de l’avenir, qu’a-t-on d’autres pour nous convaincre ?
Le projet de la peur, celui de la catastrophe annoncée en dehors du chemin
moutonnier de l’appartenance à l’euro et à fortiori de l’UE.
Pourtant
si l’on ressort une étude très sérieuse de Charles Gave, on voit, d’une part un
lien fort entre la marge brute d’autofinancement et le chômage et d’autre part
que depuis 2008, cette marge s’est effondrée entraînant le chômage. La
politique d’austérité montre toute sa force destructrice avec l’impact sur les
petites et moyennes entreprises qui sont les grandes pourvoyeuses d’emplois.
Mais on trouverait la même corrélation très forte entre la marge d’autofinancement
et la dette publique. Plus la marge diminue, plus la dette publique
augmente. Or la politique d’austérité est le crédo et les aides aux entreprises
profitent essentiellement aux plus grandes qui ont par ailleurs de multiples
solutions pour échapper à l’impôt.
C’est
le passé me direz-vous, désormais nous ne sommes plus en 2008 et les surprime
sont derrière nous. Oui c’est vrai, mais la perspective d’une amende de 14 Mds$
a ravivé l’inquiétude des marchés concernant la première banque allemande, la
Deutsche Bank, qui se bat depuis un an dans un profond plan de restructuration.
Mais elle n’est pas la seule, la deuxième, la Commerzbank est aussi en
difficulté et a même été obligée de vendre son siège social. Madame Merkel
hésite entre le « Bail-in » qui veut dire le renflouement des banques
par les actionnaires puis par les détenteurs de dépôts de toutes sortes, les
particuliers et les entreprises, option politiquement suicidaire, soit le « Bail-out »
qui serait le renflouement par l’État qui la mettrait en conflit avec les
statuts européens et ouvrirait la porte aux autres États ayant des banques en
difficulté, comme l’Italie avec Monté Paschi entre autres. Elle serait en
négociation avec le Qatar, comme l’a fait l’Italie où ces négociations ont
échoué. On peut craindre que, si elle obtient satisfaction, la contrepartie
soit l’acceptation d’une augmentation du flux de migrants vers l’UE… qu’elle
sera chargée de convaincre. Mais le mal est assez général sur l’ensemble de l’UE
avec mille milliards de créances douteuses qui ne seront au mieux que très peu
remboursées. En France la Société Générale et le Crédit Agricole sont dans le
collimateur. La situation s’aggrave de jour en jour et le risque systémique d’un
effondrement général devient très proche dans le temps selon les experts.
Si l’UE
était une union à vocation protectrice, la Grèce serait-elle au point de
détresse et de tutelle auquel elle est arrivée ? Les impôts augmentent
sans cesse et les retraites et les salaires baissent. Un préemption immobilière
vient d’être ramenée à quelques mois en cas d’impayés. On trouve ceci dans La
Croix :
« Juste
pour 30.000 euros de dettes restants, Eurobank a procédé à la vente aux enchères
de la maison. 1 contribuable sur 2 est endetté vis-à-vis de l’État grec
notamment à cause de la hausse des taxes immobilières et impôts. Créances
douteuses : 110 milliards d’euros de crédits non remboursés à cause du
chômage et de la crise… Afin de contourner les blocages, le gouvernement
propose de procéder aux saisies sur internet… »
Depuis
la crise de 2008, plus de 800.000 personnes se sont vues confisquer leur bien
immobilier qu’elles ne pouvaient plus rembourser. Elles tentent de s’organiser
face aux créanciers. Mais c’est un engagement de Tsipras auprès de l’UE pour
pouvoir toucher la tranche de l’aide promise. Il s’agit d’un pays de 10
millions d’habitants, mais nos 65 millions amplifieront les dégâts en France.
800.000 en Grèce, c’est 5,2 millions chez nous. Mais pire, de telles
dispositions sont en gestation en France et en Italie. On apprend incidemment
qu’en Bretagne, ce genre de saisie s’est amplifié sous l’effet des taxes.
