Une
nouvelle ministre veut dire une nouvelle loi sur l’enseignement. Il en est
ainsi depuis quarante ans. Mon âge et le suivi de la scolarité de mes enfants
et petits-enfants me permettent de l’affirmer, notre enseignement va de mal en
pis. Les statistiques internationales ne viennent que corroborer cette vision
forcément subjective. Les nouveaux programmes d’enseignement se succèdent…pour
accompagner une descente vers la médiocrité. A tout seigneur, tout honneur, la
première innovation destructrice fut la méthode de lecture globale, responsable
de dyslexie et de dysorthographie. Le recul sur l’apprentissage par tous de la
lecture venait de débuter même si une méthode mixte, plus syllabique que
globale a finalement été enseignée. Tout a commencé réellement après mai 68, le
temps que son impact se fasse sentir sur le rapport élève-enseignant et que la
recherche de la nouveauté s’impose comme une indispensable évolution. Il se
trouve que mon aîné entrait en sixième à cette époque de 1970. Que s’est-il
passé ?
Dans le rapport élève-enseignant un
tutoiement s’est progressivement introduit chez un certain nombre d’enseignants.
Le phénomène n’étant pas général, un clivage s’est introduit dans le milieu
enseignant. Puis certains dogmes ont été remis en cause, celui de l’orthographe
par exemple. Inquiets du nombre de fautes d’orthographe faites par notre fils,
nous nous en sommes inquiétés auprès du professeur principal. La réponse fut
catégorique : « Arrêtez de l’ennuyer avec ça, on va bientôt passer à
l’orthographe phonétique. » Manière de se débarrasser des parents ou pas,
il faut reconnaître que ces propos étaient prémonitoires des SMS de nos jeunes
du style : « ké ke tu fé ». Ce fut aussi la grande arrivée de l’anglais
parlé, enseigné à base de séance de magnétophones permettant de voir les
enfants époustoufler leurs parents avec un accent proche de celui de la BBC dès
les premières leçons. Les verbes irréguliers et la grammaire furent rejetés au
second plan. C’est ainsi que l’on a eu des ingénieurs qui ne lisaient plus l’anglais
correctement alors qu’ils avaient
souvent à le faire mais avaient très peu d’occasions de le parler.
Ce fut ensuite l’arrivée des maths
modernes que les enseignants n’avaient pas appris eux-mêmes et qu’ils avaient
grand mal à enseigner, sans parler des parents devenus incapables d’apporter
une aide. Si cet apport donnait un squelette des maths beaucoup plus cohérent
et plus ouvert pour des études supérieures, il n’avait aucun intérêt ni pour
les élèves s’orientant vers d’autre types d’études ni pour ceux qui quittaient
le lycée en troisième. Ce fut le même scénario avec l’arrivée des ordinateurs
portables et des enseignants mal ou pas informés. Beaucoup de temps et d’argent
furent dépensés en pure perte. Pendant que dans un certain nombre de lycées la
désorganisation d’après 68 faisait son œuvre, avec un laxisme rapidement pris
en compte par les élèves, la drogue pointait son nez et le rapport avec le sexe
commençait à introduire des écrits à la porte des lycées sur la masturbation.
Ce n’était déjà plus l’époque bénie que
j’avais connue où à la sortie de la troisième on pouvait postuler pour un
emploi dans une banque et à un poste d’enseignant stagiaire du primaire après
le baccalauréat. L’enseignant était respecté et les parents lui donnaient
raison avant de le faire pour leur progéniture. Ces derniers ne se mêlaient pas
de tout dans les programmes, la manière d’enseigner, le fonctionnement interne,
etc. L’enseignant ne craignait pas d’être désavoué aussi par le chef d’établissement
qui connaissait le métier et n’était pas un simple administratif comme on le
veut aujourd’hui. Etait-ce bien ou mal ? La réponse peut être nuancée sur
le plan d’une osmose nécessaire entre enseignant, parent et élève mais, sur le
plan des résultats scolaires, ceux-ci étaient indubitablement meilleurs. Tout
élève rentrant sur examen en sixième savait lire correctement, faisait moins de
5 fautes d’orthographe, les fractions n’avaient pas de secret pour lui. Il en
était de même pour ceux qui étaient dirigés vers le Certificat d’Etudes en fin
de scolarité, car on ne connaissait pas le Collège unique.
