Les
élections départementales ont été largement nationalisées dans un combat contre
le FN. Cela a eu comme conséquence d’occulter trop souvent le poids personnel des
candidats tout en ne permettant aucun débat d’idées sur les problèmes nationaux
de notre pays. Il s’en est suivi que les principaux partis, dits de
gouvernement alternatif, ont perdu le poids que pouvait représenter l’ancienneté
et la qualité de leurs candidats face à des candidats du FN souvent beaucoup
moins expérimentés. Ce fut pour eux une erreur tactique majeure. Le choix de la
nationalisation du débat a été fait pour stigmatiser le FN sans qu’aucun débat
ne soit ouvert sur notre perte de puissance économique et sur la sortie de l’euro.
Ces sujets sont les échecs des politiques de l’UMPS et leur angoisse du débat les
condamne à manipuler la peur faute d’arguments, puisque les faits ne viennent
pas conforter leurs choix. Il faut, soit éviter d’en débattre, soit rester au
niveau théorique du « l’Union fait la force », ce qui ne nécessite
aucune démonstration.
C’est malheureusement cette peur des
politiques de devoir avouer leur échec qui paralyse tout débat sur un sujet
majeur dans la zone euro et particulièrement en France. La politique d’ « Euro-austérité »
qui est infligée à des pays du sud, incapables de l’assumer, nous atteint
aussi. La France ne décolle pas malgré des facteurs exogènes particulièrement
favorables avec l’euro faible par rapport au dollar, le prix du pétrole au plus
bas et des taux d’emprunt qui vont bientôt flirter avec des taux nuls voire
négatifs. Pire même en matière de croissance, la France recule par rapport à la
moyenne européenne où elle se situait encore l’an dernier. Les extrêmes gauche
et droite, souverainistes compris, se rejoignent dans le constat.
La politique
d’austérité que nous impose l’UE, pour ne pas dire l’Allemagne, n’est en fait
appliquée que dans le sens d’une dévaluation interne. L’Etat et les entreprises
bloquent les salaires, les prestations sociales et les retraites. L’Etat espère
ainsi faire des économies et les entreprises retrouver de la compétitivité. C’est
bien de dévaluation interne dont il s’agit. Ceci amène trois remarques. La
première est que depuis 2009, année charnière, cela ne marche pas puisque nous
nous endettons sans réindustrialiser notre pays, sans retrouver la croissance
et sans équilibrer notre balance du commerce extérieur.
La seconde est que la dévaluation
interne bloque la consommation des ménages et entraîne une baisse de la
production de nos entreprises. Elle diminue aussi l’achat de biens importés,
donc l’importation, favorisant l’équilibre import-export. Elle augmente aussi la
compétitivité à l’exportation par la baisse des salaires. Mais pour cette
dernière il faut néanmoins noter qu’une baisse des salaires de 1% ne se
répercute pas intégralement sur la compétitivité, pas plus que la baisse du
pétrole. C’est ce que nous observons. Notre compétitivité n’augmente pas dans
cette proportion et laisse nos exportations sans progrès notable tout en
diminuant nos importations. Le tout se traduit par une légère baisse du déficit
du commerce extérieur qui n’est pas équivalente à celle produite par une
augmentation des exportations supérieure à celle des importations. La première
est une baisse d’activité économique, la seconde une hausse.
La troisième
remarque est que l’augmentation de compétitivité par la baisse relative des
salaires est sans commune mesure avec le handicap que nous avons avec le monde
asiatique par exemple, ou avec la baisse de l’euro par rapport au dollar. La
dévaluation interne en tant que telle n’apporte une amélioration de notre
compétitivité que par rapport à la zone euro. Son impact est néanmoins faible
voire négatif si nous commerçons avec des pays de la zone euro qui pratiquent
une dévaluation interne supérieure à la nôtre, comme les pays du sud. Or 50% de
nos exportations se font en zone euro. L’avantage actuel de notre pays dans la
mondialisation ne se trouve que dans la zone dollar, non pas grâce à la
dévaluation interne mais à cause de la dévaluation de l’euro. Ceci avantage significativement
par exemple Airbus dans son combat avec Boeing mais cela a peu à voir avec le
bénéfice de la dévaluation interne sur la compétitivité. On n’est pas dans les
mêmes proportions d’impact. Les stratégies dites de « dévaluation
interne » se sont révélées à la fois très coûteuses d’un point de vue
social en Europe, et largement inefficaces d’un point de vue économique. Elles
ont plongé une partie de l’Europe dans la trappe de
« l’Euro-Austérité ».
L’avantage
décisif ne peut se trouver que dans la dévaluation externe, or l’euro nous
empêche toute dévaluation. Elle joue alors sur l’ensemble de nos exportations
qui bénéficient d’un avantage immédiat, proportionnel à l’ampleur de la
dévaluation. Elle a aussi l’avantage de diminuer le renchérissement de nos
importations en réorientant une partie de celles-ci vers une production
interne. L’augmentation du coût des importations est progressivement compensée
par une diminution du nombre de biens importés. Il y a donc bien la nécessité d’ouvrir
enfin un débat sur la sortie de l’euro. Le débat a désormais lieu dans de
nombreux pays de la zone Euro, comme en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en
Italie… mais pas en France !
La rigueur de gestion
des dépenses publiques peut cohabiter avec une dévaluation externe. Elle doit
être essentiellement orientée vers le gâchis, les lourdeurs inutiles de la
législation et des rouages administratifs au profit de l’investissement public plutôt
que sur l’aide directe aux entreprises. Par contre maintenir une fiscalité au
niveau des autres pays européens permet d’ajuster les recettes et les dépenses
possibles. Mais la rigueur ne peut faire face à un manque de compétitivité
important dû à la monnaie. Seule une dévaluation interne peut le faire. Il ne
faut pas craindre un réajustement général en cas de disparition de la zone euro,
chaque pays finira par trouver sa juste place. Le perdant sera l’Allemagne dans
un premier temps mais elle s’est engraissée sur le dos de l’euro depuis sa
création, ce qui n’enlève rien à son mérite de gestion rigoureuse. Elle ne peut
continuer ainsi car elle finirait par ne plus pouvoir se nourrir sur les pays
dépecés, sauf de s’en servir pour conquérir de nouveaux marchés. L’hégémonie
allemande a laissé des traces dans l’histoire.
La France est cigale et l’Allemagne est
fourmi
Mais celle-ci a englué la France dans l’euro.
La cigale alourdie ne peut plus suivre.
L’Allemagne s’engraisse sur nous.
Nous partageons les restes !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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