Le
gouvernement grec a fait voter en 2016, pour le budget 2017, une série de
mesures susceptibles d’amener environ 1 milliard d’euros en taxes
supplémentaires sur les voitures, la TV payante, les téléphones fixes, le
tabac, les carburants, le café, la bière, etc. De plus les salaires et les
pensions seront réduites de 5,7 Mds€ ! Ce nouveau train de
mesures d’austérité lui a été imposé pour pouvoir bénéficier des soutiens de la
Banque Centrale Européenne (BCE). La Grèce, en jetant son peuple dans la
misère, a juste réussi à faire un léger excédent sur son budget primaire (sans
le remboursement des intérêts de la dette), donc la dette ne cesse de s’accroître
et l’UE, Allemagne en tête, se refuse à l’alléger. Le FMI clame pourtant que
cette dette est insoutenable et que le plan d’austérité de l’UE a échoué. La Grèce
continue de s’enfoncer. Il faut arrêter de dire, oui mais la Grèce ce n’est pas
la France. Oui c’est encore vrai, mais après le Portugal, l’Italie s’en
rapproche et après elle c’est nous.
Mais
la pression sur la Grèce ne s’arrête pas là, pression à laquelle nous serons
soumis par répercussion. Il s’agit du flux migratoire auquel la Grèce est
soumise en première ligne. Devant la fermeture de certaines frontières européennes,
même la Suède fait savoir qu’elle est arrivée à saturation avec une délinquance
qui augmente dangereusement, le tri que commence à faire l’Allemagne, la Grèce
n’en peut plus pour satisfaire à l’accueil des migrants alors que l’UE augmente
sa pression dans ce sens. Une idée se fait jour, celle d’exiger que toute
personne ayant une ou plusieurs chambres vides y accueille des migrants,
gratuitement bien sûr et ceci sur toute l’UE. C’est entre 3.000 et 4.000 migrants
par jour qui sont arrivés en Allemagne cet hiver malgré le froid. C’est 6 millions
de candidats à l’immigration qui attendent de l’autre côté de la Méditerranée
et au Moyen-Orient, principalement en Turquie et en Libye. Erdogan tient dans
sa main une grenade dégoupillée, les migrants vers l’UE, et compte bien s’en
servir. Il n’est que de voir avec quel esprit de provocation il a cherché à imposer
son Ministre en campagne électorale aux Pays-Bas malgré le refus qui lui avait
été préalablement signalé par voie diplomatique.
Une
autre évolution se prépare, dont on vient de trouver trace dans le programme de
Benoît Hamon, celui d’un gouvernement économique restreint à quelques pays
volontaires et acceptés où nous mettrions tous nos budgets en commun et qui pourrait
s’appuyer sur une BCE croupion. Ainsi on mutualise tout. De toute évidence ceci
sent la décomposition de l’UE avec les bons ensemble, surtout l’Allemagne, et
les mauvais laissés sur le bord de la route. On sent bien que l’unité est
perdue et qu’on essaie de sauver les meubles dans une UE croupion pour sauver
le fédéralisme que les peuples vont rejeter les uns après les autres. Les
Benoît Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon, non seulement ne pourront
échapper aux directives de l’UE issues des Grandes Orientations de la Politique
Européenne (GOPE), mais ils nous conduisent droit dans le mur avec une
politique d’austérité de toutes façons imposée, à l’Allemande, dont les ravages
se font sentir dans tous les pays méditerranéens.
Alors
où est la catastrophe ? Dans l’UE ou hors d’elle ? Au pire, pour les
hésitants c’est la catastrophe assurée et prouvée dans son cheminement depuis
2002 et particulièrement depuis 2008 en restant dans l’UE, et un espoir de
redressement en sortant. Cet espoir les britanniques l’ont saisi et on ne peut
pas dire qu’ils sont en train de sombrer. Les hauts savoyards vont travailler
en Suisse quand ils peuvent et nous voudrions bien avoir leur PIB/habitant
comme celui de la Norvège, pays de l’Espace Économique Européen mais hors UE.
Réfléchissez et parlez-en autour de vous, la France est en danger de
disparition et de mise en servage.
La France est soumise depuis quarante
ans à un chantage éhonté
Pour nous faire croire qu’une Union
Européenne créée
Avec le soutien américain des banquiers
et lobbies
A pour but de nous procurer un mieux
vivre !
Les médias nous maintiennent ainsi
Dans une même attitude béate
En agitant le hochet de la peur !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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