Les
choses étaient claires. Le Certificat d’Etudes poussait vers les métiers
manuels où l’on trouvait rapidement du travail. Le lycée dirigeait vers les
études supérieures. Le primaire donnait le bagage suffisant pour exercer un
métier manuel comme apprenti puis ouvrier et peut-être patron avec une connaissance
culturelle de base de la géographie de notre pays, de son histoire, de la
laïcité et de la démocratie. Chacun trouvait sa voie et le manuel avait autant
de chances de réussite professionnelle que l’intellectuel. Les fondamentaux de
l’enseignement, savoir lire, écrire et compter étaient acquis dès la fin du
primaire pour les moins doués. Les classements ne heurtaient personne et le bon
élève était récompensé, le mauvais encouragé. On n’avait pas 17/20 en 5ème
avec 7 fautes d’orthographe comme je l’ai vu récemment. On ne connaissait pas
les notations A, B, C puis A+, B- etc. Le tri des capacités intellectuelles ne
se faisait pas en première année de faculté après un bac donné à 80% des
élèves. Ceux-ci étaient triés depuis le primaire mais les portes de sortie
existaient jusqu’en seconde pour des enseignements plus professionnels.
Tout cela c’était
avant et on ne peut nier que la société et l’environnement, dans lequel elle
baigne, ont changé. Il faut évoluer certes mais toute évolution doit être
prudente, progressive et ne pas rejeter ce qui a marché sous prétexte que l’on
va faire mieux. Le code Napoléon existe toujours, et l’on n’a fait que l’adapter.
La dernière évolution proposée tombe dans ce travers et oublie que le but de l’enseignement
est de préparer au mieux notre jeunesse à exercer un métier. Cela nécessite des
connaissances de base pour en acquérir d’autres et avant de pouvoir réellement
en discuter et s’en servir. On reste sur cette erreur fondamentale d’une
pédagogie qui veut faire découvrir à l’élève seul ou en groupe ce qu’autrefois
on s’ingéniait à lui enseigner et à lui faire utiliser ensuite. On perd ainsi du temps et on le disperse
en plus dans des connaissances, certes non futiles, mais qui rognent en
permanence sur celui de l’acquisition des fondamentaux, qui sont nommés ainsi
parce que l’on ne peut pas s’en passer pour acquérir les autres connaissances.
Les
réformes succèdent aux réformes, mais elles n’amènent que des résultats
décevants non pour les plus doués mais pour ceux qui n’ont ni les capacités ni
les envies d’un enseignement les conduisant à un bac dévalué. Les sorties du
lycée sans diplôme n’ont jamais été aussi importantes. Les possesseurs d’un bac
n’ont jamais été aussi nombreux à ne pas pouvoir faire un cursus universitaire
réussi et les diplômés n’ont jamais eu autant de difficultés à trouver un
travail. Par contre de nombreux métiers manuels ne trouvent pas de personnel à
embaucher et même souvent les formations n’existent pas. La course au nombre, à
la justice sociale, a fait oublier que là comme ailleurs le mérite fait le tri
entre les individus et cela pendant toute leur vie. On a oublié qu’un artisan
sans diplôme peut mieux réussir qu’un infirmier diplômé. On a oublié que le
berger peut continuer à s’instruire sur le développement durable en gardant ses
moutons mais que pour cela… il lui faut savoir lire !
Former sa jeunesse est la tâche la plus
importante
De l’Etat et de tous les parents citoyens.
La rater c’est faire sombrer le pays
Lentement mais sûrement !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire